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Rencontre avec Jungle — « On se voit autant artistes visuels que musiciens »

Jungle
© George Day

Le duo londonien Jungle est de retour avec un nouvel album vibrant. Un troisième opus, intitulé Loving In Stereo, qui a pour simple mission de nous emplir d’espoir et d’amour.

Le duo le plus groovy du Royaume-Uni, Jungle, nous revient avec ce superbe nouvel album Loving in Stereo. Josh Lloyd Watson (J Lloyd) et Tom McFarland nous présente un opus disco soul léché et rassembleur. Après une année confinés dans un studio, les deux producteurs décident de ne plus perdre de temps en créant leur propre label et reviennent à leurs racines. Ils décident à travers ce nouvel opus de faire exceller le groove et la disco pour en sortir une bombe qui suinte les paillettes et les pantalons patte d’eph. Tom et Josh ne ressentent plus la pression des labels, parfois trop insistants, ici ils débordent de confiance et ça ce sent.

Après deux albums puissants, Jungle (2014) et For Ever (2018), c’est au tour de Loving In Stereo de nous redonner de l’espoir avec ses rythmes du futur. Jungle mélange les arts et nous régale. Après avoir filmé un clip pour chaque chanson de l’album, c’est par la danse qu’ils veulent nous transcender. Chorégraphies titanesques et plans séquences à volonté, voilà comment le duo nous présente leur musique et l’énergie qui peut en ressortir. Le groupe nous livre la bande son d’un nouvel été d’amour et d’espoir. Pour en savoir plus, nous avons rencontré l’une des têtes pensantes de Jungle, Tom McFarland.

Pochette de Loving In Stereo de Jungle

Loving In Stereo est un incroyable album concept. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer quelque chose d’aussi grand et puissant ? Et comment avez-vous fait pour capturer cette énergie et ces émotions dans votre musique ?

Je pense que finalement nous étions dans un état de confiance et de créativité. Nous sommes à un stade où nous ne nous questionnons plus sur nos idées, et nous sommes confiants sur qui nous sommes, ce que Jungle peut être et comment les gens le perçoivent. Donc je pense que si l’album a autant de portée et d’énergie, c’est grâce à cette confiance. Nous avons été plus audacieux, nous avons exploré de nouvelles influences dans lesquelles nous n’étions jamais allés auparavant dans notre musique. C’est un résultat simple au fait que nous prenons du plaisir dans ce que l’on créé et que nous ne ressentons aucune pression.

Qu’est-ce qui a changé dans vos vies depuis 2018 et la sortie de votre dernier album For Ever ?

Je pense que c’est juste une façon de penser. En tant qu’artiste, tu passes pas mal de temps à penser que ce que tu crées doit être puissant, avec du sens, et ce n’est pas ce que Jungle est. Jungle est un endroit où l’on s’évade. Nous n’avions pas d’intentions particulières, ni de devoir être consciencieux ou de prendre le monde trop au sérieux. Nous sommes revenus un peu à ces premières sensations de quand nous avons sorti le premier album.

D’avoir créé notre propre label a été d’une grande aide car nous n’avons plus besoin de l’opinion d’autres personnes. Avant c’était du genre  : «  vous devez aller plus dans ce sens-là les gars avec votre nouveau morceau car sinon il ne sortira pas  ». Maintenant, nous n’avons plus besoin de nous poser de questions et d’attendre l’accord du label, ce qui nous permet de nous faire beaucoup plus confiance. Et quand tu es en confiance avec toi-même, c’est un sensation très agréable à ressentir en tant que personne.

Le premier single Keep Moving est une incroyable chanson sur l’espoir. Nous pouvons d’ailleurs y entendre une chorale. Pourquoi ce choix ? Et seront-ils avec vous sur scène ?

Il y aura définitivement plus de chœurs sur scène en live. Nous avons réalisé quelques nouveautés et ça marche vraiment bien. C’est une vraie bénédiction. Pour la chorale, nous avons une passion pour créer de l’espoir, qui chanté avec beaucoup de voix, peut rendre le message plus fort et universel. On se sent plus inclus dans l’album, car en tant qu’un des chanteurs principaux même si je chante de mon côté on fait partie de la chorale. C’est vraiment une sensation d’énergie qu’on voulait faire grandir donc il nous fallait vraiment plus de voix.

Nous pouvons voir que la danse est une énorme partie de Jungle. Est-ce que quand vous composez vous pensez à comment les gens vont danser sur vos titres ? Ou à la chorégraphie que les danseurs avec qui vous travaillez vont créer ?

Pas nécessairement. Mais quand nous sommes dans le studio, nous voulons créer de la musique sur laquelle l’on peut bouger si tu vois ce que je veux dire. Le groove est très important pour nous quand on travaille, car ça nous garde enthousiaste et énergique afin continuer et finir notre idée. Surtout si elle nous fait nous sentir bien et nous fait danser. Puis on découvre ça en vrai quand on voit les danseurs interpréter notre musique sur les vidéos.

Comment vous sentez vous quand vous découvrez ces chorégraphies sur vos musiques ?

C’est très inspirant. Tu apprends beaucoup sur ton art quand tu vois quelqu’un d’autre l’interpréter d’une manière différente. Tu y découvres diverses histoires qui viennent jusqu’à toi. C’est d’ailleurs de là que l’album prend du sens pour nous, car on a essayé d’écrire des chansons, non pas sans significations, mais qui sont assez ambiguës et ouvertes à l’interprétation.

Parlons de vos clips. Vous avez créé une vidéo pour chaque musique de l’album. Avez-vous pour projet de réalisé un West Side Story moderne ? Et encore une fois allez-vous le recréer sur scène ?

