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[MaMA Festival] Rencontre avec Ilgen Nur – « Je dois écrire ces chansons parce qu’elles sont personnelles et que je ressens l’envie de les écrire »

Ilgen Nur au MaMa Festival © Leelou Jomain

Dans le cadre du MaMA Festival, on s’est rendue sur place pour rencontrer les artistes qui nous tenaient à coeur. Le temps d’un échange, nous avons pu partager un petit moment avec les artistes à l’emploi du temps chargé.

Ilgen Nur est une jeune autrice compositrice interprète tout droit venu d’Allemagne. Elle a sorti en 2019 son premier album Power Nap qui est un petit bijou indie rock aux influences de la scène indie américaine. Nous avons échangé sur son processus de création, ses projets et ses découvertes musicales.

Comment vas-tu ?

Je vais bien. On a voyagé entre Lyon et Paris, on a fait un long trajet en voiture. J’ai eu deux interviews et maintenant celle là et ensuite j’irais faire les balances et enfin je ferai le concert. C’est une longue journée aujourd’hui.

Hier tu étais en concert en Lyon, comment c’était ?

C’était le Sonic, on y a joué il y a deux ans et c’était très sympathique. C’était très cool d’y retourner. Il y avait des personnes qui étaient aussi là au dernier concert. On a passé un bon moment. Étonnement, la tournée que nous avons fait il y a deux ans, nous avons tellement joué et été à tellement d’événements que la plupart du temps on ne s’en rappelait pas. C’était juste une seule et même salle un peu brumeuse mais tout le monde s’est rappelé de la date du Sonic à Lyon parce que c’était sur un bateau, que c’est très joli et que tout le monde était très gentil. C’était un très beau moment hier. J’ai hâte du concert de ce soir.

Ilgen Nur au MaMa Festival © Leelou Jomain

Comment te sens-tu par rapport au MaMA Festival ?

Eh bien, je suis très heureuse de faire ce concert. L’autre fois qu’on a joué, au Supersonic, à Paris on a passé un bon moment.

Tu as sorti ton album Power Nap en 2019, en ce moment tu joues ces chansons ou de nouvelles à tes concerts ?

Je vais jouer des chansons de Power Nap et je vais aussi jouer deux nouvelles chansons qui ne sont pas encore sorties et je vais jouer des morceaux de mon premier EP mais sinon la plupart de mon album.

Es-tu seule sur scène ?

Non, on est quatre personnes sur scène, je joue avec mon groupe presque tout le temps. Ce soir c’est Benito à la batterie, Jacob à la guitare, Lawrence à la basse et je chante et joue de la guitare.

Comment aimes-tu créer ta musique ?

Normalement cela vient à moi quand j’éprouve un sentiment fort. Je m’assois avec ma guitare et je commence à chanter et à jouer. Quand ça me parait bien, habituellement j’enregistre des mémos vocaux sur mon téléphone. Il y a pleins d’enregistrement de mes demos. C’est le plus facile pour moi de capturer vite sans avoir à m’occuper du côté technique. Je chante, j’écris les paroles qui me viennent sur le moment. Parfois je laisse pour continuer plus tard, parfois ça reste la même chose jusqu’à la fin. Pareil pour la guitare. Quand je me sens en confiance avec la base de mes chansons, je vais en salle de répétition et je demande à mon groupe ou à des amis de jouer les chansons avec moi.

C’est une sorte de collaboration ?

Exactement.

Ilgen Nur au MaMa Festival © Leelou Jomain

Tant qu’on parle de collaboration, tu n’as jamais fait de collaborations avec d’autres groupes ? Pourquoi ? 

Je n’y pense même pas. Enfin, c’est sympa quand les artistes ont des featurings sur leurs albums, moi-même j’en ai fait sur certains des albums de mes amis et c’était rigolo. Je ferais peut-être quelque chose pour le prochain album, ou peut-être pas. Honnêtement parfois les collaborations peuvent être faites par hasard et parfois ça peut être très excitant. Par exemple, j’ai adoré l’avant dernier album de Lana Del Rey, Chemtrail Over the Country Club et la dernière chanson est une cover de Joni Mitchell et elle la reprend avec Weyes Blood. J’étais super excitée parce que c’est deux artistes que j’adore qui collaborent sur une chanson d’une artiste que j’aime aussi.

