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Rencontre avec Rozenn Morgat – « Rescapée du goulag chinois » : le témoignage d’une survivante ouïghoure

Dans son livre, Rozenn Morgat raconte à la première personne le premier témoignage glaçant d’une survivante ouïghoure. Surveillée, arrêtée et placée dans un camps de rééducation, la journaliste relate le cauchemar vécu par Gulbahar Haitiwaji.

« Tu seras sûrement interrogée au commissariat, mais ne panique pas, c’est normal. » Être arrêté et invité à prendre le thé avec les policiers est une habitude pour les Ouïghours, communauté turcophone majoritairement musulmane de la province chinoise du Xinjiang. Pourtant après dix ans de vie en France, quand Gulbahar Haitiwaji est convoquée pour signer des papiers en Chine, elle ne se doute à aucun moment qu’elle n’y restera pas deux semaines, mais trois ans. 

Sur place, elle est arrêtée, interrogée et mise en garde à vue. Accusée de terrorisme, les autorités chinoises lui montrent une photo. Sourire au lèvre et un drapeau du Turkestan oriental dans la main, sa fille, Gulhumar, se trouve à une manifestation de l’Association des Ouïghours de France. Elle est ensuite incarcérée puis jugée lors d’un procès de neuf minutes sans juge ni avocat. Elle découvre alors le camp de rééducation.

« Rien au Xinjiang ne se passe comme dans le reste de la Chine. Faire disparaître quelqu’un est bel et bien possible. »

Extrait Rescapée du Goulag chinois de Gulbahar Haitiwaji et Rozenn Morgat

Plus d’un million de Ouïghours seraient déportés dans des camps de travail selon Amnesty International. Alors que la Chine affirme qu’il s’agit de «  centres de formation professionnelle  » destinés à aider la population à trouver un emploi et l’éloigner de l’extrémisme religieux, Gulbahar revient détruite physiquement et psychologiquement en France. 

Dans Rescapée du goulag chinois, Gulbahar Haitiwaji raconte la déshumanisation, les stérilisations forcées subies par les femmes et la torture psychologique. Un seul objectif pour les autorités chinoises : effacer leurs cultures et leurs traditions. Rozenn Morgat répond à nos questions sur ce qu’a subit la première rescapée du goulag chinois.

Rescapée du goulag chinois est le premier ouvrage livrant l’horreur du système concentrationnaire chinois. Depuis quand avez-vous commencé à vous intéresser à la question ouïghoure ? 

Quand j’étais en Chine. Avant de travailler pour le journal du Figaro, j’étais correspondante à Shanghaï pour des médias occidentaux, français et suisse. À ce moment-là, je travaillais beaucoup sur des sujets sociétaux et religieux. La région du Xinjiang est assez vite entrée en ligne de compte. Déjà à l’époque, il était impossible d’y mettre les pieds. C’était un endroit complètement bancarisé où personne ne pouvait aller : ni les Chinois et encore moins les Occidentaux. J’ai donc dû faire une croix sur ce voyage. 

Comment êtes-vous entrée en contact avec Gulbahar Haïtiwaji ?

Cela s’est fait à travers sa fille, Gulhumar. À l’été 2018 lorsque je suis revenue de mon séjour en Chine, j’ai toujours eu l’idée de continuer à travailler sur les Ouïghours mais cette fois-ci à travers les diasporas. Les Ouïghours étant persécutés depuis très longtemps en Chine et au Xinjiang, il existe des diasporas assez conséquentes qui se sont formées un peu partout dans le monde comme aux États-Unis et pas mal en Europe aussi. Je me suis intéressée à celles de France, des Pays-Bas et de Belgique essentiellement, et aussi d’Allemagne. 

De fil en aiguille, je suis tombée sur Gulhumar, la fille de Gulbahar. A l’époque, cela faisait quasiment deux ans que sa maman, avait disparue. Elle n’avait plus aucun contact et ne savait pas où elle était. Sa famille, restée là-bas, tentait de la rassurer en lui disant « ne t’inquiète pas, elle va bien ». Pourtant quand elle avait ses tantes au téléphone, elle sentait que sa famille ne pouvait pas tout lui dire. Et la phrase classique qui ressort à chaque fois dans le discours des Ouïghours est de dire que les membres de leur famille sont à l’école. C’est un nom de code pour signifier qu’ils sont dans des camps. Alors quand sa fille comprend qu’elle est en prison, c’est le déclic.

