Juan Wauters, le chanteur folk uruguayen, a sorti son dernier album Real Life Situations le 30 avril dernier. Une sortie riche en collaborations variées. À l’occasion d’un appel téléphonique, on a pu échanger sur la composition de son album mais également sur sa perception du monde. Rencontre.
Es-tu content des retours sur l’album ?
Oui je suis très heureux de l’avoir sorti et de voir comment les gens interagissent avec.
Quel est le featuring que tu as le plus aimé faire ? Pourquoi ?
Je ne peux pas vraiment dire car ils sont tous très différents. Je les aime tous pour une raison particulière.
Par exemple celui avec Mac Demarco, pourquoi aimes-tu cette collaboration ?
Celui-là est assez drôle, on s’est rencontré et on a tout de suite commencé à travailler sur une chanson en partant de rien. En deux jours, on avait écrit et enregistré la chanson. Ensuite, on a fait des arrangements, mixé et fini le son à Los Angeles. C’était marrant de découvrir une autre manière de créer une musique parce que c’est très différent de ce que j’ai l’habitude de faire tout seul ou de ce qu’il a l’habitude de faire de son côté. On a créé une toute nouvelle personne tous les deux, une sorte de combinaison de nos deux personnes.
Tu as écrit une partie des chansons de l’album avant le covid, est ce que tu ressens une différence avec celles que tu as écrite pendant le covid ?
J’ai juste écrit une chanson durant le covid mais j’en ai enregistré quelques-unes. C’est très différent parce que pendant le covid c’était très difficile de voir du monde et donc je devais tout faire tout seul. Le monde entier était très stressé donc c’était très difficile de se concentrer et de faire de la musique. Donc oui, c’était une atmosphère différente mais ça a pris sens à la fin. J’aime qu’il y ait une partie pré-covid et une autre post-covid, c’est une bonne représentation de la période.
On ne ressent pas du tout l’angoisse de la période dans l’album, au contraire en fait. Ce que j’ai ressenti c’est que tu voulais revenir aux choses simples, avoir de l’espoir pour le futur, est-ce ce que tu as voulu partager ?
C’est ma manière de voir la vie, j’ai toujours de l’espoir pour le futur, donc dans un sens je ne l’ai pas fait exprès quand j’ai réalisé l’album. Ma vision de la vie c’est que tout ira bien à un moment donné. Parfois c’est dur de visualiser, surtout en période de covid, mais en même temps chaque jour est différent du précédent et donc je prends la vie de cette manière.
Qu’as-tu voulu partager avec cet album ?
Je n’avais pas d’idée en particulier parce que c’est un album qui touche plusieurs thèmes. Je pense que ce que l’on avait en tête quand on réalisait les musiques ensemble c’est une sorte de célébration de pouvoir vivre la vie que l’on a et de pouvoir faire ce que l’on aime faire. Une sorte de gratitude pour avoir trouvé la voie que l’on voulait prendre. Il faut être reconnaissant et accepter que l’on vit dans un monde privilégié quand on est musicien et que l’on réalise des musiques. Il y a des gens qu’on a rencontré pendant l’année qui ont dû arrêter et c’est pour cela qu’on a voulu faire un album où l’on célébrait le fait que nous on continuait coûte que coûte. Dans un sens ça va bien aussi avec la période covid parce que en ces temps-là il faut que l’on continue même si on a envie de tout lâcher.
Tout au long de l’album tu as inséré des samples de radio, des extraits de conversations, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi les avoir mis dans l’album ?
La plupart sont des enregistrements de la télévision que je regardais pendant le confinement. Il y a un peu de tout ce dont j’étais intéressé, les choses qui attiraient mon attention. Je ne l’ai pas fait avec une envie de faire passer un message forcément qui parlait de notre situation. Inconsciemment j’ai choisi de les mettre dans l’album, comme une déclaration politique, c’est ma propre vision que j’ai du monde : des petites conversations que j’avais dans mon téléphone que j’ai choisi de partager avec le monde que je trouvais intéressantes ; des jeunes parlant de devenir adultes ; deux personnes qui se crient dessus ; un commentaire qui dit de rester calme dans les situations difficiles. Pleins d’informations qui, ensemble, définissent ma vision de la vie.
Donc on peut dire que c’est un peu un journal intime, un journal de bord ?
Oui exactement, mais en même je trouve que ça rassemble plusieurs sentiments, c’est difficile de vraiment dire ce que j’ai voulu dire à la fin. Je pense que c’est une idée générale et chacun peut la prendre comme il la sent.
Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?
Laisse-moi regarder dans mon téléphone… Eh bien plein d’enregistrements de l’album (rires). Non mais d’habitude j’écoute beaucoup la radio donc je n’ai pas écouté quelque chose en particulier, j’écoute pleins de choses mais rien en boucle. La seule chose que j’ai beaucoup écouté dernièrement c’est de la guitare comme Bach.
Pourquoi avoir arrêté The Beets ?
The Beets c’était le groupe qu’on avait avec les amis du quartier. On a commencé cela comme une activité pour nous divertir, comme un jeu. On n’a jamais vu cela comme vraiment structuré ou professionnel. Donc quand on a commencé à grandir, on est parti chacun de notre côté et c’était difficile de garder une osmose ensemble et donc on a décidé d’arrêter. Je continue de jouer parce que j’étais déjà un songwriter à l’époque et puis, je le voulais aussi mais les autres membres ont arrêté. José, l’autre membre principal du groupe a complètement arrêté après il y en a d’autres qui continuent de leur côté.