© Garçons Sensibles, Sébastien LIFSHITZ – Émission médicale, l’homosexualité, 1973
À Arles, les vacances s’arrêtent mais pas la culture. Les rencontres de la photo continuent jusqu’au 26 septembre et la nouvelle Fondation Luma de Maya Hoffmann vient d’ouvrir ses portes. De quoi adoucir la rentrée.
Après leur annulation l’an passé, covid-19 oblige, les Rencontres de la photographie d’Arles reprennent du service. Désormais dirigé par Chrisoph Wiesner, ancien directeur de Paris Photo. Pour cette 52ᵉ édition, le Festival a souhaité mettre en avant des sujets à la mode (le genre et les identités) tout en programmant quelques expositions évènements : la belle rétrospective Sabine Weiss (Chapelle du Museon Arlaten) ou l’exposition sur les collages de Charlotte Perriand (Monoprix).
Sébastien Lifshitz en maître
Sur les questions de genre et d’identités, les expositions proposées à la Mécanique Générale sont celles qui retiennent le plus l’attention. On s’arrête notamment longuement devant la série de Clarisse Hahn sur les vendeurs à la sauvette, les dealers de Barbès (Princes de la rue) ou encore les sensuelles photos de soldats israéliens d’Adi Nes. Ces clichés ne sont pas sans rappeler l’esthétique des films de Nadav Lapid. On sourit ensuite avec beaucoup de tendresse devant les fausses photos de famille d’Hans Ekjelboom. Le photographe, parcourant les banlieues résidentielles l’après-midi, propose aux mères au foyer de remplacer leur mari le temps d’un portait avec enfants. Mais l’œuvre qui séduit le plus est de loin le court-métrage de Sébastien Lifshitz Garçons sensibles. Réalisé entièrement à partir d’archives télévisuelles des années 1950 à 1970, le film retrace l’histoire de la représentation de l’homosexualité masculine à la télé française. Sujet à la fois tabou mais dont on se parle volontiers dès qu’il s’agit de s’en moquer. On y voit entre autres Jacques Brel imiter “une folle” en chantant, Yves Morouzi (dont on apprendra l’homosexualité bien plus tard). On peut l’observe rougir devant l’effeuillage d’un Iggy Pop bien plus à l’aise avec son identité sexuelle. Même si les mentalités changent progressivement (lors d’un extrait de micro-trottoir, les “français” semblent finalement bien moins homophobes que leur télé…), on mesure le chemin qui reste alors à parcourir pour en finir avec ces préjugés.
La rayonnante Fondation Luma
Évidemment à Arles cet été, il y avait un évènement majeur qui n’était pas directement lié aux rencontres de la photo. Après plusieurs années de travaux, la tour de la Fondation Luma érigée par Frank Gehry a enfin ouvert ses portes. Lieu d’exposition mais aussi de travail qui propose des salles de répétition, plantée au milieu d’un magnifique parc, la Fondation voulue par Maya Hoffmann, héritière des laboratoires pharmaceutiques Hoffman-La Roche, domine désormais Arles. Si la majorité des œuvres présentées à l’intérieur sont pour l’instant assez convenues (beaucoup de stars type Philippe Parreno ou Urs Fischer), on ne peut pas longtemps résister à l’enthousiasme procuré par les deux toboggans de Carsten Höller (Isometric slides) qui permettent aux petits et grands enfants de redescendre du deuxième étage au rez-de-chaussée.
Le bâtiment en lui-même s’avère finalement assez réussi même si, là aussi, il est très convenu au regard de la production de l’architecte américain. On s’interroge quand même sur le choix de cette personnalité qui a déjà signé de nombreux monuments culturels en France et à l’étranger. Avait été confiée, il y a quelques années, la Fondation Louis Vuitton, d’une ampleur et d’un gabarit financier tout autre. Bien que réussi, le projet arlésien souffre un peu de la comparaison.
Les rencontres de la photographie à Arles jusqu’au 26 septembre. Informations et réservations : ici La Fondation Luma à Arles. Ouverte tous les jours de 10 à 19h30. Gratuit. Réservations : ici