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Rencontre avec John Andrews And The Yawns – « J’exprime dans cet album ma gratitude à travers plusieurs odes »

John Andrews
© John Andrews

John Andrews revient avec The Yawns pour son sublime troisième album Cookbook. Un opus roadtripien aux mélodies douces qui nous ramène au cœur de la folk des années 70.

Direction le New Hampshire, état des États-Unis où le jeune trentenaire John Andrews réside. Après avoir fait partie des groupe Quilt et Woods, le multi-instrumentiste se lança en solo avec son groupe imaginaire The Yawns. Après deux albums plutôt silencieux mais sous-côtés, l’ancien compère de Kevin Morby nous revient avec cette sublime ode à l’amitié. Cookbook, troisième album solo de l’américain, arrive enfin à nos oreilles après quatre longues années en tournée. Occupé par ses différents projets musicaux et sa grange à concert, John Andrews nous livre un opus folk lo-fi délicieux qui est aussi efficace qu’un rayon de soleil californien. Orgues aux sonorités aquatiques, mélodies savoureuses et délicates, guitares folk léchées et douces, l’artiste nous délivre sa recette parfaite pour un album roadtripien. C’est en visio conférence que nous rencontrons John Andrews et pas n’importe où, car il nous reçoit dans sa cuisine. Un hasard ? Nous ne pensons pas.

© John Andrews

Ton nouvel album sonne comme un beau voyage ou un long road trip. Qu’est-ce que tu as ressenti après avoir fini d’enregistrer cet album  ? Et qu’attends-tu de lui  ?

Quand j’ai fini l’album, je me suis senti tellement soulagé car je travaillais dessus depuis si longtemps. Depuis 2017 exactement. Je ne travaillais pas constamment dessus parce que j’étais un peu partout à travailler sur d’autres projets. Donc c’est un album que j’ai retravaillé par-ci et par-là à travers les années. Du coup, au fur et à mesures des années je commençais à être fatigué d’entendre les vieilles chansons que j’avais enregistré au début. Donc c’est un vrai soulagement d’avoir terminé surtout que je travaille sur un nouvel album qui j’espère ne prendra pas 4 ans encore. (rires) Peut-être l’année prochaine.

Sinon je ne sais pas trop à quoi m’attendre avec la sortie de cet album. J’essaye vraiment de n’avoir aucune attente. Quand j’étais plus jeune et que je sortais mes albums, j’y mettais beaucoup d’espoir et puis souvent je finissais déçu. Donc je suis reconnaissant qu’il soit sorti et que les gens puissent l’apprécier. Disons qu’à 30 ans c’est une meilleure façon de penser.

Cet album s’intitule Cookbook et on ressent une grande présence dans la composition du piano et de l’orgue. Nous y retrouvons beaucoup moins de guitare. Pourquoi ce choix  ?

C’est quelque chose qui est arrivé naturellement en jouant avec le groupe à travers les années. À la fin de la tournée avec The Yawns, je ne jouais que du piano et la guitare était plus comme un second instrument dans une majorité des chansons. Donc j’étais plus à l’aise à jouer du piano. C’était une sorte de progression naturelle.

Le premier single de l’album s’intitule New California Blue qui est un hommage à la chanteuse folk Joni Mitchell. Pourquoi avoir enregistré cette chanson pour elle  ? Et qu’est-ce qu’elle représente pour toi  ?

Ça a été la première chanson que j’ai enregistré pour l’album en 2017. À cette époque, j’écoutais beaucoup de Joni Mitchell et ses paroles me parlaient beaucoup. Puis c’était aussi l’époque où j’étais en Californie. Une part de moi voulait écrire une chanson sur le fait d’être coincé dans une petite ville pour finir par s’enfuir vers la Californie. C’est tellement un classique pour un chansonnier américain. Donc le premier couplet est sur cette envie-là, puis le 2ème couplet remercie Joni Mitchell pour tout ce qu’elle a donné et à tellement de personnes. L’album remercie plusieurs personnes qui ont été importantes dans ma vie, j’y exprime ma gratitude à travers plusieurs odes.