J’ai toujours gardé contact avec Gulhumar, qui a sensiblement le même âge que moi. Nous sommes devenues amies. Un véritable lien s’est crée. Elle continuait à m’informer sur tout ce qu’il se passait auprès de la diaspora jusqu’à que sa mère revienne en France.

Comment l’idée d’un livre vous est-elle venue ?

L’idée du livre n’était pas officielle. Dans un premier temps, j’ai écrit plusieurs papiers sur les diasporas ouïghoures, sur ces familles complètement écartelées et explosées par le régime de Pékin. La fille de Gulbahar intervenait dedans, au même titre que d’autres Ouïghours. En fait, il faut savoir que Pékin fait du chantage sur les diasporas en les menaçant. Si leurs membres ne font pas ce que le régime veut, à savoir espionner en France et à l’étranger pour leur compte, alors ils n’auront plus de contact avec leur famille. Et leur famille sera envoyée dans des camps.

Contrairement aux autres Ouïghours en France, Gulhumar avait un discours très étonnant et atypique. Elle s’opposait ouvertement à la Chine. Elle a toujours critiqué le système concentrationnaire dans lequel était enfermée sa mère. Elle disait haut et fort qu’elle était enfermée dans un camp, sans aucune peur de le dire à voix haute et de dévoiler son identité. Elle était très active sur les réseaux sociaux et en contact avec le ministère des affaires étrangères et l’Élysée. « Elle secouait le cocotier très fort » on peut dire, comparée à d’autres Ouïghours qui, justement, vivaient dans la crainte permanente de se faire prendre par la Chine.

Et à l’été 2019, Gulhumar m’a appelé en me disant « C’est complètement dingue ce qu’il se passe ! Ma mère est libérée, je vais la chercher ». C’était inattendu parce que personne n’est libéré de ces camps. Je parlais avec beaucoup de Ouïghours et c’est la seule qui m’a dit « mon combat a abouti et elle est enfin libre »

L’idée d’un livre commençait alors à mûrir dans ma tête. Une histoire comme celle-là ne pouvait pas se raconter en un simple papier. C’était quelque chose de bien trop puissant. Les gens avaient besoin de savoir dans un format plus pérenne que l’article qui disparaît plus rapidement dans les esprits. Mais lorsque nous avons commencé à nous rencontrer toutes les trois, il n’était pas question ni de la brusquer ni de lui imposer le format du livre.

Comment avez-vous procédé à l’écriture ? N’était-ce pas difficile d’écrire à la première personne quand ce n’est pas votre histoire ? 

Il y a eu plusieurs semaines entre son retour et notre rencontre. Elle est rentrée complètement traumatisée, dans un état physique lamentable. Il fallait qu’elle fasse un gros bilan de santé et elle devait rencontrer plusieurs ONG mais aussi, le Quai d’Orsay. C’est seulement au bout de deux mois, que nous avons commencé à nous voir plusieurs fois par mois et à refaire toute la chronologie de son histoire. À partir de janvier 2020, on a commencé à parler d’un livre. Non pas d’un livre à la première personne mais à la troisième personne dans lequel son nom n’apparaîtrait pas parce qu’elle souhaitait absolument protéger son identité pour ne pas faire courir de risque à sa famille restée au Xinjiang. 

La période d’entretien a duré de janvier à avril 2020. C’est seulement ensuite que je suis passée dans la phase d’écriture jusqu’à octobre. Nous faisions des séries d’entretiens de six à huit heures à raison de deux à trois fois par mois. On a refait toute son histoire, avec une extrême minutie. Il fallait absolument avoir un nombre de détails incalculables. Des citations ne suffisaient pas. On avait besoin d’un tas de détails pratiques, émotionnels qui sont très importants pour la construction d’un récit journalistique. Je lui ai demandé un gros effort car en quelque sorte, je lui faisait revivre son traumatisme. 

