MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – Une touche de couleur

© Guillaume Lacoste

Toutes les deux semaines, les journalistes de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.

Beach House – One Twice Melody (EP)

Le duo céleste de Beach House revient pour un 8ème album découpé en 4 chapitres,Once Twice Melody. Les premiers titres ont une touche organique grâce à l’orchestre enregistré en studio. Les instruments à cordes forment un ensemble envoûtant, aux accents cinématographiques.

Dans Once Twice Melody, nous prenons notre envol direction l’île des possibilités, sous un soleil tapant et une nature foisonnante, le chant des sirènes nous enivre et a un goût d’éternel. La batterie qui rythme cette épopée solaire et la voix ésotérique de Victoria Legrand nous guident.Superstar nous invite à prendre une pause pré-crépusculaire pour admirer les astres. Contemplative, elle se pare de sonorités shoe-gaze pour mettre en musique la mélancolie des beaux jours.

S’enchaîne ensuite Pink Funeral et son orgue au timbre sinistre, on imagine volontiers un cygne solitaire sur un lac aux eaux troubles. Le titre même évoque une cérémonie lugubre au travers d’une lentille rose. Le dernier titre de l’EPThrough Me met en exergue des sonorités plus familières chez Beach House, un cocon rassurant dans lequel on souhaite se lover après ce voyage insulaire riche en émotions.

Coups de cœur : Superstar, Pink Funeral

Sorti le 10 novembre

Mélody Aubert

Parcels – Day/Night

Les membres de Parcels, les plus talentueux artistes australiens de Berlin, viennent de sortir Day/Night : un album poétiquement sensoriel. Machine à tubes, Parcels s’est fait connaître avec un premier album qui aura fait le tour du monde et qui rythme le déhanché des parisiens depuis juillet 2019 à l’occasion du FNAC Live Paris. Avec Day/Night, Parcels expose au monde leur talent et leur ingéniosité. Avec ce groove particulièrement dansant et transporteur.

Parcels, en presque 24 titres (23 exactement) boucle le cycle d’une journée, fait le soleil se lever comme se coucher. Avec ce don qui est de communiquer de multiples sentiments et ambiances, Parcels porte avec cet album, de profondes consonances et n’hésite pas à aborder les tristes pages de l’amour, de la duplicité de la célébrité, comme le besoin urgent de (sur)-vivre dans ce monde irréfrénable.

Day/Night, c’est l’éloge de la vie, l’éloge de ce monde et du temps qui passe, de la simplicité, des sentiments purs qui planent au fond de soi. Cet album est la démonstration vocale et musicale de 5 talentueux artistes de notre temps. Parcels nous met aux premières loges de l’irrésistible ascension du futur des plus grand boys band vivants de ce monde.

Coups de cœur : Free, Somethinggreater, Outside, Neverloved, Famous, LordHenry, Once, Inside

Sorti le 5 novembre

Stanley Torvic

Courtney Barnett – Things Take Time, Take Time

Malgré les effets négatifs du confinement, il aura eu tout de même de bons côtés surtout du point de vue musical. L’australienne Courtney Barnett nous présente son tendre nouvel album Things Take Time, Take Time. Œuvre composée pendant les longs mois de « lockdown » sur l’île-continent, Courtney nous apaise et nous ouvre les yeux sur la beauté simple de la vie. Moins tapageur que son dernier album Tell Me How You Really Feel, l’artiste se rapproche de la folk poétique et douce de son comparse Kurt Vile.

Inspiré du silence des rues vides de Melbourne, de l’amitié, de l’amour et cette précieuse nature qui nous entoure, la guitariste Aussie nous charme avec sa musique faite pour les virées improvisées. Les choses prennent parfois du temps à se réaliser mais c’est souvent pour le meilleur, la preuve avec ce 3ème opus réussi de Courtney Barnett.

Coups de cœur : Rae Street, Here’s The Thing, Before You Gotta Go, If I Don’t Here From You Tonight, Write A List Of Things To Look Forward To, Splendour, Oh The Night.