Nous entendons dans ta musique des influences de Carole King ou encore Neil Young. Comment la musique folk t’inspire  ? Qui sont ces chanteurs folks que tu adores et qui t’inspirent  ?

Wow mec, il y en a tellement. (rires) C’est assez dur à dire car j’ai l’impression que chaque semaine de ma vie je suis obsédé par quelqu’un de différent. Je passe constamment à travers des phases.

Du coup, qui écoutes-tu en ce moment  ?

Dernièrement, je suis en train d’écouter plutôt du vieux reggae comme Jimmy Cliff ou encore Toots And The Maytals. Mais j’écoute aussi le rappeur Slick Rick donc tu vois beaucoup de choses différentes. Toutes les semaines je suis fasciné par un artiste différent.

Tu es un peu un digger  ?

Je n’ai pas eu le temps de faire ça depuis un moment à cause du Covid. Quand j’étais plus jeune, j’allais au Princeton Record Exchange dans le New Jersey qui est un des plus grands magasins de vinyles de tous les temps. J’y ai découvert tellement de musiques incroyables. Tout ça juste en cherchant des vinyles et en se demandant ce que c’était ou encore avec ce qu’on entendait comme vinyle dans le magasin. C’est ce qui m’a fait m’intéresser à la musique des années 60 et 70.

Tu as dit dans une interview que tu aimais la solitude. Tout d’abord comment tu fais pour la trouver  ? Ensuite, avec tous les confinements aux États-Unis tu devais être au paradis  ? Est-ce que ça t’a aidé pour écrire l’album  ?

Comme je disais, beaucoup de chansons de Cookbook ont été écrites avant les premiers confinements. Mais j’ai grandi en tant que fils unique, je suis un solitaire dans pas mal de choses. Quand je suis à la maison, je vis avec ma copine et on vit notre vie. Quand je pars en tournée c’est là où je prends le temps de sortir avec des gens, de rencontrer de nouvelles personnes et de me coucher tard. (rires) Mais quand je ne suis pas en tournée je peux être parfois comme un ermite. Mais ça fait beaucoup trop longtemps qu’on n’a pas tourné donc là je suis impatient de retrouver tout ça.

Dans la chanson River Of Doubt, tu évoques le fait que tu nages dans le doute. De quels doutes parles-tu  ?

Le type de doute que tout le monde peux expérimenter. Je suis un artiste et je travaille sur différents projets en même temps. Je n’ai pas forcément la confiance nécessaire sur certains de ces projets. Parfois, ça nécessite l’aide de mes amis pour me dire de continuer dans ce que je suis en train de réaliser. M’aider à me sortir d’un manque de confiance en moi. Je peux être très dur avec moi. Je stresse assez facilement et mes amis m’ont définitivement aidé à traverser ce genre de moment. J’essaye de ne pas être aussi stricte envers moi en ce moment. Donc cette chanson est dédiée à tous ces amis qui m’ont aidé à me sortir de ces doutes.

Et à qui est cette douce voix à la fin de la chanson  ?

Elle s’appelle Ella Williams et joue dans un groupe qui s’appelle les Squirrel Flower. Elle vient de sortir un nouveau single sur Polyvinyl Records qui s’intitule Hurt A Fly. Ella est incroyable et je crois que sa carrière commence vraiment à décoller. Cela fait des années qu’elle joue et elle reçoit enfin beaucoup d’attention pour son travail. Je la connais depuis 2015, nous l’avions programmé à notre grange où l’ont fait des concerts. Elle est, elle aussi, de New Hampshire.

Song for the Gonz est un morceau instrumental en hommage au skateborder des années 90 Mark Gonzales. Pourquoi cette chanson hommage  ? Es-tu un fan  ?