Une véritable relation s’est construite avec beaucoup de pudeur. Nous étions très proches car nous voulions construire ce récit ensemble. Mais on continuait à se vouvoyez tout le temps, car nous avons beaucoup de respect l’une pour l’autre. En raison de notre grande différence d’âge en plus, il n’était pas question de devenir ni amies, ni trop proche. 

Gulhumar traduisait tous nos échanges. C’était un effort considérable. Notre relation était basée sur un contrat de confiance. Je ne devais écrire que ce qu’elle souhaitait dire et rien que la vérité. Il n’était pas question de tordre le cou à la réalité pour faire dire des choses un peu spectaculaires qui n’avaient pas eu lieu. Il y a eu un gros travail de vérification des faits. Chaque détail et chaque émotion avaient leur importance, même la couleur d’un mur.

Gulbahar a-t-elle eu peur des répercussions chinoises lorsqu’elle a accepté de mettre son nom en couverture, notamment des représailles envers ses deux sœurs et sa mère restées au Xinjiang ? 

Bien sûr. Mais jusqu’à la dernière minute, il n’était pas question que Gulbahar apparaisse sur la couverture. Elle ne voulait pas. Il n’a jamais été question de la forcer, de l’influencer ou de lui imposer quoi que ce soit. Je voulais respecter sa volonté.

Mais en septembre dernier, lorsque je lui ai envoyé la première moitié du récit – cela faisait parti de notre contrat de confiance – elle a réalisé que c’était son histoire, qu’elle souhaitait l’assumer. Assumer son identité vis-à-vis de la Chine, du Xinjiang, des autorités, c’était plus sécurisant pour elle que de rester dans la zone grise de l’anonymat qui aurait permis à la Chine de la poursuivre et de lui faire peur. 

Le fait que tout le monde la connaisse, la rend imperméable à ce que la Chine peut lui projeter au visage et tenter de l’effrayer. C’est une stratégie qu’utilisent beaucoup les militants Ouïghours en particulier. Plus on parle et plus on fait de bruit, alors plus on est prémunis des menaces de la Chine.

Gulhumar, sa fille, finit par obtenir du Quai d’Orsay sa libération en 2019 après trois ans de calvaire, que ressent-elle à ce moment-là ? 

Tout se passe très vite. Jusqu’à la dernière minute, elle ne sait pas, on la maintient dans un flou permanent en lui disant « Vous inquiètez vous allez être libérée ». Quand elle est libérée, elle est en permanence sous la surveillance des policiers. Elle vit dans une espèce de prison dorée qu’on lui a aménagé pour la reconstruire physiquement et la rendre à la France en bon état. Au moment où elle quitte le camp, elle ne voit quasiment plus rien. Elle est épuisée physiquement. 

La Chine est très maligne. Au lieu de la rendre à la France tout de suite, elle décide de l’utiliser comme une source d’information. Elle lui fait passer des coups de fils à sa famille restée en France et lui demande d’effacer toutes les preuves de son incarcération, en particulier, sur les réseaux. Gulbahar se met à travailler pour les policiers pendant plusieurs mois. Elle est installée dans cette routine et elle a l’impression que jamais cela ne s’arrêtera jamais. 

Du jour au lendemain, un des policiers qui la surveille lui obtient un passeport pour la France. C’est très brutal. Elle ressent un mélange de joie et de tristesse. Elle est contrariée de quitter sa famille car elle sait qu’elle ne reviendra jamais au Xinjiang. Mais en même temps sa mémoire est beaucoup affectée. Les camps lui ont fait oublier les visages de ses proches, leurs voix. Elle est complètement déconnectée et déphasée par ce qu’il lui arrive. Elle pensait partir pour deux semaines, finalement elle y est restée trois ans. Elle n’a pas beaucoup le temps de penser.

