Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette première sélection du mois de février, des baisers tendres avec Pi Ja Ma, une virée gore avec slowthai et un slow triste avec Refuge.
Pi Ja Ma – Bisou par Hugo Pillard
Sans distance de sécurité et avec beaucoup d’amour, Pi Ja Ma dévoile le clip fantaisiste de Bisou. Si on avait déjà entendu le premier morceau en français de la chanteuse à l’occasion de sa session hivernale pour la blogothèque, cette fois-ci c’est la version studio qui s’offre à nous deux jours avant la Saint-Valentin. Dans la douce vidéo réalisée par Hugo Pillard, la musicienne, aussi illustratrice, emmêle les deux cordes de son arc et livre un clip aussi kitsch que tendre. Cœurs rouges et roses en papiers, guirlandes lumineuses et pompom girl de l’amour au programme de cette sérénade au goût guimauve. Toujours armée de sa patte enfantine et colorée, Pauline De Tarragon réveille les cœurs endormis et nous invite à sa fête sentimentale où les confettis et la joie pleuvent en rafale. Difficile de résister à l’invitation.
Pauline Pitrou
Yen Yen – WRUNG par Anthelme Dubois
En un seul et même plan séquence Anthelme Dubois nous immerge dans une ambiance à la Wong Kar-Wai. Pour le titre Wrung, Yen Yen emploie des chemins musicaux sinueux mais affirmés en mêlant la complexité de ses sentiments. Le clip s’ouvre et se ferme sur un plan rapproché du chanteur, se déployant entre temps sur le décor sombre d’un restaurant karaoké baigné dans la lumière des néons. Un morceau enivrant et délivrant qui nous laisse entrevoir un peu plus le premier EP de l’artiste, Goodbye – répété bon nombre de fois dans ce morceau – qui sortira le 31 mars prochain. Patience.
Caroline Fauvel
Thérèse – Chinoise ? par Choblan
« Chinoise, Chun Li Massage, Polie Soumise au lit You call me Katsuni Chinese, Money Femme tigre, Gucci Lucy Liu, Gong Li (…) Chintok, Grain d’riz Manga, bar tabac Jacky Chan, Bruce lee ». Ce vendredi 12 février, jour du Nouvel an chinois, la chanteuse Thérèse a enfin sorti le tant attendu clip de son nouveau titre Chinoise ? co-composé par le producteur Adam Carpels. Les post-it des clichés asiatiques s’accumulent sur le visage de Thérèse. Elle s’en amuse dans une mise en scène pop et acidulée pour se réapproprier son identité sans victimisation. Visuellement tout est positif, sublimé, stylisé presque à l’excès des costumes aux décors. Parfaitement rythmé, le montage et les images accompagnent les paroles avec humour. Un rire motivé par la présence d’un acteur un peu particulier. Un petit chien dont les yeux verts s’allument comme la kryptonite de Superman, hypnotisant les figurants. Rare sont les clips dont l’univers colle aussi parfaitement à une chanson où l’inventivité créative mène la danse. Pari plus que réussi pour Thérèse et son équipe. Bravo !
Diane Lestage
Niteroy – Para de Pensar par Victor Hanotel
C’est une immersion dans un rêve éveillé que nous donne cette fois à voir Niteroy, quelques mois après Amores Nostalgia. « Arrêter de penser ». Clip à l’esthétique hyper ensoleillée frôlant parfois le kitsch, Para de Pensar nous baigne dans une lumière chaude et onirique. Un poisson, une rose, des paysages de carte postale, et l’eau qui noie le tout dans une ultime vision. La pop Lo-fi de l’artiste emprunte une nouvelle fois les codes d’une bossa nova généreuse, entre synthés ronds et voix mélodieuses. À écouter encore et encore en attendant les premiers rayons de l’été.
Caroline Fauvel
Bxam – Short Wave par Romanne Brunet & Louaï Ben Adda
Le jeune Dj Bxam, membre du collectif parisien Hanabi, est de retour avec un nouveau single Ronesque Short Wave. Ce morceau aérien, pourtant loin de son premier clip Departure réalisé sous un A380, est accompagné d’un clip d’animation nous présentant le parcours d’un jeune artiste vers la célébrité et ce qu’elle peut engendrer. Le Nancéien nous fait découvrir sa nouvelle obsession pour les antennes « ALISS », que l’on aperçoit dans le clip, qui permettent la diffusion de musique à travers le monde en quelques secondes. S’inspirant de cette structure immense, nous découvrons l’ambition du Dj de devenir mondial et l’importance des radios et plateformes de streaming sans lesquelles il serait difficile de briller. Ce morceau électro mélangeant ambient et techno atmosphérique flirte avec la musique de film et ne peut que nous rappeler certains chefs d’œuvre d’Hans Zimmer. La fin surprenante de l’animé nous ramène les pieds sur terre, nous rappelant la folie que peut parfois engendrer la célébrité.
