CINÉMA

« Madame Claude » – La fin du mythe

Madame Claude © Copyright Netflix 2021
Madame Claude © Copyright Netflix 2021

Parmi les sorties du mois d’Avril sur Netflix, Madame Claude s’attaque à l’histoire de la célèbre proxénète française. Dépassé par ses ambitions, le film de Sylvie Verheyde passe complètement à côté de son sujet. 

Fernande Grudet, plus connue sous le nom de Madame Claude, a eu une vie et une carrière pour le moins unique. Pendant près de vingt ans, elle a été à la tête d’un réseau de prostitution visant les hommes de pouvoir et d’influence. Il était temps que le cinéma s’intéresse à ce personnage mystérieux, au coeur de nombreux scandales des années 60 à 70. Et pourtant… Le Madame Claude de Sylvie Verheyde sonne faux et peine à faire revivre cette femme de l’ombre.

Un sujet trop ambitieux ?

Quand on s’attaque à un personnage qui a fait trembler la République, il faut assumer son sujet. Ici, Sylvie Verheyde fait le choix de raconter l’histoire de Madame Claude en même temps que celle de Sidonie, sa dernière recrue. Sans surprise, le temps accordé au personnage titre est donc divisé par deux, plongeant d’emblée le film dans une difficulté pénible à regarder. Le résultat est sans appel : le film peine à trouver son rythme. Le personnage de Claude lasse, là où celui de Sidonie séduit et vole très rapidement la vedette. Le pari est perdu. Leur relation, soit disant fusionnelle, ne fonctionne pas à l’écran.

Madame Claude © Copyright Netflix 2021

Le film entier manque de rythme et peine à se trouver, tout en allant beaucoup trop vite sur quasiment tous les sujets. Les personnages n’existent qu’en surface. Même les filles de Madame Claude manquent de profondeur, et en arrivent à être constamment réduites aux délires tordus de leurs clients. Ces scènes de violence gratuites lassent très vite.

Une actrice en difficulté

Malheureusement, les difficultés ne s’arrêtent pas là. La Claude de Karole Rocher (Polisse) manque d’allure et de caractère. Elle laisse presque indifférent. Elle n’est pas aidée par des dialogues plats, qui se veulent plein d’esprit mais ne sonnent pas juste. Difficile alors de croire au mythe, à la légende de Madame Claude, maquerelle de la République. À vouloir la rendre trop humaine, cette Claude prise de colère parce qu’elle ne rentre pas dans une jupe et jouant les amoureuses jalouses, devient ennuyeuse. Trop banale, et donc pas crédible. 

À ses déboires de femme d’affaires désabusée viennent s’ajouter des références pas vraiment subtiles à des affaires et scandales people de l’époque. La plupart n’aboutissent pas et ne sont plus jamais mentionnés. Si la tension est semi-présente dans la musique, elle ne passe pas à l’écran. Il n’y a pas de suspens, pas d’attente ou de menace pour tenir le spectateur en haleine. La coup de grâce est une voix off ponctuant le film d’un long monologue interne sans intérêt réel. Monotone et assommante, elle rajoute une lenteur supplémentaire à un film qui s’en serait bien passé. 

Madame Claude © Copyright Netflix 2021

Garance Marillier en vedette

Mais de l’ombre s’élève au moins une lumière. L’étoile du film, c’est bien entendu Garance Marillier (Grave). Après sa nomination pour le César du meilleur espoir féminin en 2018, et un passage chez Arte avec Ad Vitam, l’actrice revient en force. Elle est un cocktail explosif de sensualité et d’élégance. Sublimée par de très beaux costumes et une bande son résolument sixties, elle brille, tout simplement. Malheureusement, elle ne parvient pas à sauver un film qui dure et dure encore. Sa prestation au côté de Roschdy Zem et Pierre Deladonchamps saura néanmoins attirer l’attention.

Malgré l’aide d’une distribution de haut niveau, Madame Claude ne parvient pas à convaincre. Le film est trop vite victime d’une lenteur qui lui colle à la peau. C’est une occasion manquée, on devra donc encore attendre pour voir un film rendre vraiment hommage à un destin controversé et plein de nuances. Madame Claude est disponible actuellement sur Netflix.

 
 

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