ART

« Hard-Corps » : le corps s’expose sous toutes ses formes au Centquatre

« Catalyseur », Li-Lu June C. © Laure-Anne Ricaud
« Catalyseur », Li-Lu June C. © Laure-Anne Ricaud

Plus que quelques jours pour explorer les œuvres audacieuses et fascinantes de jeunes artistes, qui questionnent et libèrent le corps sous toutes ses formes. Une exposition à découvrir gratuitement jusqu’au 11 juin au Centquatre, dans le 19ème arrondissement de Paris. 

Quel est le rôle du corps dans notre société contemporaine ? Marchandisation de la beauté sur les réseaux sociaux, instrumentalisation politique ou place du corps des femmes dans l’art : rendez-vous dans les écuries du Centquatre-Paris jusqu’au vendredi 11 juin pour découvrir les travaux des élèves de l’école de cinéma et arts visuels Kourtrajmé

Empreints de lucidité et d’espoir, une vingtaine de projets conçus pendant la pandémie pour penser le corps dans toutes ses dimensions : sociale, politique, symbolique, esthétique. Des installations mouvantes et captivantes, de la photographie à la peinture en passant par des vidéos immersives. Des œuvres plurielles qui questionnent notre perception des corps : place des corps sociaux, diktats de la beauté sur Instagram (Catalyseur), amour adolescent et construction de la confiance en soi en période de pandémie (Teen Lovers)… Les corps et les cœurs sont mis à nu pour nous interpeller. 

Le corps comme instrument politique 

Fric Show, fascinante installation visuelle et sonore, expose des danseuses de pole dance qui se retrouvent incrustées dans des univers oniriques en 3D. Pensée ici comme outil de dialogue, leur danse enjoint à remettre en question les normes de sexualité et de respectabilité. Pour nous donner à voir un univers visuel intime mais jamais voyeur. Et pour exprimer un possible déplacement, par l’art, des identités. Brisant au passage les clichés tenaces, ancrés dans l’imaginaire collectif, liés à la discipline. 

« Dansez dansez… Sinon nous sommes perdus »

Pina Bausch

Un muse… Au masculin

Le triptyque de peinture acrylique Dibutades propose une autre vision du corps, en inversant les rôles traditionnels de l’homme peintre de la femme muse. Nous faisant (re)découvrir par la même occasion un mythe grec méconnu : celui d’une femme, Dibutade, dont l’amant part à la guerre, et qui pour le garder auprès d’elle décide de dessiner son ombre sur le mur, comme pour en graver le souvenir. Donnant ainsi naissance au premier geste pictural et à l’invention de la peinture. 

« Dibutades », Cécile Cornet, acrylique sur toile, 130×160, 2021 © Laure-Anne Ricaud

La danse comme symbole de résistance

Dans l’antre des cercles de rue des danseur.ses hip-hop, les corps s’expriment pour créer un espace de dialogue et affirmer leur identité au sein d’un espace public de plus en plus contraint. Le dancefloor se transforme alors en ring politique dans Sueur & Coquelicots. Dans une vie sociale qui se présente comme un entraînement à contraindre les corps, danser devient un acte de résistance politique, mais aussi sociale et artistique. À la manière du coquelicot, fleur rebelle et sauvage, insaisissable et évanescente, qui arrive à percer le béton pour pousser mais se fane sitôt qu’on la cueille. 

« Sueur & Coquelicots », installation © NouN

En bref : une exposition pensée pour laisser une place forte à l’intime, ne nous laissant pas d’autre choix que de s’y retrouver immergé.e. Comme dans le projet photographique et sonore 2060, qui interroge les effets du dérèglement climatique sur nos corps. Par un regard aiguisé et sensible, sur les aspirations et le quotidien d’une jeunesse contemporaine qui par tous les moyens cherchera à s’exprimer.  Après plus d’un an de méfiance à leur égard, il est temps de (re)célébrer nos corps. « N’en déplaise à l’intellectuel, le corps reste le point d’ancrage des sens et le lieu d’interface au monde réel », clament les artistes en devenir. « Nos œuvres et nos volontés portent et crient, comme nos corps qui veulent en découdre et bondir dans la vie qui nous attend, celle qu’on va bouffer à pleines dents ! ». 

Exposition « HARD-CORPS », par l’École Kourtrajmé, jusqu’au vendredi 11 juin 2021, au Centquatre, 5 rue Curial – 75019 Paris. Gratuit sur réservation. Réservez ici (créneaux toutes les 30 min de 10h à 17h30).

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