© Rudy Waks / Canal+
À quelques jours seulement de la cérémonie des César, l’émission Profession sur Canal+ investit le prime time pour un numéro spécial consacré aux acteur.trice.s de cinéma. Ce grand retour de la fameuse table ronde et de son ambiance tamisée se fait avec des grands noms du métier : Karin Viard, Adèle Exarchopoulos, Virginie Efira, Roschdy Zem, Vincent Lacoste et Pierre Niney.
Après son numéro dédié aux danseur.euse.s, l’émission se consacre aux acteur.rice.s avec ce casting composé de talents tous nominé.e.s ou récompensé.e.s durant la cérémonie des César. Chacun.ne a déjà travaillé avec quelqu’un autour de la table. Antoine de Caunes, qui anime l’émission, ne manque pas de le rappeler et enjoint ses invité.e.s à dire à l’un.e d’entre eux tout le bien qu’il pense de lui/elle. Une entrée en matière un peu maladroite qui gêne invité.e comme téléspectateur.rice et tourne rapidement à la flatterie collective. Heureusement, l’émission parvient enfin à démarrer et donne lieu à des témoignages intéressants.
D’autres vies que la mienne
Le premier tour de table est consacré à la motivation de chacun. Pierre Niney rappelle les vertus cathartiques du jeu, la possibilité que l’on se donne de comprendre quelqu’un que l’on ne connaît pas. À travers le jeu d’acteur, la réaffirmation d’un humanisme. Karin Viard rappelle ce plaisir de l’instant, le sentiment en jouant d’avoir trouvé cet endroit où elle se sent bien, mieux qu’ailleurs.
Les témoignages convergent : ce plaisir d’être ici et d’être maintenant. Le plaisir de ne pas avoir un vrai métier, aller au bureau chaque matin et s’ennuyer. Ils rient. « La première fois que j’ai fait un tournage, je ne pouvais pas croire qu’on allait me payer pour faire ça » se souvient Adèle Exarchopoulos. Autour de la table, on rappelle aussi que c’est un métier qui se renouvelle à chaque rôle. Que chacun d’entre eux est une thérapie. Que l’on apprend à se connaître en apprenant à connaître les personnages. Comme une correspondance baudelairienne entre le personnage qu’il incarne et l’acteur lui-même.
Quand on leur demande s’ils ont déjà eu conscience d’un don, tous abondent par la négative. Il n’y a pas de don, seulement beaucoup de travail. D’ailleurs, ils font encore souvent des castings pour obtenir un rôle. « Les castings, ça rassure, explique Adèle Exarchopoulos, au moins si on ne te prend pas, tu sais pourquoi. » Et puis il y a la subjectivité de l’interprétation. Parfois ne pas être pris, ça n’est pas être mauvais, mais simplement ne pas correspondre à un projet particulier.
Le doute, la peur, l’humanisme
La question du don est définitivement balayée : « le succès apaise, mais quoiqu’il arrive, il y a toujours beaucoup de doute. » évoque Karin Viard. Les autres acquiescent. La conversation sur l’intime que souhaite faire advenir l’émission est lancée. Les témoignages portent sur les peurs de chacun. Des peurs qui touchent à l’universel tant elles touchent chacun de nous. « Parfois, les acteurs, on a l’impression qu’ils se promènent dans l’existence, tranquillement, mais ça n’est pas ça du tout. » ajoute Karin Viard.
Le procédé de l’émission touche, avec, à l’œuvre, un processus d’identification qui fonctionne. Chacun choisit un extrait de film qui l’a marqué : il y en a des terrifiants, il y a des performances d’actrices et d’acteurs, des procédés cinématographiques marquants. Parce qu’on a toujours quelque chose à apprendre.
Malgré un démarrage maladroit, les différents formats imaginés pour faire parler les actrices et acteurs d’eux fonctionnent. Des propositions qui permettent au spectateur de toucher du doigt avec plaisir les personnalités de chacun des invité.e.s, dans un cadre propice à la spontanéité qui ne manque jamais de les rendre sympathiques.
« Profession : acteur.trice » à retrouver le lundi 8 mars à 21h sur CANAL+ et en replay sur myCANAL.