Pour son premier long-métrage, Summer white, le mexicain Rodrigo Ruiz Patterson met en scène la colère d’un adolescent qui refuse obstinément l’entrée d’un nouvel homme dans la vie de sa mère. Le scénario, répétitif, peine parfois à convaincre.
On en aura vu passer des films sur l’adolescence, qui traitent du remariage souvent conflictuel de la mère de famille. Summer white est de ces films-là. Les premières minutes mettent en scène la vie de Rodrigo (Adrián Rossi), treize ans. Un garçon au visage ombrageux, yeux sombres et un léger air de caïd conforté par la petite boucle d’oreille qu’il ne quitte jamais. Ce gamin peu causant semble entretenir une relation fusionnelle – entendre ici : trop fusionnelle – avec sa mère, Valeria (Sophie Alexander-Katz), qui l’élève seul.
L’univers de Rodrigo est chamboulé lorsqu’un soir, la mère se pointe au domicile familial avec un nouveau mec. Plan large sur le quartier : on aperçoit, au loin, deux chiens en plein coït. Avant de passer, la seconde d’après, à la mère et l’Ami qui s’embrassent à pleine bouche, comparaison subtile qui dresse l’état des lieux de ce qui se passe dans la tête du gamin, abandonné symboliquement par cette mère quasi incestueuse. Le gamin toque à la porte tandis que les deux adultes sont en plein ébat, « je n’arrive pas à dormir » explique-t-il à sa mère qui apparaît seins nus dans l’encadrure de la porte. « Pas ce soir, chaton, retourne te coucher », murmure-t-elle. L’enfant a perdu l’exclusivité sur sa mère, la séparation a commencé. Elle sera douloureuse. C’est la guerre.
Déjà-vu Œdipien
Le scénario, un brin œdipien, ne surprend pas. Elles sont innombrables les histoires de ce genre, il y en aura encore. L’originalité du film aurait dû se jouer sur la mise en scène et l’interprétation de ses acteurs, malheureusement pas toujours au rendez-vous. Alors qu’un nouvel équilibre familial se met en place incluant le nouvel amant de la mère, l’enfant se maintient dans une posture de colère parfois surjouée, souvent agaçante.
Rodrigo Ruiz Patterson alterne entre scènes d’alchimie familiale et rechutes, respirations saccadées du gamin censées traduire la colère indicible qui l’habite et moments passés dans un cimetière de vieilles bagnoles, à cramer tout ce qui lui tombera sous la main à l’aide d’un briquet qui ne le quittera pas du film, quand le gosse ne se cramera pas directement lui-même. Le motif du feu est omniprésent dans le film, censé symboliser à chaque occurrence les colères de l’enfant. Jusqu’à l’écœurement parfois, tant elles sont déjà visibles à l’écran, surexprimées jusqu’à l’absurde. Une colère qui ira crescendo sans jamais se renouveler, abandonnant le spectateur à des abysses de lassitude.