CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2021 – « Suprêmes » : Authentik biopic

Suprêmes © GIanni Giardinelli / Sony Pictures France
© GIanni Giardinelli / Sony Pictures France

SÉLECTION OFFICIELLE – HORS COMPÉTITION – Plutôt attendu en France, le film d’Audrey Estrougo consacré à la naissance du groupe NTM et donc du rap français a été présenté Hors Compétition au Festival de Cannes. Suprêmes, un biopic un peu trop classique révélant deux acteurs au charisme hypnotique.

1988. En direct du 93, une bande de jeunes tagueurs des cités abandonnées trouve dans le rap un exutoire. Tout commence par un pari lancé par un copain à Didier Morville : « Vas-y toi, fais du rap ». Piqué à vif dans son égo, l’idée germe chez le jeune homme qui dort sur les bancs dans la rue. Et qui subit avant tout la violence et la haine d’un père intransigeant. Sous l’abri d’un toboggan, il retrouve son pote Bruno Lopes. Ils se mettent à écrire des textes bouillonnants de colère. Un premier concert énervé, le duo et toute leur clique – dont DJ S – sont repérés par deux jeunes managers (Félix Lefevbre et César Chourqui) persuadés du talent de ceux qui prendront les noms de Joey Starr et Kool Shen. En quelques mois, Suprême NTM est né et le rap français éclot.

Cette citation du titre « Le Monde de demain » comme guide : « Le monde de demain quoi qu’il advienne nous appartient, la puissance est dans nos mains. Alors écoute ce refrain…  », Audrey Estrougo saisit le portrait d’une jeunesse déterminée à s’exprimer par le rap. Du premier album Authentik en 1991 au premier Zénith en 1992, la cinéaste capte toute la mécanique de construction et d’évolution du groupe. Suprêmes déroule une narration linéaire agréable à suivre mais qui reste parfois trop en surface et sympathique. Si le choix de narration de se concentrer essentiellement sur le personnage de Joey Starr semble malin pour introduire le récit, l’omniprésence de sa vie personnelle finit par dévorer les autres personnages. Dont Kool Shen.

Malheureusement donc malgré une jolie photographie et un dynamisme indéniable, le film reste un biopic très classique qui manque de saveur et de complexité, notamment sur l’aspect politique. Étant donné le sujet, la réalisatrice parvient à rendre compte de l’ambiance musicale en offrant de belles scènes de concert et toute l’effervescence de la naissance du rap français. Ainsi, si Suprêmes aurait pu être encore plus explosif, la cinéaste fait quand même plaisir aux fans de NTM. L’ énergie des jeunes comédiens emporte tout. Charismatiques et instinctifs, Sandor Funtek et Théo Christine subliment le film et s’imposent comme une génération d’acteurs à suivre de près.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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