Il y a maintenant dix ans, l’autrice nigériane Chimamanda Ngozi Adichie produisait un texte intitulé We should all be feminists. Un discours qui a fait date, mais qui est aujourd’hui un peu daté.
Avant d’être un slogan apposé sur les t-shirt hors de prix d’une marque de luxe française, We should all be feminists traduit au masculin en français et sous forme impérative Soyons tous des féministes, était le titre d’une conférence TEDxEuston donnée par Chimamanda Ngozi Adichie en décembre 2012. Invitée à participer à un colloque annuel consacré à l’Afrique, l’autrice choisit d’y parler de féminisme à une époque et dans un continent où le mot fait encore peur.
J’avais environ quatorze ans. […] Le sujet de la polémique m’échappe aujourd’hui, mais je me souviens du regard d’Okoloma tandis que j’affûtais mes arguments et de sa remarque : « Tu es une féministe, tu sais ». À en juger par son ton – celui qu’on emploierait pour accuser une personne de soutenir le terrorisme -, ce n’était pas un compliment.
Soyons tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie
Au grand mot les grands remèdes
Dans ce petit livre, l’autrice d’Americanah se concentre essentiellement sur son expérience personnelle. Avec sa soixantaine de pages (contrainte imposée par le temps du discours), le livre ne développe pas de pensée historique ou de contextualisation profonde. Elle y raconte diverses expériences de discrimination qu’elle à vécu. De l’école, à son cercle d’ami·es proches ou auprès de ses élèves, elle explique que les discriminations sont rarement questionnées. Il s’agit d’une approche personnelle intéressante pour un résultat cependant un peu décevant. La succession de faits racontés dépasse rarement l’anecdote. Mais c’est peut-être grâce à cette simplicité que le message de l’autrice a autant été relayé. En collaborant avec Beyoncé (sur le titre « ***Flawless » en 2013) ou avec ENNY l’année dernière, l’écrivaine sait aujourd’hui faire entendre sa voix.
Si les chefs de classe ne sont que des garçons, nous finissons par penser, même inconsciemment, que c’est inévitable. Si nous ne voyons que des hommes occuper les postes de chefs d’entreprise, nous en venons à trouver « naturel » que les hommes soient les seuls à être chefs d’entreprise.
Soyons tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie