CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2021 – « Rien à foutre » : La mélancolie d’Adèle

Rien à foutre - Copyright Condor Distribution
Rien à foutre - Copyright Condor Distribution

SEMAINE DE LA CRITIQUE – Dans Rien à foutre, Adèle Exarchopoulos interprète une hôtesse de l’air désabusée, confrontée au deuil de sa mère.

Vol après vol, Cassandre enchaîne les jours qui se ressemblent et les soirées sans fin. Elle est sans attache, esseulée par les amours d’un soir à chaque atterrissage. Wing, la compagnie low-cost où elle travaille, tient d’une main de fer ces va-et-vient constants. La pression des chiffres pèse sur les équipes, poussées à vendre et travailler toujours plus.

En plus du labeur quotidien et des avertissements de ses supérieurs sur son comportement, Cassandre doit également faire face au décès de sa mère. Tuée dans un accident de voiture, l’absence de cet être cher emprisonne la jeune femme dans une monotonie et un refus de construire sa vie.  

Rien à foutre est tourné comme un documentaire, et maintient en permanence une distance vis-à-vis du personnage. Il en va de même pour le son, qui pose le spectateur en voyeur, comme s’il écoutait des conversations qu’il n’était pas censé entendre. Ce choix atteint très vite ses limites. La distance installée par cette mise en scène empêche de s’approcher dans l’intimité de Cassandre pour y découvrir ses doutes et sa douleur. En l’observant de loin, elle reste finalement une étrangère. 

Sans ambition, sans envie, et finalement sans but, Cassandre semble errer inlassablement, se complaisant dans une forme de souffrance. Si sa situation amène bien sûr de la compassion, ce voyage sans destination, imaginé par Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, laisse le spectateur de côté. Elle en a rien à foutre, comme l’indique le titre. Mais elle ne se libère pas, et s’enferme plutôt dans une apathie qui l’encage. L’ennui de Cassandre s’installe au passage dans la salle.

Adèle Exarchopoulos ne surprend pas dans ce rôle d’hôtesse mélancolique et immobile, mais elle l’incarne avec justesse. La comédienne propose une interprétation très humaine, accompagnée de la jeune Mara Taquin, déjà vue dans Hors-Norme d’Eric Toladeno et Olivier Nakache. Leur complicité ne parvient malheureusement pas à sauver de l’ennui.

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