J’ai grandi en faisant du skate. Je lui doit à lui et Ed Templeton, ces deux skateurs, pas mal de musiques et d’arts dans lesquels je me suis plongé. Je n’avais pas de grand frère cool pour me montrer ce genre de choses quand j’étais jeune. C’était eux, qui à travers différentes vidéos, m’ont fait connaître certaines musiques et différents arts. Puis j’ai toujours été fan de Mark Gonzales car n’importe quel skateur sait que c’est lui qui a tout commencé.

Quand j’ai enregistré cette chanson, ça a comme surgit dans ma tête en me disant  : «  Hey  ! Ça pourrait ressembler à une chanson sur laquelle Mark aurait pu skater  ». Je ne me rappelle plus exactement sur quelle musique il skatait mais je crois qu’il y avait du John Coltrane. En tout cas, il faisait ça sur du jazz. Beaucoup de chansons de l’album sont des remerciements à tous ces gens qui m’ont construit.

Tu as participé à d’autres groupes comme Quilt et Wood, et maintenant tu as The Yawns. Est-ce que tu as d’autres nouveaux projets en préparation  ?

Je joue avec un groupe qui s’appelle Cut Worms. Je joue du clavier pour lui. Il a sorti un nouvel album, il y a quelques mois sur Jagjaguwar Records, assez incroyable. Ce n’est pas vraiment un nouveau projet car c’est le groupe de Max Clarke. Il habite à New York et il m’envoie des chansons pour que je joue dessus et je lui renvoie la chanson avec ma partie de clavier. J’espère surtout qu’on pourra repartir en tournée bientôt.

Est-ce que tu as des nouvelles de Kevin Morby avec qui tu as joué dans le groupe Woods  ?

On s’envoyait des messages il y a quelques jours. Par ailleurs, on a une étrange amitié car on se moque beaucoup l’un de l’autre. (rires) Mais ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu.

Comment expliques-tu tous ces groupes qui s’inspirent de la musique pop et psychédélique des années 60-70  ?

J’ai plus l’impression que c’est en déclin. Je vois que les gens de mon âge et plus sont vraiment dans la musique des années 60. Ainsi, ils imitaient ce style dans leurs enregistrements mais la plus jeune génération est comme passée à autre chose. Comme les années 80-90 ou les chansons populaires qui touchent plus les jeunes. Je ne saurais pas l’expliquer. Pour ma part, ce sont des musiques avec lesquelles j’ai grandi. On écoutait et idolâtrait les Rolling Stones et les Beatles donc ça me paraissait naturel que ma musique ressemble à ce qu’ils faisaient.

Keep on Dreamin est une belle chanson sur l’espoir. Quelle genre de rêve souhaites-tu atteindre  ?

J’ai eu un rêve très étrange hier soir. C’était à propos d’un cheval qui faisait des bêtises et galopait partout, puis mes amis essayaient de le calmer mais le cheval n’arrêtait pas de s’échapper. Du coup, peut-être que j’aimerais remonter à cheval bientôt (rires). En fait, cette chanson est une reprise du chanteur de country Hub Reynolds. Elle est très obscure. Il y a ce label qui s’appelle Numero Group et ils ressortent des pépites country, funk et soul. Un de mes amis au travail m’a montré ce morceau de Hub et je l’ai trouvé incroyable. Ça a été un peu un choix de dernière minute et je me suis dit  : «  Tu sais quoi  ? Je m’en fiche, je veux mettre une autre chanson sur l’album  !  ». Ma version est complètement différente de l’original. J’ai même changé quelques paroles. J’aimais surtout la mélodie.

Pour finir, ton album s’appelle tout de même Cookbook. Du coup forcément, quelle est ta meilleure recette de cuisine du moment  ?

Je suis à fond dans cette recette de shakshuka qui est un plat israëlien. C’est assez basique. Il y a des oignons, des poivrons rouges, des tomates écrasées et tu y mets des œufs pochés, de l’ail ou encore de la feta. C’est vraiment le top.

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