L’auteur de The Visit et Glass revient avec un film aussi fou que décousu, où le temps se subit autant qu’il ne se vit sur une plage à priori paradisiaque. Parfois confus dans son rythme, Old vise juste dans sa compréhension générale, car doté d’un vrai sens de l’altérité.
Auteur étudiant les frontières entre le fantastique et le réel (Sixième sens, Phénomènes, Glass), M. Night Shyamalan trouve avec Old un nouveau terrain à ses expérimentations. Il fait partie de ceux pour qui l’étude de l’action est plus importante que l’action elle-même. Un défaut de sensationnalisme et même du vraisemblable chassant les chasseurs de l’extraordinaire. Quand cette histoire nous conte qu’une magnifique plage fait vieillir ses visiteurs à la vitesse d’une année toutes les demi-heures, Shyamalan s’intéresse plus aux raisons d’un tel événement. Rien à faire des conséquences.
Préservation ou adaptation ?
Cela n’empêche pas la présence d’une iconographie. Rides sur les visages, tremblements à l’approche de la mort ou naissance de différents handicaps. Mais au constat du rythme fou adopté par Old, nous comprenons qu’il faut plus s’adapter qu’en comprendre les conséquences. Une altérité vis-à-vis de ce temps qui passe aussi vite. Vivre plutôt que subir. Il est certain que M. N. Shyamalan en demande beaucoup, voire un peu trop. Quand il aspire le réel pour formuler une critique bien réelle de la bourgeoisie, nous ne savons pas trop où il veut en venir. En revanche, quand il constate qu’il y a une incapacité de ces personnages chics de vivre en clique pour échapper au pire, il y a un vrai pouvoir de mise en scène qui se met en place. Au diable la préservation de la survie (il ne s’agit en aucun cas d’un survival-horror), le cinéaste étant toujours du côté de l’adaptation.
Par de nombreux procédés de mise en scène, Old ne semble jamais prendre le parti de ses personnages. Mais ce serait ignorer le romantisme de M. N. Shyamalan de lui reprocher un tel geste, car toujours à la recherche d’une nouvelle perspective pour ses personnages. Old devrait être vu comme une ouverture vers cette possibilité. Au-delà d’une approche de la mort, le film voudrait-il raconter l’amorce de leur naissance, voire de leur renaissance, y compris de la nature ? Nous y croyons. La mise en scène vacille autant que ses personnages : déambulations circulaires sur la plage, montage épileptique et puissance du hors-champ. Ce rythme aussi énergique que déclinant n’est pas la traduction d’un certain sens du spectaculaire, mais de l’altérité dans un contexte spatio-temporel aux forts degrés de métamorphose, où la vie et la mort n’ont plus de frontières.
Résolutions
En outre, c’est aussi une vraie ouverture dans la mise en scène. C’est peut-être la première fois depuis The Visit et son found-footage, voire Phénomènes et son action invisible que M. N. Shyamalan se livre autant à la performance de la mise en scène. Une résolution qui lui va à merveille. Si les effets du huis-clos peuvent donner l’impression de cloisonner certains de ses motifs fétiches comme débrider son cinéma, M. Night Shyamalan reste fidèle à la trajectoire de ses histoires. À l’image de cette (triple) résolution, parfois lourde dans son itération, mais pourtant juste et aspirante dans ce qu’elle raconte. C’est-à-dire le parti-pris du vécu de la nature et de ses composants, au-delà de vouloir la comprendre.