Évidemment que ce serait le rêve de pouvoir reproduire tout ça sur scène. (rires) Mais niveau logistique et surtout financièrement c’est assez difficile à réaliser pour chaque soir de concert. Mais oui, on se voit autant artistes visuels que musiciens. Les vidéos sont une partie très importantes de ce qu’on fait car elles permettent aux gens de se connecter à la chanson d’un manière différentes.

Nous avons pu faire une vidéo pour chaque chanson de l’album ce qui n’aurait jamais été possible si on était signé sur un autre label que le nôtre. Car ils auraient vu ça comme un perte de temps et d’argent. Ici, nous avons le contrôle et on peut pousser les barrières  de ce que l’on veut transmettre en tant qu’artiste. Je ne changerais tout ça pour rien au monde.

Nous pouvons clairement entendre à quel point le cinéma vous inspire comme sur les chansons Keep Moving, avec son coté très Ennio Morricone, ou encore Can’t Stop The Stars. À quel genre de film ou réalisateur pensez- vous quand vous composez ? Aimeriez-vous à long terme réaliser un film ou écrire une bande son de film ?

Je ne sais pas si j’aimerai réaliser un film mais par contre produire la bande son d’un film, je me vois beaucoup plus faire ça.

Est-ce que c’est quelque chose qui va bientôt arriver ou qui est en projet ?

(Rires) Peut-être que quelque chose est en préparation, nous verrons.

Sinon j’aime Wes Anderson, Christopher Nolan, Quentin Tarantino ou encore Werner Herzog et ce genre de films étranges des années 70 et 80. Il Postino (The Postman) est un film par exemple qu’on adore vraiment.

Tous ces films t’emmènent dans différents mondes, assez similaires avec celui dans lequel on vit mais assez différents pour trouver quelque chose de nouveau à observer. Quand on écrit, on a définitivement un tableau ou une image en tête car quand on a commencé, Jungle c’était comme une chambre où s’évader. On créait ces paysages audio dans lesquels l’on disparaissait, où l’on tombait amoureux, et où l’on échappait à notre vie de tous les jours.

Pour la première fois dans un de vos albums nous pouvons entendre des featurings. Nous découvrons Bas sur le titre Romeo et Priya Ragu sur Goodbye My Love. C’est complètement nouveau pour un album de Jungle. Pourquoi eux ? Et comment la rencontre s’est faite ?

Essentiellement car ce sont des amis. Nous avons rencontré Bas dans un festival à New York en 2018, et Priya via notre société de gestion, on s’est très bien entendus. On a fait ces musiques avec eux indépendamment, sans se dire que ce sera pour un album de Jungle. On est juste allé en studio et on voulait voir ce qui allait se passer.

Puis on s’est dit que ces deux chansons rentraient vraiment bien dans le nouvel album et ces deux artistes faisaient partie du cheminement de création du nouvel opus. Donc on leur a rendu justice en les mettant sur l’album. Nous ne sommes pas un groupe qui fait des collaborations juste pour de la publicité, les chansons doivent être bonnes et ces deux titres sont surement les meilleurs de l’album.

Est-ce que vous avez d’autres collaborations en tête ?

Si on pense à un scénario de rêve oui, mais j’ai besoin d’une connexion personnelle. C’est pour moi la chose la plus importante dans ce genre de collaboration. Car l’art à besoin d’être honnête et si tu veux l’être afin de pouvoir transmettre cet art il faut ce genre de connexion.

La chanson Truth est une belle surprise. C’est un titre rock n roll sur la jeunesse, l’amour et la confiance. Comment vous êtes-vous senti quand vous avez écrit ce morceau ? Comment cette vague rock vous est venue ?

Juste l’excitation. On se poussait un peu à faire quelque chose de différent, changer nos propres perspectives sur ce que l’on fait artistiquement. On peut passer beaucoup de temps avec la même formule mais dès que tu sors de cette dernière tu ouvres d’autres portes pour ton art et ça le rend unique.

Nous étions nerveux à la sortie de ce titre. Nous savions que ça pouvait être la chanson qui allait diviser nos fans. Mais on a été surpris car elle a été vraiment bien reçue et ça nous a montré que l’on pouvait créer presque n’importe quoi. Dans le sens où rien ne définit Jungle, aucun genre ou aucun sons en particulier. Ni de rythme spécifique. Il n’y a pas besoin de moi et Josh aux voix pour définir Jungle. Jungle c’est Jungle.

What D’You Know About Me ? nous fait penser à ce groupe mystérieux londonien SAULT. Nous avons lu que vous les connaissiez, quelle genre de relation avez-vous avec eux ? Est-ce que vous pourriez faire une tournée avec eux ?

Je pense que SAULT ne jouera jamais un concert live. Tu peux m’enregistrer en train de dire ça. (rires) Ils veulent garder ça pour eux, ils sont vraiment adorables mais je ne veux pas ruiner leur secret.

Pour terminer, Lifting You est une chanson  à propos de l’importance de l’amour, de l’ampleur d’avoir quelqu’un dans votre vie qui vous ouvre les yeux. Donc quand nous avons lu ça, la première question qui nous est venue est  : Est-ce que Julia vous a rappelé ?

(Rires) Julia est une métaphore. Dans un sens du coup, une personne appelée Julia m’a rappelé. (rires) Nous sommes tous les deux très heureux en ce moment. Mais pour expliquer, Julia est une métaphore représentant le coup de foudre. «  Je ne connais rien de toi mais bientôt tu seras tout ce dont j’ai besoin  ». C’est ce sentiment de tomber amoureux très rapidement avec quelqu’un et n’avoir aucun contrôle dessus. Je pense que tout le monde a au moins une fois ressenti ça dans sa vie et Julia sonnait très bien pour représenter ce sentiment.

Jungle sera en concert le 27 janvier 2022 au Zénith de Paris.

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