Dans la rue, à Kinshasa, des étrangers se retrouvent le temps d’une nuit. Une pièce qui, en dépit d’un texte maladroit, produit quelques délicieuses fulgurances.
Que ta volonté soit Kin, c’est un bout d’avenue à Kinshasa en fin de journée. On boit des coups entre amis, on lave son linge dans une bassine, on écoute la radio, on discute, on s’embrasse. Puis l’électricité se coupe. Voilà le quotidien de ces habitants de Kinshasa. Progressivement, deux figures féminines se dégagent. L’enjouée Lily, narratrice loquace de cette nuit, et la ténébreuse Sophie, murée dans un demi silence depuis la mort de son amour Michel.
Le metteur en scène burkinabé Ariside Tarnagda adapte ici un texte de l’artiste congolais Sinzo Aanza qui célèbre autant qu’il dénonce la situation dans l’ex-colonie belge. Dans son ensemble, le texte pêche par son lyrisme maladroit, comme si toutes les phrases comportaient trop de mots. Les acteurs ont parfois du mal à les finir et le spectateur à suivre la pensée jusqu’au bout, d’autant plus que les métaphores utilisées apparaissent souvent comme enfantines. Les affres intérieures des personnages, les peines de cœur de Sophie et le coaching de Lily lassent rapidement.
Fresque grinçante
Il arrive toutefois que, au milieu de ce magma de mots, surgisse une scène épatante. En général, il s’agit de dénoncer un aspect de la société congolaise. Les politiques évidemment, tous arrivistes et corrompus. Même la figure de Lumumba ne sort pas indemne. Les fonctionnaires, incapables d’alimenter le pays en électricité. Les sapeurs aussi, taxés de « chimpanzés en cravate ». Les gendarmes évidemment, complices idiots de la caste politique. Les vieux, accusés de s’accommoder de la situation et de toujours vivre dans le passé. Dans un joyeux tintamarre, la pièce se fait alors grinçante, et c’est dans ce domaine qu’elle excelle.
La mise en scène parvient également, sans idéalisme ni misérabilisme, à retranscrire la vie des petites gens de Kinshasa. Les difficultés du quotidien évidemment, en particulier pour les femmes, mais aussi la solidarité indispensable pour s’en sortir, la passion de la joute oratoire. La pièce ne saurait être vraiment optimiste mais, en faisant dans ces moments-là le pari de la légèreté et de la poésie, elle offre la possibilité d’envisager un futur plus clément.
Que ta volonté soit Kin de Sinzo Aanza mis en scène par Aristide Tarnagda. A l’Odéon-Théâtre de l’Europe jusqu’au 10 juillet. Durée : 1h30. Informations et réservations : Odéon.