C’est au studio Maurice à Paris que nous rencontrons Marie Papillon, à l’occasion de la diffusion de sa mini-série diffusée sur Téva à partir du 22 mai 2021. La série au format tiré d’Instagram est colorée, absurde et drôle. Marie Papillon l’écrit, l’incarne et la co-réalise avec Julie Gali. Rencontre.
À travers ces cinquantes épisodes on suit la vie de Marie, interprétée par Marie Papillon, qui entend les objets de son quotidien parler. La trentenaire adepte de paréidolie au cœur d’un univers poétique et décalé dévoile aux spectateurs, en réalité, sa conscience. Elle est confrontée à des sujets de société tels que l’écologie, la sexisme ordinaire ou l’homosexualité. Dans sa série Marie Papillon nous fait rire, nous interpelle et se dévoile.
Cette série se présente dans un format particulier, cinquante épisodes de deux minutes chacun, pourquoi ce choix de format court ?
Parce que j’ai l’habitude des formats courts sur Instagram, c’est un exercice qui me plait. Aussi, parce que Téva cherchait son nouveau format court et quand ils m’ont proposé, je me suis dis : « ce serait super qu’on réussisse à créer une histoire qui suive l’évolution des personnages et que indépendamment des uns des autres les épisodes racontent aussi leur histoire. » Si tu suis la série, tu comprends l’histoire des personnages, si tu regardes qu’un seul épisode tu comprends quand même. Et, j’aimais bien l’idée de faire passer des messages au travers d’épisodes assez courts.
Cette série est issue d’Instagram. Est ce que vous pouvez nous expliquer comment elle est née ? Vous avez aussi fait participer votre communauté.
Je voyais déjà des visages sur des objets plus jeune. Je me disais « il n’y a que moi qui voit des têtes ? », et là en les mettant sur Instagram je me suis rendue compte que pleins de gens m’identifiaient sur des photos. C’est eux qui m’ont donné l’idée de cette série, dans le sens où je savais que ça plaisait à des gens. Je me suis demandé comment j’allais faire pour les remercier, pour les faire un peu participer. Du coup, j’ai créé un casting d’objets, j’ai reçu presque 400 candidatures. J’ai sélectionné 40 objets facilement transportables. Donc dans la série tu as une ceinture d’une abonnée, une agrafeuse, un petit radiateur. Et, c’est trop mignon parce que j’avais l’impression d’avoir ces personnes là avec moi, d’avoir de leur énergie.
Cette série c’est aussi une première expérience pour vous, vous l’écrivez, jouez dedans et la co-réalisez. Elle est produite par Hortense d’Estève pour Radar films. Comment cela s’est déroulé ?
J’ai mûri l’idée pendant le premier confinement et ensuite j’ai écrit pendant le deuxième. Cette expérience d’écriture et de réalisation s’est super bien passée. Ce projet c’est mon bébé. Je joue dedans parce que c’est un peu ma vie fictionnée en vrai, il y a beaucoup de choses qui rappellent ma vie. J’avais envie de réaliser parce que j’ai une manière de mettre en avant les objets sur Instagram et c’était important pour moi que ce soit pareil à l’écran. Mais Julie Gali, qui elle est une vraie réalisatrice et pas un bébé réalisatrice, était là pour m’appuyer parce qu’elle a une vraie vision. Elle est intervenue aussi sur l’essence du projet en global. L’écriture, c’était aussi important pour moi. Je ne me voyais pas seulement écrire, jouer ou réaliser, je voulais vraiment faire les trois.
Concernant le fond de la série et les thème abordés, chaque épisode délivre un message particulier.
Oui, il y a des messages soit très légers, soit des messages plus profonds comme sur le sexisme ou l’homosexualité. Je voulais en quelque sorte sensibiliser par l’humour.

Il y a une épisode sur la société de consommation notamment, c’était une sorte de critique de notre société ?