Nous avons beaucoup parler de son voyage du retour, des pensées qui la traversaient à ce moment-là. La peur l’englobe. Elle ne réalise pas et croit que tout cela n’est qu’un rêve. Jusqu’à la dernière seconde, elle pense juste à regarder autour d’elle et à vérifier que personne n’est en train de l’espionner ni de la suivre, ni de l’empêcher de rentrer en France.

Comment se passe son retour en France ?

Le retour est difficile. Elle n’a pas reçu l’accueil qu’elle pensait recevoir. La diaspora est très méfiante. Quand une personne revient du Xinjiang après tant d’années, eux se disent forcément que c’est une espionne. Elle a reçu un accueil froid et très distant. Ça l’a beaucoup bouleversé.

Cette répression de l’autorité chinoise auprès des Ouïghours dure depuis des années. La communauté internationale a longtemps fermé les yeux. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi la majorité Han souhaite l’acculturation du peuple ouïghoure ? 

Oui, la persécution des Ouïghours existe depuis l’annexion du Xinjiang que les Ouïghours en 1949. C’est depuis cette date que ce peuple subit des discriminations et des rééducations. La population est complètement persécutée. Cela s’est accentué avec d’une part l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir, qui s’est par la suite auto-nommé président à vie et d’autre part, avec l’arrivée de Chen Quanguo, l’ancien dirigeant du Parti Communiste Chinois (PCC) de la région autonome du Tibet. Il est connu pour ses méthodes extrêmement répressibles. En 2016, il est nommé à la tête du Xinjiang, sensiblement au moment où Gulbahar arrive elle aussi. C’est intéressant de faire un parallèle, car elle atterrit dans les camps au moment où ils sont créés. Elle voit alors le système se développer. 

Le Xinjiang a toujours été une terre disputée entre les Ouïghours et les Han, même sous les Empires chinois. Aujourd’hui cela s’est accentué avec les routes de la soie, le grand projet de Xi Jinping. Le couloir principal de ces routes est le Xinjiang : il faut absolument que la majorité Han ait un Xinjiang totalement apaisée, une terre pacifiée dans laquelle tout le monde puisse travailler sans qu’il ait de soucis. Mais la plupart des Ouïghours ont toujours été très indépendantistes. Il y a eu plusieurs séries d’attentats en 2009 à Ürümqi, la capitale de la province du Xinjiang puis également en 2012 et 2014 pour cette raison.

Le moment où on peut parler de rééducation, c’est à partir de 2016. Le terme « d’éradication » est fort et n’est pas le but de la rééducation. Aujourd’hui on ne peut pas prouver que les gens meurent dans les camps ou qu’ils sont exterminés. Et Gulbahar le dit bien, elle n’a pas vu ça. Elle a vu des gens rééduqués de l’intérieur, on leur lave le cerveau et ensuite on les fait ressortir pour faire en sorte que ce soit des Ouïghours pacifiés. L’idée est de les acculturer et de les assimiler naturellement à la grande culture Han : à la Chine des lampions, celles des dragons, du tai chi et du thé au jasmin.

« Il faut qu’on te vaccine, Gulbahar, tu as cinquante ans, ton immunité est réduite, et tu risques d’attraper la grippe si tu ne le fais pas. » On apprend par la suite les femmes perdent leurs règles. Sensiblement, nous sommes amenés à croire qu’il s’agit d’un moyen pour les stériliser et donc qu’elles n’aient plus d’enfants. L’un des critères pour qualifier un génocide, sont les mesures visant à restreindre les naissances au sein d’un groupe. Peut-on selon vous parler de génocide des Ouïghours ?

On parle totalement de génocide. À partir du moment où un pays ou une population veut faire disparaitre une ethnie par le biais de la stérilisation, c’est un génocide.

