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Après Calls et Narvalo, Studiocanal Original laisse la direction à Emma de Caunes pour une première courte série de neuf épisodes. Un immeuble parisien. Une seule journée. Neuf meufs singulières. Neuf couleurs. Neuf prénoms. Neuf instants volés pour neuf portraits de femmes entre émotions et rire pour évoquer le désir. A découvrir dès ce lundi 15 février sur Canal +.
Désir, désir, désir… Pour sa première fois en tant que réalisatrice, Emma de Caunes s’associe à son acolyte de toujours, Diastème, pour l’écriture. Neuf épisodes d’une dizaine de minutes, un format court pour dire l’essentiel : le désir et l’intimité des femmes, les envies des meufs de 16 à 60 ans.
Emma de Caunes explore dans l’écriture toutes les formes du désir, de la frustration, de celui que l’on dissimule à celui qui s’exprime, l’envie assumée. Elle nous emmène instantanément dans un moment de vie de chacune de ces femmes aux univers particuliers. Toutes vivant en voisines dans un même immeuble. La mise en scène se révèle dans un regard porté, une certaine stylisation, venue toucher au cœur des personnages et réussir à nous procurer des émotions fortes en très peu de temps tandis que les émois s’animent.
Sans tomber dans le piège du catalogue, les neuf épisodes abordent les relations amoureuses de nos vies contemporaines avec leur libertés et leur difficultés mais où la communication prend plus de place. Discuter avec son père de son chagrin d’amour pour un homme plus âgé, demander à un ami prêt à se marier pourquoi il est sur une application de rencontres, à sa mère à quel âge elle a eu son premier orgasme, retrouver le sourire grâce à un inconnu, envoûter son charmant voisin, se réapproprier son corps meurtri grâce au regard d’un autre, raviver des souvenirs partagés, accepter ses proches avec toute leur folie, etc.
Sylvia (Aïssa Maïga), Charlie (Camile Rutherford), Lola (Solène Rigot), Anna (Sarah Suco), Violette (Mademoiselle Agnès), Yumi (Kaori Ito), Framboise (Marie Bunel), Agathe (Jeanne Rosa) et Zoé (Faustine Koziel) affichent leur complexité et leurs contradictions. Toutes les comédiennes – brillamment choisie pour chaque rôle – se donnent entre la comédie et les émotions pour ces personnages que l’on ne voit pas si souvent dans notre paysage cinématographique français. Pourtant ces meufs, ce sont celles que l’on côtoie, nos mères, nos sœurs, nos copines, nous-même, nos questionnements sur notre sexualité de femme.

Elles sont entourées, d’hommes tendres, rares, un peu perdus, François Berléand, Charlie Dupont et surtout Philippe Katerine présent dans deux épisodes – pourquoi s’en priver ? Ils viennent appuyer les neuf meufs de la série, les soutenir et finalement les mettre en valeur.
D’ailleurs, l’actrice/réalisatrice s’est entourée ici aussi d’artistes avec qui elle a déjà travaillé ou qu’elle connait bien appuyant la sincérité du propos. Si la collaboration au scénario avec Diastème apparait comme naturelle ici, c’est que l’amitié et le travail avec lui durent depuis une vingtaine d’années. Depuis son rôle dans une pièce écrite et mise en scène par ce dernier, La Nuit du thermomètre créée en 2001 au CDN de Nice avant une reprise au Théâtre Marigny.
Elle tiendra ensuite un rôle dans son premier film, Le Bruit des gens autour (2008). Elle dirige aussi Jeanne Rosa et Yannick Rénier avec qui elle partageait l’affiche dans le superbe Les Châteaux de sable d’Olivier Jahan (2015) dont le scénario était lui aussi écrit par Diastème. Emma de Caunes offre également des rôles à son amie Mademoiselle Agnès, pour un épisode partagé avec la fille de la réalisatrice, Nina Blanc-Francard.
Il est évident qu’Emma de Caunes a des choses à dire et un œil précieux à apporter. Une mini- série avant un premier long-métrage ? Pour assouvir notre désir frustré du format court.