LITTÉRATURE

« Aulus » – Remède à la mélancolie

Aulus
Aulus © éditions Gallimard

Aulus, petite station thermale des Pyrénées construite durant la Belle Époque, est passée à la loupe par la narratrice, Zoé Cosson. Elle signe avec ce premier roman l’instantané tendre d’un lieu dans lequel montagne et habitants se transforment l’un et l’autre.  

Après une vente aux enchères, le père de l’autrice-narratrice rachète un petit hôtel désaffecté et vieilli dans lequel il décide de passer son temps. Les anciennes chambres n’accueillent plus de clients mais le bric-à-brac de ce père bricoleur qui s’amuse parfois à faire semblant de tailler les haies côté rue pour mieux discuter avec les passants qui s’aventurent aux abords de la demeure. Puisque la vie du père est désormais à Aulus, la petite station thermale des Pyrénées devient aussi la patrie de la fille, qui y passe ses vacances et ses confinements.

Le regard-caméra

Aulus n’est pas bien grande, une centaine d’habitants qui se connaissent tous entre eux, quelques sentiers montagneux dans lesquels on peut partir à la randonnée. L’autrice, après avoir posé ses valises sur les lieux y pose son regard. À la manière d’une caméra qui se déplace, elle décrit ce qui est, ce qui a été – les endroits, comme l’église du village et les autres commerces, mais aussi les personnes, les voisins, les bien intégrés et ceux qui rêvent de s’en aller.

«  Paul s’est enfoncé au milieu de la rivière pour pêcher. L’eau le prend jusqu’aux cuisses et les bouquets de noisetiers ne le protègent plus des rayons violents d’été. C’est un autre Paul, Paul numéro 2. Les taons mordent sa nuque, des gouttelettes ruissellent le long de ses joues brunes, dans sa moustache. Ses sourcils retiennent de petits étangs brûlants. Il n’y pense pas.  »

Aulus, Zoé Cosson

Écriture contemplative

Avec ce texte, Zoé Cosson rend hommage. Aux anciens paysans qui ont occupé les lieux au début du siècle – souvent victimes d’un mépris de classe parisien persistant. Mais aussi à la beauté des lieux. De son écriture se dégage une forme de sérénité. Chaque chapitre est comme un portrait, celui d’une personne ou d’un endroit. Son regard court et se répand, il est tendre et rend compte de la beauté des choses – la beauté que l’on voit dans les choses que l’on aime. Il y a quelque chose de très cinématographique dans cette manière de voir, de poser les yeux sur une chose à la fois, de les regarder pour mieux les montrer telles qu’elles sont. Sans mentir.

Cette délicatesse passe du père, personnage fantasque et attachant, pour aller jusqu’au sentiers montagneux qui entourent le village, où la narratrice se rend en randonnée. Aulus – le texte – parvient à rendre compte, à sa manière, du temps qui s’écoule différemment lorsque l’on vit à la montagne, du rapport à la vie différent, plus apaisé peut-être.

Aulus de Zoé Cosson, éditions Gallimard, 12,90 euros.

Journaliste

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