Sorti le 12 novembre

Thomas Soulet

LE NOISEUR – Relax

Nous l’attendions. Le voici. Six ans après, Du bout des lèvres, et un EP sorti l’an dernier, Musique de Chambre, Le Noiseur revient plus détendu que jamais avec Relax. En douze titres, Simon Campocasso flirte avec les genres musicaux. Il parle. Il chante. Évoque le hip-hop, les musiques de films et la pop contemporaine. La nonchalance de son phrasé se marie avec un second degré souvent ponctué d’une pointe de mélancolie, comme une joyeuse dépression qu’il traîne de morceaux en morceaux.

Du « Summer Slow 88 » au retour dans la région de son enfance imprégnée de références nineties, les artistes morts jeunes comme Jimi Hendrix ou James Dean dont on ne voudrais pas suivre le chemin. Chez lui, tout est visuel et imprégné de cinéma. Le Noiseur nous donne autant envie de se lever danser que de se relaxer pour écouter sa voix grave murmurer à nos oreilles. Chaque chanson a son identité et forme un album unique à l’image de l’artiste.

Coup de cœur : Dépression nord, Summer slow 88 et Douce France

Sorti le 5 novembre

Diane Lestage

Sega Bodega – Romeo

Sur son deuxième album, l’artiste irlandais associe des productions électroniques léchées à un lyrisme déroutant. Le disque est construit comme la poursuite de l’Amour, représenté ici par Luci, femme mystique composée de lumière. Arca et Charlotte Gainsbourg sont toutes deux conviées sur ce nouvel opus. Dès l’introduction, Sega Bodega convoque le religieux, cite les anges, la Bible, le Paradis et inscrit son récit dans l’esprit collectif. Les collaborations, et surtout l’apparition remarquée de Charlotte Gainsbourg, intriguent.

Naturopathe est un cross-over improbable entre une production électronique, sombre et le phrasé désabusé propre à la française. Um Um, l’avant dernier morceau du disque, honore implicitement l’œuvre de SOPHIE et s’avère délicieusement poétique. C’est presque la rencontre entre Luci et Romeo : See you in the sunshine. Pour clore l’opus, ainsi que son histoire, l’Irlandais poursuit toujours inexorablement cette figure lumineuse et mystique, jusqu’à s’y aveugler.

Coups de cœur : Only Seeing God When I Come, I Need Nothing From You, Naturopathe, Romeo, Um Um

Sorti 12 novembre

Robin Schmidt

Silk Sonic – An Evening With Silk Sonic 

DE-LI-CIEUX. À l’heure où les tops commencent à se dresser, de choisir les disques qui nous ont fait vibrer, ceux qu’on recommanderait à quiconque nous entend là-haut, Bruno Mars et Anderson Paak lâchent un énorme pavé dans la mare. On n’en attend jamais moins de ces 2 joyeux lurons de la scène américaine et d’ailleurs, eux les premiers, sont les plus exigeants, confiant alors à Rolling Stone avoir bazardé une douzaine de versions de l’album, avant d’arriver à la version qu’on connaît depuis maintenant quelques jours. 

An Evening with Silk Sonic, un LP délicieusement rétro, avec ses harmonies soul estampillées 70’s, ses guitares funk et des cuivres si smooth que Miles Davis lui même en resterait coi. Et là où beaucoup cartonnent en mitraillant leur tracklisting de feats hauts en couleur certes, Bruno et Anderson se suffisent à eux-mêmes. On notera seulement deux invités, sur le sensuel After Last Night, où les Silk Sonic partagent le micro avec Thundercat et Bootsy Collins (célèbre bassiste de Parliament et Funkadelic). Sans oublier D’Mile, troisième main compo (crédité sur quelques Mary J Blige, Janet Jackson, H.E.R et bien d’autres). La plus fine soie qu’on puisse trouver. 10/10.

Coups de coeur : Leave The Door Open, After Last Night

Sorti le 12 novembre

Guillaume Lacoste

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