Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette deuxième sélection du mois d’avril, l’énergie garage de We Hate You Please Die, une balade lo-fi avec Gaétan Nonchalant, une virée cosmique et nostalgique avec Johnny Jane.
We Hate You Please Die – Can’t Wait To Be Fine par Gaëlle Manach
Aller mieux, c’est sans doute le mantra qui nous porte tou·te·s tant bien que mal dans ce tunnel torturé de la jeunesse. – We want to be fine, please start to be fine – We Hate You Please Die martèle tout cela dans le premier single d’un bel album à venir le 18 juin prochain. La musique est ici fédératrice, collective, porteuse de sens. La réalisatrice et monteuse Gaëlle Manach use d’un beau mouvement de caméra très esthétique, entre clair et obscur, intérieur et extérieur, qui fonctionne avec une fluidité et une mise en mouvement constante. L’énergie garage qui se dégage de ce single est plus que jamais vivifiante, nécessaire, son impertinence nous porte pendant ces quelques minutes inscrites hors du temps.
Caroline Fauvel
Johnny Mafia – Trevor Philippe par Nathan Bouam
Trevor Philippe, clip du second titre dévoilé par Johnny Mafia, extrait du prochain album Sentimental. Le groupe n’a pas lésiné sur la dérision pour ce nouvel extrait. Petit point sur l’histoire d’une coïncidence tout à fait cocasse du titre : la ressemblance entre le personnage Trevor Phillips dans le jeu vidéo Grand Theft Auto V et notre ancien Premier ministre Edouard Philippe. A partir de cela, je vous laisse imaginer l’ambiance du clip. Le lieu tout à fait champêtre d’une ferme à la française, filmé dans un traveling déjanté et d’un humour beauf inspiré de la campagne profonde états-unienne, rythmé par des cascades et des tours de motos. On est loin de leur dernière sortie vidéo I’m Sentimental plus brumeux et surréaliste. Pour résumer, Trevor Philippe c’est du punk à l’état brut mis en image dans une vidéo burlesque.
Eva Duc
Emma Peters – Fous par GPS
Nouvelle signature du label LOCAL, Emma Peters dévoile ici son premier clip. Autrice et compositrice, la jeune chanteuse de 24 ans s’enferme dans une boite de studio d’enregistrement pour un live. Entre un « Je suis prête » annoncé en riant avant que la caméra ne prenne le large à un « C’était bien ? » malicieux en sortant du studio, sa voix chaude nous prend directement aux tripes. Repérée sur YouTube pour ses covers notamment celle de Clandestina mais aussi de Jorja Smith, L’Impératrice ou encore d’Alain Souchon, avec ce premier titre, Fous, elle affirme ses paroles à elle et sa singularité. Des mots qui viennent du coeur qu’elle entonne avec simplicité : « Cherche pas à leur plaire. Ils ne savent pas quoi faire de nous. On est bien trop fous. Ils voudraient nous faire taire c’est tout ». Un refrain entêtant, une invitation à assumer qui l’on est, entre chanson française et hip-hop, Emma Peters se raconte et annonce un premier album à venir et à suivre évidemment.
Diane Lestage
Gaétan Nonchalant – Les Légumes par Léo Schrepel
Direction la Défense avec Gaétan Nonchalant et son nouveau titre Les Légumes. Après son Ep Tout ça pour ça sorti en mai 2020, le chanteur revient avec cette balade lo-fi et pop Katerinesque toute douce. Une ode aux légumes filmée par Léo Schrepel dans une Défense complètement déserte et scintillante de par le soleil. Gaétan, arrosoir à la main, arpente les rues, encerclées par cette énorme architecture capitaliste, pour y trouver un peu de verdure. Le chanteur nous invite au lâcher prise, au laisser aller, afin de se nourrir seulement du plus important, de l’eau et du soleil. « Cette plénitude du légume », comme il l’appelle, nous demande qu’une chose : de nous mettre au vert en attendant son nouvel Ep prévu pour la fin d’année.
Thomas Soulet
Johnny Jane – Maintenant par Carl Amiard
Après un premier EP Au pire c’est rien, sorti l’année dernière, l’artiste Johnny Jane livre son nouveau single, Maintenant : virée cosmique et mélancolique. Le titre qui fait figure de balade pop nostalgique, s’image des foulées du chanteur capturées par Carl Amiard, sous un ciel de lune. Sur une musique électronique constellée de quelques accords de guitares, le chanteur déverse ses mots tortueux et spleenétiques d’une voix vocodée. C’est beau, c’est juste, c’est synthétique et enivrant. C’est le nouvel et divin enchantement à adopter pour la saison printanière.
