Crédits : Le Mot et le reste
Avec Musiques du monde arabe paru chez le Mot et le reste, Coline Houssais dessine les trajectoires musicales d’artistes assimilé·e·s au monde arabe qui permettent de mieux en comprendre la complexité et l’histoire.
Musiques du monde arabe retrace une généalogique artistique composée de multiples identités et de multiples vécus. À ceux-là, se joint aussi une expérience collective qui transcende les générations, milieux sociaux, frontières et nationalités. Le livre interroge aussi cette appellation – « musiques du monde arabe » – par le biais d’un corpus commun qui justifierait une approche globale.
Une histoire musicale commune
La musique du monde arabe a souvent été orale et transmise de famille en famille, de peuples en peuples. Elle est populaire et locale. Musiques et chants ont eu une forte importance dans les traditions et les rites. Si elle était présente au quotidien, la musique prenait également une place cruciale lors des moments de fêtes et des périodes de guerres. Évidemment, sa fonction a varié selon les peuples mais son importance s’est transmise au fil des siècles.
Les mobilités géographiques et humaines bâtissent cette histoire commune : les migrations permettent les échanges et les transmissions artistiques. Trois routes commerciales historiques participent notamment à ces échanges : la route de la soie, traversant le Moyen Orient d’est en ouest, les routes du moka qui remontent le Yémen à la Corne d’Afrique jusqu’à Istanbul, ainsi que les route “des Quarante” qui relie l’Afrique de l’Ouest à l’Égypte. Les empires, eux, rassemblent les populations et les régions du monde autour de références artistiques partagées par tous.tes. L’événement le plus important reste le Congrès de musique arabe du Caire de 1932. Ce congrès cherche à « moderniser » et partager la culture arabe dans le monde. Pendant des semaines, musicien.nnes, musicologues, chanteurs, chanteuses arabes et européens échangent, débattent. Y naît une nouvelle définition de la musique arabe dans laquelle est introduit de nombreux instruments dits européens tels que la contrebasse, le violoncelle, la guitare et bien d’autres.
Mondialisation et transmission
La musique du monde arabe traverse donc les frontières au début du 20e siècle, avec des innovations techniques et sociales. Coline Houssais cite notamment la radio, le cinéma et même le vinyle. La cassette, quant à elle, permet une distribution « informelle » et augmente la diffusion de la musique. Populaire dans les années soixante-dix, elle mène à une réelle révolution : celle de l’autoproduction. Il n’est plus nécessaire d’avoir un label pour produire et faire voyager son art : la cassette est petite, la cassette est transportable. Plus tard, Internet rend la musique encore plus accessible grâce aux plateformes de streaming. Le web a aussi rendu possible l’achat en ligne de supports CD, vinyles et bien d’autres.
Les tournées et concerts, eux, permettent de parfaire l’inclusion de territoires peu présents dans les circuits de production internationaux. Certain.e.s artistes tel.les que Oum Kalthoum, Mohammed Abdelwahab, ou Fathiya Ahmed sont incontournables et multiplient les tournées aux quatre coins du monde. Ces festivals et concerts permettent aussi aux fans de découvrir le visage de l’artiste qu’iels ont tant écouté.
À travers ce livre, Coline Houssais fait découvrir cent artistes issus de multiples origines : iels viennent de Syrie, du Liban, d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, de Palestine, de Jordanie, de Bahreïn, du Koweit, d’Irak, du Soudan et bien d’autres. Iels composent, écrivent, chantent, mixent. Iels font du métal, de l’électro, de la techno, de la folk, du raï et bien plus. L’anthologie regroupe de nombreuses icônes : des divas telles que Fayrouz, Oum Kalthoum, Warda, aux incroyables Cheikha Rimitti et Rachid Taha, en passant par la pop de Nancy Ajram au rap de Naar. À travers cent enregistrements, entre traditions et réinterprétations pop, l’autrice nous offre un environnement musical riche et complet.