Réalisé par Christophe Barratier (Les Choristes, La Nouvelle guerre des boutons), ce film franco-italien met en scène l’accompagnement du handicap avec sensibilité et tendresse.
Prévu pour le 19 mai 2021, à la réouverture des cinémas, Envole-moi est inspiré d’une histoire vraie, suite du film allemand Dieses bescheuerte Herz. Sorti en 2017 et signé Marc Rothemund, le long-métrage germanique s’inspire de cette même histoire dans son scénario. Le film de Christophe Barratier fait également partie de la sélection officielle du festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2021.
Nous suivons dans ce film Thomas (Victor Belmondo), un jeune fêtard de bonne famille, qui s’abîme en boîte de nuit et vit aux crochets de son père. Ce dernier, chirurgien, décide de lui apprendre le sens des responsabilités en lui confiant la garde de Marcus (Yoann Eloundou). Ce jeune collégien, qui souffre d’une maladie grave depuis sa naissance, oscille constamment entre vie et mort. Pour Thomas, déconnecté du monde réel, ce qui commence par être une corvée deviendra une leçon de vie. Pour Marcus, contraint à la seule compagnie de sa mère et de ses médecins, une opportunité de s’échapper de son quotidien.
Un scénario classique, mais séduisant
Du côté de l’histoire, rien de bien nouveau. Un jeune homme privilégié se voit confronté à moins chanceux que lui. Au fil du temps, Marcus et Thomas s’apprivoisent, et finissent par s’attacher l’un à l’autre. Le scénario n’a rien de remarquable, et a déjà été décliné sous toutes les coutures par le cinéma français et étranger. Cependant, l’histoire d’amitié qui se cache derrière, ainsi que les moments comiques constituent la clé de voûte du film. Le public rit, s’attendrit et sourit tout le long de la séance. L’histoire se joue des clichés sociaux sur le handicap, mais également du racisme, car Marcus est noir. Cela permet ainsi une forme de dérision engagée qui fait rire à tous les coups.
Il y a cette touche de tristesse sous-jacente qui est constamment présente. La maladie de Marcus est lourde, handicapante, et les scènes à l’hôpital sont nombreuses. Associées à quelques plans dans le centre pour enfants handicapés, elles permettent de reconstituer la réalité d’un enfant malade. Le tout au sein d’un monde pensé pour les valides. Il s’agit de se rendre compte, et finalement juste d’assumer cette réalité. Le long-métrage n’a aucunement l’intention d’instruire son public. Simplement de les confronter à une histoire qui pourrait être celle de leur voisin.

Un renouvellement difficile à opérer
Si le scénario reste classique et, par conséquent, prévisible, le film fait parfois du hors-piste. Il laisse ainsi volontiers derrière lui le quotidien larmoyant, pour abuser du comique et du ridicule. De même, si l’action principale se veut réaliste, les extrêmes sont encouragés, afin de faire planer le public au-dessus d’un évènement inévitable avec le sourire aux lèvres.
Il était cependant impossible, ou du moins très difficile, de produire ce genre de film sans tomber dans le cliché. Ainsi certaines scènes, bien qu’aussi attendues que les autres, sonnent un peu faux, un peu détonantes. Elles alourdissent l’action sans forcément y apporter de plus-value. Finalement, le concept du film est simple. Pas la peine d’appuyer davantage sur la maladie du jeune garçon, ou bien sur la relation compliquée entre Thomas et son père.
Une galerie de personnages hétéroclite
À scénario classique, personnages classiques également. En plus des protagonistes, Thomas et Marcus, Envole-moi regroupe les personnages secondaires de ce type de film. Ainsi, la maman de Marcus (Marie-Sohna Condé), qui le couve doublement, du fait de sa maladie, mais également de leur situation familiale, apporte du contexte et de l’épaisseur au personnage du jeune garçon.
Le père de Thomas, incarné avec un flegme remarquable par Gérard Lanvin, est le stéréotype du médecin de comitragédie. Acharné du travail, il a laissé mourir sa relation familiale au profit de ses patients. En ce qui concerne la famille de Thomas, on retrouve le schéma classique de la mère décédée et du père absent. Cela mène à quelques dialogues creux, qui sonnent faux malgré un jeu d’acteur saisissant. Il est difficile de faire sortir une scène du cliché en lui insufflant suffisamment de sincérité. Si le film bénéficie la plupart du temps de la légèreté de ses dialogues, certaines scènes auraient gagné à en être épargnées. Il aurait peut-être fallu davantage s’axer sur le langage corporel, ou même le regard.
Il convient cependant de saluer la prestation du jeune Yoann Eloundou. Pour sa première apparition sur grand écran, il offre un jeu épuré et attendrissant dans le rôle du jeune garçon malade.

Envole-moi est un film qui pourrait être qualifié de léger, donc. Un souffle de bonne humeur et de distraction bienvenue qui, sans toucher au chef-d’œuvre, remplit la fonction première du cinéma. On y retrouve les ingrédients pour un bon moment : de l’amitié, de la tendresse, du rire. Il permet ainsi au public de s’évader, l’espace d’un instant, de suivre des personnages pendant un bout de leur chemin de vie, et de sortir de leur quotidien pour aller voir un peu ailleurs.