En filmant l’histoire d’une jeune fille confrontée au divorce de ses parents, Axelle Ropert signe un beau film sur l’adolescence, et révèle une actrice de talent : Jade Springer.
Axelle Ropert est une cinéaste subtile. En seulement quelques films (La Famille Wolberg, Tirez la langue, mademoiselle, La Prunelle de mes yeux), l’ancienne critique de cinéma a brillamment réussi à se faire une place dans le paysage du cinéma français. Ses particularités ? Un cinéma raffiné, des dialogues ciselés et des comédiens aussi précis qu’élégants. Son nouveau long-métrage, le très subtil Petite Solange, ne déroge pas à la règle.
Soit l’histoire justement de Solange, 13 ans, une adolescente sentimentale et idéaliste. Ses héros à elle se nomment Aurélia et Antoine, ses parents. Mais ces derniers se disputent un peu trop souvent. Jusqu’au jour où ils se rendent compte que le divorce est la seule issue possible. Refusant cette situation, Solange va tout faire pour que cela ne se produise.

Rarement un film aura aussi bien montré la question du divorce à travers le regard d’un enfant. Ici, tout est filmé du point de vue de Solange. Le spectateur est d’emblée confronté, lui aussi, à la fin d’une histoire d’amour. Événement d’autant plus triste que les premières scènes montrent un couple encore complice (par rapport à ses enfants, ses amis) et semblant nager dans le bonheur. Mais tout ceci ne sont que des apparences. Aurélia est comédienne, donc la dissimulation, c’est quelque chose qu’elle connaît. D’une facture plutôt simple, Petite Solange est néanmoins un film tout sauf anecdotique. Axelle Ropert privilégie le hors champ à de nombreuses reprises. Un dispositif de mise en scène particulièrement judicieux notamment dans cette scène où Solange, face à l’inéluctable, tente de se suicider en se jetant dans un fleuve. Un simple plan sur son écharpe en train de flotter nous montre ce qui vient de se passer.
L’art de la suggestion
C’est certainement l’un des grands atouts de Petite Solange. Comme c’était le cas dans ses précédents films, Axelle Ropert ne surligne pas à gros traits les différents éléments du scénario. Le spectateur est actif et libre de se faire sa propre opinion. Intense (notamment dans cette scène de repas à la fin du film montrant la famille en train de quitter la maison dans laquelle elle a vécu pendant de nombreuses années), le long-métrage d’Axelle Ropert bénéficie d’un casting de choix, à l’image des toujours excellents Léa Drucker et Philippe Katerine, en couple usé par le poids des années. Mais surtout, la vraie révélation du film a un nom : Jade Springer. Petite Solange est le premier long-métrage dans lequel elle tourne et qu’elle irradie de sa jeunesse et de sa grâce. Le premier d’une carrière marquée l’an prochain par un César du meilleur espoir féminin ? Les paris sont ouverts.