LITTÉRATURE

« Secrets boréals » – Meurtre, mystères et nature canadienne

Secrets Boréals
© Le mot et le reste

Le polar Secrets boréals arrive, tout en peignant des décors saisissants, à maintenir ses lecteur·ices en haleine jusqu’à des révélations peut-être trop prévisibles.

Secrets boréals est le quatrième roman de Anna Raymonde Gazaille, née au Québec et vivant à Marseille, et le premier à paraître en France. Un polar haletant entre le soleil brûlant d’un désert inconnu et le froid rude de la forêt boréale québecoise. Un roman qui n’arrive pas tout à fait à surprendre, malgré le tissage d’une polyphonie narrative inhabituelle.

Un polar classique

Le roman s’ouvre par la découverte sordide d’un cadavre d’adolescente. La maîtrise des codes du polar par Anna Raymonde Gazaille entraîne le·a lecteur·ice dans un enchaînement de révélations et de péripéties tantôt attendues, tantôt inattendues. Tous les ingrédients pour faire un bon polar sont là : familles ennemies depuis plusieurs générations dans une toute petite ville où tout le monde se connaît, police corrompue, meurtres sordides en série… Les pages se tournent vite et on est rapidement entraîné·e dans l’histoire aux côtés de Brigit.

Brigit est l’élément novateur de ce roman. L’héroïne est une jeune femme, apparemment riche, recluse dans une maison des bois, et en proie à des angoisses que le·a lecteur·ice ne déchiffre qu’au bout d’un certain temps. Elle apparaît comme un ovni au milieu de la communauté canadienne qui l’héberge, jamais vraiment intégrée au fonctionnement de la ville, toujours mystérieuse et discrète quant à son passé. L’autrice dissémine dès le début du roman des bribes d’indices, qui se fondent dans la construction de l’enquête judiciaire.

Une quête identitaire

La maison d’édition reste fidèle à son goût pour le nature writing et les quêtes identitaires avec ce roman. D’ailleurs, l’inspecteur chargé de l’enquête s’appelle Kerouac. Pour ce qui est des quêtes identitaires, il y en a surtout une : celle de Brigit. Celle qui l’a justement poussée à choisir cette bourgade pour vivre discrètement.

« C’est à ce moment qu’elle a décidé de retourner dans son pays de glace et de forêt. Il lui fallait marcher à nouveau dans les pas de son enfance. Peut-être y trouverait-elle une forme de quiétude. »

Secrets boréals, Anna Raymonde Gazaille

C’est dans ces questions d’identité que réside la force de ce roman. Si les ressorts narratifs sont classiques du côté polar, l’autrice utilise ailleurs une polyphonie inhabituelle. Mais rafraichissante. Les voix qui s’entremêlent au fil des chapitres laissent planer un mystère qui participe à captiver le·a lecteur·ice. La chute, inattendue, se dévoile tardivement – et arrive à créer un vrai effet de surprise, au milieu de la résolution très classique de l’intrigue du polar.

Un premier roman emmené, passionné, et qui donne envie d’explorer la nature sauvage canadienne.

Secrets boréals, de Anna Raymonde Gazaille, paru aux éditions Le mot et le reste le 3 décembre 2021. 20 euros.

Journaliste

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