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Rencontre avec Gasoline – « On a cet amour du rock n’roll brut et blues »

Rencontre avec Gasoline
© Guillaume Nothin

Gasoline, duo de rock pur, nous présente leur premier effort sulfureux, The Orange album. Sorti le 28 janvier dernier, les deux Français font revivre à coup de mazout bien gras le meilleur du garage et du rock des années 60-70.

Thomas Baignères (chant, guitare), connu pour ses groupes Spark, Flare Voyant ou encore les Darlings, et Théo Gosselin (batterie), surtout reconnu pour sa photographie aux influences seventies, forme le brûlant duo Gasoline. Ne cachant pas leurs influences, que ce soit par leur musique ou leur façon de s’habiller, les deux amis nous font hurler -à coup de guitare blues rempli de distorsions et rythmes lourds- leur amour pour le rock sixties et seventies.

C’est d’ailleurs près de La Cigale, salle de concert mythique de Paris, que nous avons pu rencontrer l’une des moitiés de Gasoline : Thomas Baignères. Après avoir commandé une bière, car ils se sont promis de se faire représenter par le fait d’en commander une si l’un d’eux était absent, nous remontons le temps. Dérives nostalgiques, rock culture et amitié forte sont les points durs de cette rencontre blues et rock n’roll. À nos baguettes, one, two, three, four !

Est-ce que tu peux nous expliquer ta rencontre avec Théo  ? Et qu’est-ce qui vous a amené à créer Gasoline  ?

Avec Théo, on avait pas mal d’amis en commun. C’était à une fête à Amiens où je l’ai rencontré pour la première fois. Je me souviens de lui, nu, en train de jouer de l’harmonica dans une maison où tout le monde était nu d’ailleurs. C’était très hippie. On a mis beaucoup de temps avant de devenir amis et de rentrer vraiment en contact. Puis on est parti à Londres ensemble. Il est venu voir le groupe avec qui je chante en Angleterre qui s’appelle Flare Voyant et c’est là qu’on a commencé à devenir amis et à boire des verres ensemble.

Puis il m’a toujours dit «  le jour où j’ai un local de répète j’aimerais former un duo de rock n’roll avec toi  ». Donc c’est comme ça que ça s’est fait. On avait pleins d’amis et un entourage communs, mais on est rentré vraiment dans le dur quand on a commencé à répéter tous les deux ensemble.

Pour la création de Gasoline, au départ, on avait une première répétition avec un bassiste et un clavier et Théo m’a dit très rapidement qu’il voulait aller à l’essentiel. Donc on a réduit les effectifs à deux personnes. Je pense qu’avec Théo on a vraiment le truc simple et efficace, c’est-à-dire qu’on ne veut pas innover dans la musique, mais on veut, évidemment créer, mais créer sans gêne d’avoir des références aux années 60-70, aux Anglais, aux Américains. On a ce côté où on va droit au but, à l’essentiel, très rapidement, simple et efficace.

On a ça en commun et cet amour du rock n’roll vraiment brut et blues. Et ça se marie assez bien, car Théo vient plutôt du grunge, du punk, du hardcore alors que moi je viens plus du blues, rythm n’blues, des 60’s et 70’s. Donc l’alliance des deux fonctionne plutôt bien et de manière complémentaire.

Mais du coup, d’où vient ton amour pour le rock n’roll ? Et quand as-tu commencé à jouer de la musique ?

Mon père était fan des Stones. Il m’a initié aux Stones et aux blues men qui les ont inspirés. Donc Muddy Waters, John Lee Hooker, Chuck Berry, … Et un jour ma mère m’a donné le choix entre faire des cours de guitare ou des cours de basket. Et là, j’ai commencé la guitare. Je me suis dit que j’allais pouvoir faire de ma passion quelque chose. Donc de là, formation du premier groupe et on ne trouvait pas de chanteur donc j’ai commencé moi-même à chanter. Ça a été une vraie révélation pour moi. Quand on commence les groupes, on est au début dans l’imitation puis le style devient de plus en plus personnel.

Tu aurais aimé vivre dans les années 70  ?

Oui et non. Oui parce qu’évidemment, c’est ma période favorite, et en même temps je ne suis pas nostalgique, car si on avait été dans les années 70 on aurait été noyé dans la masse. Alors qu’aujourd’hui, ça ressort un petit peu du lot, notre musique.

Revenons sur l’album, pourquoi l’avoir appelé The Orange Album  ? Qu’est-ce que ça signifie  ?

Théo aurait pu répondre à la question mais il n’y a pas de signification véritable si ce n’est que le prochain album sera The Green Album. Donc il y a une thématique de couleurs. Quand on joue sur scène on a des rideaux oranges par exemple. Donc voilà, c’est un choix esthétique que tout tourne autour de la couleur orange pour le premier album.

Tu me parles du prochain album, est-ce qu’il y a déjà des titres enregistrés  ?

Oui, on a déjà enregistré quatre chansons. Nous les faisons par petite session. On va en refaire quatre autres bientôt et je suis très content de ces nouvelles chansons et de la manière dont ça sonne. On va faire trois sessions contrairement au premier qu’on a enregistré d’une traite sans réfléchir.

Est-ce que tu peux nous parler de votre single Hey Boy, cassure folk et ode à l’amitié  ?

