CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2021 – « Entre les vagues » : Âmes sœurs

Entre les vagues © KMBO
© KMBO

QUINZAINE DES RÉALISATEURS – Après le projet multi-média auto-produit Heis (long-métrage, série et installation artistique) puis la série documentaire Dans la jungle avec un petit couteau à beurre co-réalisée avec Alexandre Desane, Anaïs Volpé présentait son deuxième long-métrage Entre les vagues, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Une puissante ode à l’amitié, fougueuse et passionnée.

Voyager sans quitter Paris. Rêver d’être en haut de l’affiche. S’aimer entre les vagues, contre les vents et marées de la vie. Margot (Souheila Yacoub) et Alma (Déborah Lukumuena) tentent de se faire remarquer lors d’une audition pour un seul en scène. Elles ont presque trente ans et convoitent les planches du théâtre. Quand la metteuse en scène choisit Alma pour le rôle et Margot pour être sa doublure, leur amitié reste intacte. Jamais elles ne se tireront vers le bas, bien au contraire. Les deux jeunes femmes incarnent une jeunesse combattante qui n’abandonne pas ses désirs. Anaïs Volpé poursuit, avec ce conte de sororité puissant, les thématiques autodidactes et créatives abordées dans le projet Heis puis dans la série documentaire co-réalisée avec Alexandre Desane, Dans la jungle avec un petit couteau à beurre consacrée à ces personnes talentueuses qui osent aller au bout de leurs projets sans passer par les sentiers classiques.

Margot et Alma, ce sont deux âmes qui se sont choisies. Ensemble, sur le même radeau, elles s’en vont braver les vagues imposées par la vie – la jalousie, les mensonges, la maladie. Ensemble, elles vont raconter une histoire : la leur et celles qu’elles jouent sur scène. Leur amitié se mêle à ce récit de déracinement new-yorkais. Pour cela, la réalisatrice a travaillé avec un chef opérateur américain, Sean Price Williams, pour intercaler des séquences de la ville dans la narration originelle parisienne. Le Paris qu’elle filme est aussi vivant que ses personnages. La capitale est filmée du point de vue d’une jeune femme vivant à Paris depuis plusieurs années mais n’y ayant pas grandi. Anaïs Volpé y montre toute l’énergie de cette jeunesse parisienne à travers les deux héroïnes, mais aussi la bande de comédien.nes qui les entoure dans une belle mise en abyme – composée d’ailleurs de proches de la cinéaste comme Alexandre Desane ou Matthieu Longuatte.

Du rire aux larmes, Anaïs Volpé nous fait embarquer – par son sujet et son montage rythmé – dans une tempête d’émotions au plus près de Margot et d’Alma et de ce qu’elles traversent. Par la puissance de ce conte d’amitié mêlant l’intime à l’universel, elle s’affirme de nouveau comme une cinéaste à suivre de très près. Elle replace sur le devant de la scène l’aspect artisanal du septième art et touche les spectateurs.ries en plein cœur.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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