Tes chansons parlent de ton intime, elles sont personnelles et parfois sont engagées. Est-ce que tu trouves important pour un artiste d’être engagé dans sa musique ?

Toutes mes chansons sont en rapport à moi mais il y a un aspect universel car les personnes se retrouvent dedans et c’est important pour moi, c’est le genre de musique que j’écoute moi-même. Si j’écoute par exemple une chanson de Mitski je ne vais pas penser « Oh mon dieu tout ce qu’elle fait c’est chanter des choses par rapport à elle », je pense plutôt « Oh mon dieu je ressens la même chose, je me retrouve dans ce qu’elle dit, c’est magnifique ». Donc oui la plupart du temps mes chansons sont en rapport avec ma vie, ma perception du monde et mon environnement. Peut être que ça changera avec le prochain album. Je dois écrire ces chansons parce qu’elles sont personnelles et que je ressens l’envie de les écrire. C’est comme un journal intime pour moi.

Quelles sont tes influences ?

Beaucoup trop, par exemple Mitski, Angel Olsen, il y a tellement de bons artistes aujourd’hui mais également mes artistes préférés sont Elliott Smith, Jeff Buckley. En grandissant, j’étais à fond dans Nirvana, Hole et des choses comme ça. Pendant le confinement j’ai commencé de plus en plus à écouter Radiohead. J’écoute différentes choses.

Ilgen Nur au MaMa Festival © Leelou Jomain

Quelle est ta plus récente découverte en musique ?

Hier, ou il y a deux jours, j’ai écouté Grouper. J’ai vu quelqu’un sur Instagram reprendre la chanson Living Room et je me suis demandé ce que c’était et j’ai regardé sur Spotify et clairement j’étais la dernière personne à découvrir ce groupe. Je me suis rappelé que j’avais eu une conversation avec mon batteur à propos de Grouper il y a quelques mois parce que elle a fait la couverture de Wired Magazine et il était posé dans l’appartement de mon ami et je lui avais demandé qui c’était. Il m’a répondu que c’était de la musique instrumentale, ambiante mais aussi chanté avec du songwriting et que c’était très intéressant.

Je n’avais jamais écouté, j’ai écouté et j’ai beaucoup aimé, donc je vais continuer à écouter. Mais parfois je découvre des artistes et ensuite je vais sur leur Instagram et je vois que tous mes amis sont déjà en train de les suivre. Je me demande comment je peux ne pas connaître ces personnes… C’est embarrassant mais en même temps c’est pas grave je peux ne pas tout connaître.

Tu es un humain après tout…

Exactement, je n’ai pas à connaître tous les artistes. J’ai besoin de découvrir des choses.

Tu as des projets pour le futur ?

Oui, je suis en train de travailler sur un album, je vais dans une résidence d’artiste trois mois en début d’année, à Los Angeles, prochaine pour travailler sur mon album. Je suis très excitée, j’adore LA.

Es-tu déjà allée là-bas ?

J’y suis allée avant la pandémie, j’ai vraiment aimé y être, c’est très beau et en même temps très sombre mais ça à ses côtés positifs, comme dans toutes les autres villes. C’est aussi un endroit où beaucoup de musique sont réalisées donc c’est très cool.

Ilgen Nur au MaMa Festival © Leelou Jomain

Tu as déjà joué là-bas ?

Non, je devais jouer au Southwest Festival à Austin, au Texas, mais c’était le premier événement à être annulé à cause du Covid. Quand l’annonce est tombée, c’était le premier festival a être annulé et c’est à ce moment-là que les gens ont commencé à prendre conscience de ce qui était en train d’arriver. Je me rappelle être dans l’appartement de mes amis à LA et dire « Oh c’est annulé à cause de ce truc de Covid » et tout le monde à répondu « ooooh ». Deux jours après  je me suis dis « Je devrais peut être changer ma date de retour pour retourner en Allemagne plus tôt parce que je ne pense pas pouvoir rester plus longtemps à cause de la fermeture des frontières ». C’était vraiment effrayant.

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