Oui, complètement. Effectivement, à mon niveau j’essaie de faire attention à ça, je suis pas irréprochable. Avant tout je suis attachée aux objets parce que pour moi ce sont des souvenirs. Je trouve ça dingue qu’on jette, qu’on jette… On est dans une espèce de production permanente. Il y a de plus en plus de personnes et de marques sensibilisées là-dessus mais il faut aussi sensibiliser les gens. Ce qui est drôle dans cette épisode là c’est qu’il y en a une qui est à fond et l’autre qui commande à manger, qui ne se rend pas compte. C’est une manière de sensibiliser ; mais aussi de dire « c’est pas grave si tu t’en es pas rendue compte tout de suite. » Tous les costumes de la série sont des vêtements recyclés d’ailleurs. C’est Sarah Bejaoui qui travaille à SoukMachine qui a fait les looks.
On comprend que ces objets représentent la conscience de Marie, personnage principal, qui parle. Chaque objet a un peu son rôle phare ; le fauteuil est réconfortant il tient le rôle d’un psychologue, les brosses à dents sont un peu là pour donner des leçons. Comment avez vous écrit ces personnages ?
Cela s’est fait à la tête des objets. Le psychologue c’était un clin d’œil à mon amie et autrice Lison des Caractères. Elle interprète un personnage qui s’appelle Yvan sur son compte Instagram. Les brosses à dents c’est parce qu’elles sont beaucoup, le truc d’accumulation, et elles ont une petite tête. Puis, le but d’une brosse à dents c’est que tout soit clean. Inconsciemment, je peux aussi m’inspirer de mon entourage mais c’est plus à la tête des objets que j’interprète leur « personnalité ».
Concernant la réalisation en tant que telle, est-ce que vous avez eu des inspirations en particulier ?
Pas du tout. C’était vraiment un travail avec Julie qui voyait comment je filmais sur Instagram. Julie a des références cinématographiques que moi je n’ai pas, donc on a fixé les cadres ensemble. Elle a compris la mécanique que je recherchais concernant la relation des objets avec moi. C’était vraiment une collaboration à ce niveau là. Il fallait que ce soit efficace et percutant.
Est ce que vous pouvez un peu nous parler du casting ?
Le papa c’est Olivier Marchal car j’adore ses films. J’étais fan de lui à la base. Il fait un super papa dans la série. Ça a été une vraie rencontre. Après, il y a Alexandra Roth, pareil une actrice que je ne connaissais pas au début, je l’ai vu dans La Belle Équipe. Je l’ai vu une fois et je me suis dis « je veux que ce soit Alexandra ». Elle est rayonnante, elle est solaire, t’as envie d’avoir une meilleure amie comme ça. Puis, Mélodie Vaxelaire qui a la base ne fait pas d’acting. Je l’ai remarquée sur un défilé où elle dégageait tellement un truc de fou que je me suis dis qu’elle serait parfaite pour jouer la petite amie.

En écrivant vous pensiez déjà au casting ?
Oui, j’avais déjà choisi le casting. J’avais la base de ce que je voulais comme personnage mais au fur et à mesure j’écrivais en fonction des acteurs. Ce qui est drôle, c’est que dans la série on a la même relation que dans la vraie vie. On a réussi à avoir une relation de complicité qui se rapproche de la fiction.
Est ce que tu as des futurs projets à nous partager ?
Il y a la série d’Agnès Hurstel, Jeune et Golri qui sort dans laquelle j’interprète le personnage d’Adélaïde. J’ai aussi joué dans un policier noir, Entre la vie et la mort, dans lequel je joue une flic. Ensuite, je sors un livre d’illustration avec Blanche Sabbah, du compte La Nuit remue Paris, illustratrice engagée. Le livre s’appelle Marinette, je l’écris et elle l’illustre. C’est l’histoire d’une petite fille qui pose des questions de société à sa mère. Le but c’est aussi de toucher petits comme grands et surtout d’établir un dialogue autour de ça, sans tabou.
Marie et les choses, par Marie Papillon, diffusée sur Téva et disponible en replay sur 6Play