CINÉMA

« BAC Nord » – Flics ou voyous

© Jérôme MACE/Chifoumi Productions

Avec BAC Nord, Cédric Jimenez (La French) signe un polar musclé autour du scandale de l’arrestation des policiers de la BAC de Marseille en 2012.

En 2012, un fait divers a fait grand bruit et a secoué le Sud de la France. À Marseille, plusieurs policiers de la BAC (Brigade anti-criminalité) étaient arrêtés. Les chefs d’accusation étaient nombreux  : corruption, racket, recel… De flics à voyous, il n’y avait qu’un pas que ces gardiens de l’ordre ont franchi. Malgré eux. C’est ce que montre Cédric Jimenez dans BAC Nord, son dernier film. Après le drame historique HHhH et son casting international (Jason Clarke, Rosamund Pike…), le cinéaste français revient à ses premières amours  : le polar. Ce quatrième long-métrage synthétise les thématiques qui étaient déjà exploitées dans ses deux autres films que sont Aux yeux de tous (le montage nerveux, le mélange entre réalité et fiction, etc.) et La French (la ville de Marseille, les références directes au cinéma américain, etc.).

Bac Nord est le récit d’une descente aux enfers. Celle de trois policiers qui prennent ici les traits de Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou. Trois acteurs populaires que le spectateur identifie instantanément et dont il prend la défense. Car c’est justement de cela dont il va être question ici. De réhabilitation. Cédric Jimenez ne filme pas ces trois flics comme des voyous qui ne vaudraient finalement pas mieux que tous les bandits qu’ils pourchassent. Au contraire, ce sont surtout des victimes. D’une hiérarchie qui souhaite toujours plus de résultats. D’une société dans laquelle ils peinent à joindre les deux bouts. Tout en lorgnant évidemment du côté du registre policier, BAC Nord est également un film social. Ici, Marseille se dévoile uniquement par le biais de ses quartiers populaires. Bien loin de l’image chantante et pagnolienne d’autrefois ou de la destination branchée qu’elle est aujourd’hui.

Tambour battant

L’un des points forts du film reste évidemment son rythme. BAC Nord est un long-métrage lancé à toute puissance et qui ne faiblit jamais. Les scènes d’arrestations dans les cités sont proprement stupéfiantes et ne sont pas sans rappeler celles du film Les Misérables de Ladj Ly. Ces deux propositions cinématographiques sont des chocs, chacune à leur manière. Dans les deux cas, il convient de parler de cinéma «  coup de poing  ». Les personnages en donnent mais en reçoivent également en retour. Comme le spectateur peut s’y attendre (au regard de l’affaire, connue de tous), le dénouement du film de Cédric Jimenez n’est pas en faveur de ses protagonistes.

À la manière des récits évoquants des ascensions immédiates suivies de chutes vertigineuses, BAC Nord montre des hommes qui se retrouvent acculés, broyés par un système judiciaire dont ils ont pourtant été les acteurs. Au dernier festival de Cannes, où il a été présenté Hors Compétition dans la Sélection Officielle, le film a fait grand bruit. Pour son casting de stars bien sûr mais aussi pour son traitement cinématographique sans concessions.

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