Notre ami, qu’on avait en commun avec Théo, qui s’appelait Hector, s’est suicidé il y a maintenant 4-5 ans. C’est clairement une chanson en son hommage. Donc il y a le «  hey boy  » et le «  hector  ». On a essayé de faire un hommage implicite. Dans le clip, c’est toute l’histoire de Thibault, qui était le meilleur ami d’Hector, et qui retrace le chemin qu’ils avaient fait aux États-Unis ensemble sauf que lui n’est plus là.  Un moment, il allume deux cigarettes dans le van avec donc une en souvenir de son pote décédé, symbolisé par la présence de ce perfecto. Après les gens ne connaissent pas forcément l’histoire du clip et peuvent imaginer complètement autre chose.

Dans l’album, vous parlez donc d’amitié mais aussi d’amour comme sur Feel The Love. Est-ce que pour toi ce sont deux sentiments compatibles  ?

Peut-être ou peut-être pas. Mais je vais aller un peu plus loin dans cette réflexion. Je pense qu’on peut parfois avoir un amour pour quelqu’un sans qu’il y ait pour autant de connexion physique avec la personne. Donc une relation amoureuse non physique, non concrète et à côté une relation à l’inverse avec une autre personne mais qui n’est pas une relation amoureuse. Je m’égare un petit peu mais voilà ce que m’inspire la question (rires).

Tu nous parlais de ton groupe Flare Voyant, tu as eu aussi d’autres groupes, ton premier qui s’appelait Spark puis il y aussi les Darlings. En quoi Gasoline est différent de tes anciennes formations  ?

Alors Gasoline n’est pas si différent du Spark dans le sens où je compose et j’écris de la même manière, mais reste différent, car on est deux et non quatre. Sur les autres projets, je suis un peu comme un mercenaire. Par exemple, dans Flare Voyant je n’écris pas et je ne compose pas. C’est Rodrigo, le guitariste qui vient du Brésil et qui vit à Londres, qui fait tout et où moi je viens chanter. Les Darlings, j’écris, mais je ne compose pas. C’est au service d’une esthétique qui est plutôt garage sixties.

Alors que Gasoline, on écrit et on compose ensemble avec Théo. Donc c’est peut-être le projet le plus personnel qui me rappelle l’époque du Spark parce qu’ on a pas de limite de genre. C’est à dire qu’on peut faire du blues, du garage, du sixties, du seventies, de l’anglais ou encore du ricains. On est pas enfermé dans un style. Évidemment on est dans celui du rock n’roll au sens large du thème mais on est touche à tout. On a aucune limites et ça c’est assez cool.

En référence aux titres Whisky and Sangria et New Pill In Town, pourquoi la drogue reste toujours un des grands thème du rock n’roll  ?

Moi, je suis mal placé pour en parler, car je n’ai jamais pris de drogues (rires) mais je pense qu’il y a quand même un truc commun à toute rock star autour de ça. Ça peut être aussi l’alcool comme sur Whisky and Sangria où c’est l’histoire d’un gars qui dit que tu devrais mieux fumer plutôt que de boire. Un truc un peu à la con. Il ne faut pas se cacher que dans les chansons de rock n’roll, c’est des trucs à la con souvent. Et dans le blues, c’est des trucs simples. Il y a une esthétique du rock n’roll. Pour New Pill In Town, c’est un texte d’Emmanuel Solotareff qui a écrit 2-3 chansons de l’album. Mais sinon oui ces chansons ramènent tous les clichés qui vont avec le rock n’roll.

Tu as été éduqué par les Rolling Stones comme tu nous le disais plus haut, mais aussi par le blues américains. Si tu devais choisir entre le rock anglais et le rock américain, tu choisirais quoi  ?

Je choisirais le rock anglais pour les Kinks, les Small Faces, The Who, tout le courant mods en fait. Là je site les plus connues, mais je pourrais te citer 12 000 groupes garages inconnus et ça, ça m’a vachement branché un peu plus tard que les Stones et les bluesmen. Le mouvement mods aussi, car j’adorais l’appartenance à un clan, à un groupe même si je ne suis pas mods au premier sens du terme, mais le mouvement m’a beaucoup intéressé.

L’esthétique des seventies vous suit jusque dans vos clips et dans votre façon de vous habiller. Qu’est qui vous fascine dans l’ancien  ?

Quand je voyais les Stones et que je regardais leurs fringues, j’avais envie de trouver les mêmes et m’habiller comme eux. On essaye de faire revivre cette esthétique, mais avec une approche plus moderne. Puis sur scène, je joue sur une vieille Gibson de 77 ES335 et on a des amplis Orange qui sont modernes, mais à l’esthétique et au son rétros.

Qu’est-ce que tu penses sinon du rock d’aujourd’hui  ?

Il y a des mecs supers comme tous les projets de Jack White, les groupes comme The Kills ou encore les Arctic Monkeys aussi. Jack White c’est un fou de blues. Il a modernisé le blues pour en faire un truc actuel.

Et pour finir, ton morceau culte de rock  ?

Je dirais Can’t You Hear Me Knocking  des Rolling Stones. C’est imparable. Il y a quelque chose d’instinctif, de rythme, de riff qui transperce et qui véhicule vraiment l’esprit rock n’roll.

Gasoline jouera le 4 mars au No Pi à Paris, le 25 mars au Mac Daids au Havre, le 4 juin à La Grange à Creil et du 5 au 7 août au festival Celebration Days à Clermont de l’Oise.

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