CINÉMA

« True mothers » – Ce qui fait une mère

True mothers
© Haut et court

Dans son dernier long-métrage True mothers, la japonaise Naomi Kawase s’attache à explorer, à travers deux parcours de maternité radicalement opposés, ce qui fait que l’on est une mère, ou pas. Une variation touchante qui traîne un peu en longueur. 

La scène d’exposition de True Mothers s’ouvre sur un conflit de loyauté comme seuls les japonais savent en avoir. Asato, trois ans à peine, est accusé d’avoir poussé et fait chuter Sora, même âge, alors qu’ils jouaient ensemble. La garderie contacte la mère d’Asato pour lui faire part du méfait de son fils  : c’est le drame. Comment aurait-il pu faire ça  ? L’enfant nie en bloc. Pourtant, Sora continue de l’accuser. Au téléphone, la mère de Sora demande un remboursement des frais médicaux liés à la blessure. Mais la mère d’Asato refuse. Elle fait confiance à son fils qui n’est pas un menteur, susurre-t-elle au téléphone. Quelques jours plus tard, la nouvelle tombe. C’est Sora qui a menti. La mère d’Asato est soulagée  : elle a cru en son trésor et elle a bien fait. 

Capter l’essence de la mère

Après avoir fait hausser le sourcil de son spectateur devant ce conflit peu transcendant, Naomi Kawase entre dans son film pour exposer ce qui la tracasse réellement : la maternité. Ou plutôt, déterminer ce qui fait qu’une femme est une mère. Parce qu’Asato est un enfant qui a été adopté. S’ensuit un long chassé-croisé de flash-back aux jeux de lumière appuyés pour revenir, peu à peu, sur le destin de cet enfant qui, on le comprend, n’aurait pas dû naître. 

Ainsi qui, de la femme stérile ayant presque renoncer à enfanter ou de la collégienne de quatorze ans qui se fait avoir par un garçon, est la mère ? De la femme riche qui peut se permettre de renoncer à son emploi pour s’occuper d’un petit garçonnet à la très jeune qui n’a pas fait d’études et n’aura jamais les moyens d’élever son propre fils, qui est la plus aimante ? En instiguant sur ces deux parcours radicalement différents, mais liés par un même enfant, Naomi Kawase creuse du côté du conflit des classes sociales.

La mère biologique d’Asato revient et réclame son fils, seule et un brin vulgaire face à la mère adoptive, qui coche toutes les cases de la bonne épouse et de la belle femme. On est tenté de penser qu’elle est mal intentionnée. True mothers explore nos préjugés. Avant de conclure, au terme d’interminables interrogations – le film dure deux heures vingt – d’une manière que l’on attendait presque plus. D’une manière joyeuse, qui fera la valeur a posteriori de ce beau film sur la maternité. 

Journaliste

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