Mais ce n’est pas la vaccination qui leur fait perdre leurs règles. Gulbahar a été vaccinée plusieurs fois. Elle se rend compte que les autres femmes subissent une aménorrhée et qu’elles perdent leurs règles. Mais elle ne peut pas le prouver pour autant. Il y a un énorme soupçon. C’est seulement quand elle revient en France et qu’elle lit le rapport du chercheur allemand Adrian Zenz sur les campagnes de stérilisation qui se produisent à l’extérieur des camps de rééducation, qu’elle se rend compte que c’est ce qu’elle a vécu. Entre la nourriture et du médicament qu’on lui mettait dedans, la lumière toute la journée dérègle le cycle, et les piqures, c’est un combo parfait pour dérégler le cycle hormonal. Mais ce ne peut pas être que la vaccination qui leur fait perdre leurs règles. 

Depuis plusieurs mois, une réelle prise de conscience est née notamment avec l’engagement de l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann et de la jeunesse sur les réseaux sociaux. Pensez-vous que cela suffise pour faire fermer les camps ? 

Le travail est encore long, mais le levier économique qui a été activé avec Dilnur Reyhan, la chercheuse avec laquelle travaille Raphaël Glucksmann est un grand pas. Le fait d’avoir épinglé les grandes marques qui font travailler les Ouïghours, c’est déjà énorme. Cela a fait réagir aussi bien le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire que Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, qui s’est exprimé en dénonçant un « système de répression institutionnalisé » des Ouïghours par la Chine.

Cela nous concerne tous directement. Quand on sait qu’un t-shirt H&M est fabriqué par un Ouïgour rééduqué, ce n’est pas la même chose que de savoir qu’il existe des Ouïgours quelque part dans le monde enfermés dans des camps. Cela créé un lien supplémentaire. Et le boycott des grandes marques et la manière qu’ils ont de les épingler sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram est un levier complémentaire de seulement les dénoncer.

Mais c’est le travail reste encore difficile. Prenons l’exemple de la sortie de l’enquête sur les violences sexuelles dans les camps de la BBC. Seulement quelques jours après, ils ont été boycotté par Pékin et ne peuvent plus y travailler. C’est vraiment un bras de fer interminable. C’est à la fois terrifiant et fascinant parce que la Chine n’a pas l’intention de rendre les armes et aucune délégation étrangère n’a été visiter des camps, à part des délégations acquises de Pékin. L’ONU n’a jamais mis un pied au Xinjiang, il reste énormément de travail.

Pourtant même si des voix se lèvent, selon une enquête australienne de l’Institut de politique stratégique (ASPI),  publiée en septembre 2020, la Chine compte 380 « centres de détention présumés » au Xinjiang. Et plus d’un million de personnes seraient internées dans ces « camps ». La Chine se défend en affirmant qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme religieux. Alors que de plus en plus de preuves accablent le régime chinois, l’Union européenne réagit timidement de peur des représailles chinoises ? 

Évidemment. Elle ne réagit pas assez fortement pour la simple raison, qu’elle sait qu’il y aura des conséquences de la part de la Chine. Si l’Europe se positionne clairement et de manière défensive pour la cause Ouïghoure alors la Chine coupera forcément les ponts sur beaucoup de sujets. Froisser la Chine c’est se fermer les portes sur un plan commercial et économique. Les démocraties occidentales ont du mal à prendre leur courage à deux mains. Au Canada par exemple le Parlement est beaucoup plus offensif et reconnaît un « génocide » contre les Ouïghours en Chine. D’autant que les Jeux Olympiques arrivent, cela ajoute une couche de complexité et de difficulté supplémentaire pour les pays européens. C’est un subtil équilibre à trouver, il faut du courage. Cela va prendre du temps. 

Pour terminer, pouvez-vous nous dire comment se sent aujourd’hui Gulbahar ? 

Aujourd’hui, Gulbahar se concentre beaucoup sur sa famille, sur les siens notamment sur le fils de Gulhumar. Elle est dans un équilibre de vie très sain, très aimant entourée des siens. Elle reste dans une dynamique très peu politique et a pour optique de rattraper le temps perdu avec sa famille. Le fait d’avoir dû se replonger dans ces trois années, lui ont permis de cicatriser, de tourner la page et de reconstruire sa vie. 

Couve Gulbahar HD bandeau

Gulbahar Haitiwaji, Rozenn Morgat, Rescapée du goulag chinois, 2021, Éditions des Équateurs, 244 p., 18€

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