CINÉMA

« Boîte Noire » – Pierre Niney dans la tourmente

Boîte Noire - © WY PRODUCTIONS 24 25 FILMS
Boîte Noire - © WY PRODUCTIONS 24 25 FILMS

Avec Boîte Noire, Yann Gozlan propose un thriller prometteur, mais rapidement essoufflé, malgré la présence d’un casting de haut vol.

Depuis quelques années, Pierre Niney fait partie de ces têtes d’affiche refusant de rentrer dans une case. Pompier dans Sauver ou Périr, couturier légendaire dans Yves Saint Laurent, le jeune premier du cinéma français a su poursuivre des rôles différents, et surprendre son public par la même occasion.

Dans Boîte Noire, l’acteur abandonne les artifices pour revêtir le rôle d’un agent du « Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile », ou BEA. Chargé de rendre compte des circonstances d’un crash aérien, le jeune homme suspecte vite un complot. Matthieu n’est pas un personnage attachant. Ses ambitions le poussent à être envieux, compétitif, et souvent jaloux. Dans ce rôle si antipathique, Pierre Niney est convaincant tout de suite. Il habite son personnage de gestes gauches et d’un malaise particulièrement palpable. Malheureusement, son interprétation se heurte trop vite aux limites d’un scénario qui ne va pas au bout de son sujet. 

L’intrigue de Boîte Noire était pourtant prometteuse. Un thriller sombre, plongé dans la réalité des catastrophes aériennes et de l’hyper-technologie avait, sur le papier, tout pour enthousiasmer. Et pourtant, tout est trop vite inégal. Atteint d’une forme d’autisme, Matthieu n’est pourtant montré que sous le prisme de la jalousie et de l’asocialité. L’écriture du personnage manque cruellement de profondeur, passe à côté de son sujet, et ne parvient pas à proposer une attache pour le spectateur. En résulte un détachement inévitable, empêchant d’emblée de rentrer totalement dans l’action.

Boîte Noire – © WY PRODUCTIONS 24 25 FILMS

Boîte Noire : un thriller trop convenu

Le reste du scénario n’est pas mieux traité : très vite, les mécanismes du thriller deviennent évidents. On sent venir dès la moitié du film le dénouement final. Dépouillé du mystère, pourtant essentiel à l’intrigue, le spectateur n’a plus qu’à attendre la résolution, trop longue, de cette enquête qui n’en finit plus.

Même les seconds rôles, pourtant portés par des acteurs au charisme fou, ne parviennent pas à exciter assez pour rouvrir l’intrigue. Lou de Laâge, enfermée dans un costume banal et ennuyeux, essaye tant bien que mal de laisser exploser le magnétisme habitant d’habitude chacune de ses performances. Le choix d’une actrice aussi intrigante était pourtant logique dans un thriller psychologique, quoique un peu trop révélateur. Lou de Laâge n’est pas crédible en femme mariée bien rangée, tant son jeu a plus à offrir. Elle paraît plate, non pas à cause de son jeu, mais bien parce que son personnage, central à l’histoire, est atrocement mal écrit. Sans nuance, sans profondeur, Noémie, la femme de Matthieu, peine à exister à l’écran.

Le film se dévoile, sans surprise, et se perd dans ses propres limites. Chaque recoin de l’intrigue est expliqué puis revisité, comme pour s’assurer que le spectateur ne perde pas le fil. Le rythme en souffre très vite, passées les premières minutes du film. Les propositions de thrillers de qualité étant relativement rares dans le cinéma français, on se réjouissait déjà de découvrir Boîte Noire. Malheureusement, Yann Gozlan ne parvient pas à tenir sa promesse sur la durée et livre un film convenu, qu’on semble avoir déjà vu cent fois.

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