Alexandre Lacroix, écrivain et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine revient avec un nouvel essai. Il tente de proposer à son lecteur une troisième voie pour se sortir du « système » et reprendre en main son existence.
Pour son nouvel essai, Alexandre Lacroix a volontairement choisi un titre provocateur. « Comment ne pas être esclave du système ? », la question accroche l’œil et rappelle les titres des ouvrages de développement personnel. L’ouvrage, petit, quatre-vingt-dix pages, semble avoir été pensé pour être glissé dans toutes les poches. Seulement quelques chapitres. On comprend au premier coup d’œil que l’auteur a voulu son livre pour que les lecteurs les moins aguerris s’y intéressent aussi.
Le « système » dont parle Lacroix, on entrevoit à peu près ce que c’est avant d’ouvrir le livre. Il s’agit cette myriade de problèmes survenus avec le capitalisme néolibéral. La quatrième de couverture nous promet que l’on pourra reprendre notre vie en main. Le tout pour une douzaine d’euros. Bref, on tient là un livre accessible au plus grand nombre.
Un livre pour tous
L’auteur ouvre son livre pour parler du public à qui il s’adresse. Il imagine son lecteur fictif. Une personne comme vous et moi, consciente des problèmes engendrés par ledit « système ». Une personne qui voudrait faire mieux et ne pas avoir d’impact négatif sur le monde. Voire le rendre meilleur. Mais qui contrairement aux préceptes délivrés par ceux qui prônent la fuite, la rupture totale avec le système, on une famille à nourrir, des factures à payer.
Avec ce livre, Alexandre Lacroix fait descendre la littérature philosophique de son piédestal. Au diable les concepts pompeux et les grandes réflexions théoriques qui relèvent plus de l’utopie que du réel. Tout le monde n’a pas le luxe d’être radical. De la même manière que tout le monde n’a pas la possibilité de s’extraire de notre monde moderne. L’auteur adresse cet essai à ce « tout le monde » là. Tente de lui proposer une solution concrète. Et dessine une troisième voie, entre la fuite et l’adhésion.
Le système, de quoi parle-t-on ?
L’autre évolution anthropologique majeure qu’identifie Alexandre Lacroix, c’est Internet. Technologie miraculeuse s’il en est, puisqu’elle permet un contact permanent avec le monde extérieur. Grâce à Internet, l’être humain ne sera plus jamais seul. Avantage qui comporte sa part d’inconvénients, puisque la connexion permanente tend à brouiller les frontières. Ainsi, nous ne distinguons plus que difficilement la sphère publique de la sphère privée, le temps de travail du temps de loisir, le vrai du faux, etc.
Loin d’être dogmatique ou caricatural, l’auteur s’emploie à définir les contours de ce système duquel nous serions esclaves. Pour ce faire, il retrace les grandes évolutions anthropologiques qui ont constituées le monde occidental tel que nous le connaissons. Retour aux origines de la Modernité : de Descartes qui pense en premier la rationalité aux penseurs qui théoriseront progressivement le sacre de l’individu rationnel et utilitariste. Des logiques qui conduisent peu à peu au système capitaliste et au désir de maximisation du profit. Avec les conséquences désastreuses que l’on connaît sur les travailleurs et l’environnement.
Les conséquences ont beau être désastreuses, nous en sommes prisonniers et peinons à nous en extraire. Nous en sommes les « esclaves », pour reprendre le terme volontairement aguicheur de l’auteur. Esclaves parce que soumis par la logique de maximisation du profit qui gouverne le monde aussi bien qu’elle le détruit. Esclaves de la modernité connective qui aurait pu changer nos vies pour le meilleur mais n’a fait de nous que des consommateurs en puissance, analysés et traqués sans relâche par des algorithmes marchands.
« La modernité connective est éprouvante pour chacun d’entre nous, dans la mesure où elle transforme les oppositions externes en tensions internes. Si les ventes de psychotropes tendent à augmenter, si les psychopathologies en général et les dépressions en particulier deviennent plus fréquentes, ce n’est peut-être pas un hasard ni le fruit de malchances individuelles, mais bien plutôt le résultat d’une configuration structurelle. »
Comment ne pas être esclave du système ?, Alexandre Lacroix
Après avoir proposé plusieurs clés pour décrypter l’époque et les problèmes qu’elle sous-tend, Alexandre Lacroix propose une solution. Une solution qui n’est pas une recette magique, qui n’est ni toute faite, ni miraculeuse. Il ne s’agit pas d’un ouvrage de développement personnel. Et cette solution, applicable, réelle, il n’appartient qu’à nous de la mettre en œuvre, lectrices et lecteurs, citoyennes et citoyens.
Comment ne pas être esclave du système ? aux éditions Allary, 12,90 euros.