Leelou Jomain
S A Y C E T – SOLARIS par Julie Joseph
Impossible de regarder le nouveau clip de S A Y C E T sans en ressortir fasciné. Après un EP sorti en mars, l’artiste nous dévoile un incroyable court-métrage animé, SOLARIS, en amont de son nouvel album à venir. Durant 4 minutes 15 précisément, l’artiste nous embarque dans son monde imaginaire. On y suit divers personnages et créatures, aux apparences ultra-détaillées, dans des lieux tout aussi précis de minutie. Le tout avec une harmonie de couleurs savante. Pas étonnant quand on sait que la réalisatrice, Julie Joseph, a passé deux ans sur ce court-métrage. Une petite merveille.
Manon Vincent
Wolf Alice – Smile par Jordan Hemingway
Notre nez se souvient de l’odeur particulière qui flotte dans les bars ou plutôt des Pub sombres, petits, un peu douteux et miteux. Mais si ! Ceux où l’on se retrouve à une heure avancée de la nuit ou pour découvrir un groupe underground sur une mini-scène. Un barman ou une barmaid au comptoir qui se démène pour servir tous les bras tendus et qui essaye de calmer les âmes les plus farouches. Le clip de Smile, le dernier single de Wolf Alice, sorti le 20 avril dernier, relate de manière rock et colorée cette atmosphère. Et le groupe qui se représente sur cette mini-scène en coin, c’est bien Ellie Rowsell et ses acolytes. Après le clip mystique de The Last man On Earth, on retrouve dans Smile l’énergie rock à laquelle nous avait habitué Wolf Alice dans ses précédents albums.
Eva Duc
COMPA – We Got Away par Hugues Pascot
Pour ce troisième titre COMPA aka Lucien Saurin s’entoure de la voix de sa soeur Alice Saurin et de son ami d’enfance Hugues Pascot à la réalisation. We Got Away, comme un appel à l’évasion, une ballade intime et envoutante. Enfermés pourtant dans un espace clôt, les deux frères et soeurs évoluent entre l’ombre et les néons aux tons roses et la lumière dans un blanc immaculé. Deux lieux en un où ils semblent être les deux versants d’une même personne. Leur voix douces et mélancoliques se mêlent tandis que la caméra du réalisateur tournoie et s’approche au plus près de ces solitudes. Elle passe de l’une à l’autre, dans une mise en scène à la fois sobre et travaillée. Le montage rythmé accompagne parfaitement les notes apaisantes du chanteur/compositeur et invite à une perte des repères pour un sincère désir de liberté.
Diane Lestage
Lollie Dextrose – Modern Eagle Eye par Leopold Legrand
Le duo psyché groove Lollie Dextrose nous présente leur premier single rempli de tourments Modern Eagle Eye. Le clip de Léopold Legrand nous dépeint trois tableaux sur l’ironie consommatrice de notre monde. Que ce soit du Ketchup crème solaire, des hommes en costard recouvert de vers afin d’illustrer les pourritures qu’ils peuvent être, ou encore les deux musiciens plastifiés comme une viande industrielle, tous les moyens sont bons pour nous faire réfléchir à notre consommation autodestructrice. Sur fond d’images engagées, le duo nous délivre une musique dansante presque post punk parsemée de guitares phaser et rythmes groove. Un premier morceau sans date de péremption.
Thomas Soulet
N0V3L – NOTICE OF FORECLOSURE par Gart Darley
Après Group Disease, le collectif Vancouverois N0V3L – composé de membres de Crack Cloud et Cindy Lee – dévoile sa nouvelle élégie, Notice of Foreclosure, qui figurera sur leur premier album Non-Fiction, disponible dès le 28 mai prochain. La voix monotone de Jon Varley et les boucles de guitares, lancinants et hypnotiques, suscitent la nostalgie : le rock post-punk embrasse ici le spleen. Illustré par des collages mis en animation par Gart Darley, le clip fait lentement cavaler nos esprits entre des vies spatiales, champêtres, et citadines… mais surtout psychédéliques ! Les images de Notice of Foreclosure se bousculent à fréquence d’une poésie morose… Ce titre exprime en fait l’asservissement amer de la modernité : “Forced adaptation, notice of foreclosure / Dragging us forward, an indifferent future.” (“Adaptation forcée, avis de forclusion / Nous traînant en avant, un avenir indifférent“).
Leelou Jomain