CINÉMA

«  Calamity, une enfance de Marta Jane Cannary » – L’enfance d’une cheffe

© Gebeka Films

Acclamé lors du dernier festival d’Annecy, le nouveau long-métrage de Rémi Chayé (Tout en haut du monde) revisite l’enfance de la mythique Calamity Jane. Drôle, malicieux et émouvant, cette perle animée promet de ravir petits et grands.

Calamity Jane. Un nom qui évoque, à lui seul, tout un imaginaire de la civilisation américaine. Mais avant d’être la grande figure féministe que l’on connaît, elle fut une petite fille répondant au nom de Marta Jane Cannary. Pour beaucoup, son enfance est méconnue. Heureusement, le talentueux Rémi Chayé vient de rectifier le tir. Comme avec son très beau Tout en haut du monde, il a choisi le procédé du cinéma d’animation pour raconter les premières années de celle qui a marqué de son empreinte la conquête de l’Ouest. Nous voilà ainsi transportés en 1863, dans les vastes plaines américaines.

La jeune Marta Jane Cannary n’a qu’une dizaine d’années mais déjà un caractère en acier. Avec sa famille, elle chemine dans un convoi qui doit les amener vers l’Ouest et la promesse d’une vie meilleure. Malheureusement, le père de la petite fille se blesse en cours de route et elle se retrouve donc à conduire le chariot et à soigner les chevaux. Tout aurait pu bien se passer mais lorsque Marta Jane entreprend d’enfiler un pantalon, bien plus pratique qu’une robe, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Abraham, le chef du convoi. Accusée à tort de vol, la fillette n’a d’autre choix que de prendre la fuite mais aussi d’affirmer son caractère et son identité dans un monde en pleine mutation, où le rôle des femmes n’est pas forcément reconnu. Petit à petit, Marta Jane Cannary va laisser la place à Calamity Jane.

Somptueux. Voici comment l’on pourrait qualifier ce nouveau film de Rémi Chayé. D’un point de vue esthétique, le réalisateur français frappe fort et prouve la bonne santé du cinéma d’animation à la française, deux semaines après la sortie en salles du magnifique Josep, premier long-métrage du dessinateur Aurel. Dans Calamity, une enfance de Marta Jane Cannary, le dessin est artisanal et bien loin des images de synthèse, parfois un peu trop présentes lorsque l’on pense aux films animés. Ici, le trait est d’une précision remarquable. Aussi délicat que la jeune Calamity est, elle, diablement obstinée.

Avec ce film, Rémi Chayé dessine le portait d’une jeune féministe, qui a bien compris que le pouvoir n’est pas acquis. Au contraire, si elle le veut, elle va devoir le prendre. Cela va passer, dans un premier temps, par une totale métamorphose. Puisque le monde appartient aux hommes, alors Marta Jane Cannary va devoir devenir semblable à ces derniers. Les robes, comme autant d’uniformes venant cloisonner les corps féminins, vont être remises aux placards pour être remplacées par des pantalons, encore interdits aux femmes à cette époque. Mais ce n’est pas tout. Dans sa longue transformation, aussi bien physique que psychique, la jeune fille va également sacrifier sa chevelure. Un geste fort venant davantage souligner une prise de conscience identitaire plutôt qu’une simple préoccupation esthétique.

Pour donner corps et surtout voix à ces personnages, Rémi Chayé s’est appuyé sur un casting vocal de haute volée. Face à la jeune Salomé Boulven, plus que convaincante en Calamity Jane junior, on retrouve Alexandra Lamy dans le rôle de Madame Moustache, protectrice et mentor de la jeune héroïne. Une femme de poigne, qui aidera Marta Jane Cannary à s’épanouir complètement en tant que figure historique mais également en tant que femme. Calamity, une enfance de Marta Jane Cannary ou le film féministe idéal pour toute la famille à l’approche des vacances.

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