Thomas Soulet
Dry Cleaning – Strong Feelings par Sabato Visconti
Pixels et images flashs au rendez-vous sur le nouveau titre du quartet post-punk art-rock londonien Dry Cleaning. Réalisé par Tom Dowse, ce clip étale constructions et travaux qui défilent avec routes, camions, tracteurs et autres engins, animés en Glitch Art par Sabato Visconti. Carrés black and white ou très pop et saturés, ce décor se veut désordonné et flou. La chanteuse Florence Shaw ancre son nébuleux discours, porté par une ligne de basse forte et sombre et de sublimes accords de guitare. Avec Strong Feelings, le groupe réenchante donc ce mois de février. Un titre à retrouver sur leur premier long format New Long Leg, prévu pour avril prochain.
Leelou Jomain
Special Friend – Pastel par Erica Ashleson
Le duo Franco-Américain Special Friend délivre un nouveau single et clip avec Pastel, réalisé par Erica, chanteuse et batteuse du groupe. L’esthétique est simple, épurée, donnant au film un ton évaporé dans le temps. Un travail visuel en accord avec son personnage principal celui d’un fantôme délaissé, effacé, que l’on suit ici et là. L’indie pop énergique du groupe vient parfaire le tout, accompagnant sans mal ce clip au ton un brin humoristique et définitivement léger. Une étape de plus avant la sortie de leur premier et prometteur album, Ennemi Commun prévu pour le 26 mars prochain.
Caroline Fauvel
slowthai, Skepta – CANCELLED par THE REST
Le rappeur de Northampton slowthai nous présente son nouveau single sanguinolent CANCELLED accompagné du roi du grime Skepta. Le clip nous emmène dans une avalanche de références cultes horrifiques et cinglées en ouvrant sur une scène nous rappelant le début du film Scream. Puis les deux rappeurs nous délectent de leur adaptation de l’hilarante pub Budweiser et de son « Whassup ! » transformé ici en « Wagwaaan ! », du slang jamaïquain qui se traduit par « What’s going on ? ». Que ce soit slowthai habillé en Freddy ou Skepta déguisé en Candyman, puis interprétant la danse lugubre de Massacre à la tronçonneuse, nous ne pouvons nous empêcher d’être séduits par la production enivrante et magnétique du morceau. Si le clip est bourré de références visuelles, n’oublions pas la scène mythique d’American Psycho ou encore Us, les paroles elles aussi s’y collent. Des Fugees à Jodorowsky, en passant par Harry Potter, c’est une vraie chasse au trésor aux hommages et références culturelles. Un pastiche réussi et jubilatoire.
Thomas Soulet
La Femme – Le Jardin par La Femme
Après quatre premiers titres teaser, le groupe français La Femme continue de dévoiler un peu plus son nouvel élixir, Paradigmes, qui verra le jour en intégralité début avril. Ici, une divine plongée dans un exotique paysage planté par la synthétique, pop et hypnotique musique Le Jardin. Une réalisation signée Talal Kurdali, dans laquelle des nymphes célèbrent en espagnol de sinistres paroles « No Esperes nada de la vida / Porque la vida es una puta que pagas con tu cuerpo » (N’attends rien de la vie / Parce que la vie est une pute que tu payes avec ton corps).
Leelou Jomain
Refuge – Lava (feat Pi Ja Ma) par Florian Salabert
“J’ai un cratère dans le cœur”, c’est la sensation que nous procure la réédition de Lava en français du prince des ténèbres Refuge lors de la première écoute. Déjà paru sur son premier disque Hunger sorti l’année dernière, il nous offre une réédition poignante en duo avec Pi ja Ma. Une histoire d’amour et d’éruption émotionnelle mise en images par Florian Salabert où le tandem s’offre un slow triste dans l’obscurité. Les mots cendrés résonnent encore plus forts en français et liquéfient nos âmes mélancoliques. Si la mort et la noirceur rôdent en fantômes sur le titre, c’est un sentiment de vie et de liberté qui se déploie au fil de cette ritournelle. Une déclaration amoureuse au parfum d’éternité qui dépose sur nos oreilles une nostalgie tendre et profonde.
Pauline Pitrou