CINÉMA

« Delphine et Carole, insoumuses » – La lutte des femmes

© Alba Films

Diffusé en 2019 sur Arte, le documentaire de Callisto Mc Nulty, Delphine et Carole, insoumuses est enfin sorti en salle le 6 octobre dernier. Un hommage puissant à deux militantes, l’une vidéaste et l’autre actrice, qui se sont battues pour le féminisme dans les années 1970 en faisant des films.

Avant d’être « Insoumuse », l’immense comédienne Delphine Seyrig était muse des réalisateurs de son époque : Alain Resnais, François Truffaut, Luis Bunuel, William Klein, Joseph Losey, etc. Mais l’actrice est engagée et sa rencontre avec Carole Roussopoulos va être déterminante. Alors que la vidéaste vient d’acquérir la deuxième caméra Portapak de Sony (première caméra portable dont la première fut achetée par Jean-Luc Godard), elle donne des cours pour former à son utilisation. C’est ainsi que Delphine Seyrig va faire son entrée. Les deux femmes vont profondément s’engager dans les luttes féministes des années 1970. Avec Nadja Ringart et Ioana Wieder, elles vont créer le collectif Insoumuses et réaliser des documentaires.

Delphine et Carole se lancent dans la réalisation de Maso et Miso vont en bateau. Un film ironique en réponse à une émission de Bernard Pivot du 30 décembre 1975 intitulée « Encore un jour et l’année de la femme, ouf ! C’est fini » où Françoise Giroud, secrétaire d’État chargée de la condition féminine est invitée. Par des effets de montage et de cartons, les réalisatrices commentent les propos misogynes. En 1976, elles se filment en train de lire le manifeste féministe de Valérie Solanas, Scum Manifesto. Puis en 1981, Delphine Seyrig donne la parole aux actrices dans Sois belle et tais-toi !. Un film qui compile des entretiens où ces comédiennes abordent leur place dans le milieu du cinéma.

Maso et Miso vont en bateau (1975) © Alba Films

Avec Delphine et Carole, insoumuses, Callisto Mc Nulty, la petite-fille de Carole Roussopoulos, rend hommage au travail de sa grand-mère. Elle voulait réaliser un documentaire en hommage à Delphine Seyrig mais finalement c’est au combat de ces deux femmes, artistes, amies, que son film est consacré. Se mêlent alors interviews d’époque ou plus récentes aux images d’archives des métrages des Insoumuses. Tout en passant par les films majeurs de la carrière de Delphine Seyrig et des rôles qu’elle a choisi d’incarner. Elle avait notamment fait le choix militant d’être regardée par des réalisatrices comme Marguerite Duras, Chantal Akerman ou Márta Mészáros. Callisto Mc Nulty balaye les années 1970 jusqu’à la création, par le collectif, du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Un portrait inventif et engagé enfin disponible dans les salles de cinéma.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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