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« Larsen C » – Aux Abbesses, six danseurs et bien peu d’imagination

Larsen C
Christos Papadopoulos, Larsen C © Pinelopi Gerasimou for Onassis Stegi

Présenté pendant quelques jours aux Abbesses, antenne du Théâtre de la Ville, la chorégraphie du grec Christos Papadopoulos entend mettre en mouvements les évolutions de la nature et la résilience des individus. Un projet intéressant qui se traduit par une chorégraphie hermétique et ennuyeuse.

On y croyait en franchissant la porte de la petite salle du théâtre des Abbesses. Les portes se ferment, les lumières s’éteignent et dans un silence qui se prolonge plusieurs minutes, les spectateurs sont plongés dans le noir complet. C’est un vendredi soir, on a une semaine de travail dans les pattes et on peut difficilement s’empêcher de se dire que si le chorégraphe voulait endormir la salle, il ne s’y prendrait pas autrement. Du fond de la scène se déploie une faible lueur. Toujours en silence, la lueur s’agrandit mais doucement. C’est long, c’est lent.

La scène s’allume enfin – un peu. Sur un fond d’une petite musique aux airs kinesthésiques, apparaît un danseur, seul, dans une espèce de combinaison en faux cuir qui luit sous les lumières. Avec des mouvements proches du break et du vogging, il se déplace peu sur scène. Il est rapidement rejoint par ses comparses, cinq autres tous du même faux-cuir vêtus, qui s’agglutinent autour de lui dans le même silence pour effectuer des mouvements similaires.

Répétition jusqu’à l’absurde

On attendra que le spectacle décolle, en vain. La musique ne bouge pas, ne propose pas de variation. Est répétitive comme la chorégraphie, en somme. Pendant une heure, les danseurs sur scène effectuent les mêmes mouvements. Les mêmes mouvements de breaks mais surtout des déplacements en faisant la vague avec les bras. On se croirait dans Assassin Screed, avec son héros au visage masqué qui se faufile un peu furtivement en faisait des pas de côté. L’inconvénient étant que le mouvement est répété jusqu’à l’absurde. C’est à se demander si le chorégraphe en connaît d’autres. La malheureuse troupe n’occupera jamais pleinement l’espace de la scène, tantôt collée à son leader sans s’en décrocher, tantôt quatre réunions pour deux écartés du groupe – pour quelle raison ? On ne saura pas.

Une répétition volontaire, parce que Larsen C est censé symboliser les mouvements de la nature. Plus précisément, le cycle de la nature et la résilience des hommes selon le chorégraphe. Entre les combinaisons en cuir, la musique électronique et les rayons laser en guise de lumière, on cherche encore le lien qui ne coule pas vraiment de source. Même doté d’une profondeur théorique, le spectacle n’en est pas moins pénible. Ce qui n’empêchera pas les spectateurs dans la salle d’ovationner longuement les artistes.

Larsen C de Christos Papadopoulos, présenté aux Abbesses du 9 au 14 décembre 2021.

Journaliste

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