crédits : SRAB Films
Sélectionné pour le Festival Fame, le long-métrage d’Hugo Sobelman rend hommage à la Stax Academy de Memphis. Cette école de musique extrascolaire et gratuite offre aux jeunes d’une des villes les plus sinistrées du sud des États-Unis la possibilité d’apprendre la musique et la citoyenneté. Et par là de valoriser avec fierté l’héritage afro-américain qui pèse souvent lourd dans ce pays morcelé par les tensions raciales.
La Stax Academy n’est pas une école comme les autres. Cette école de musique permet aux enfants de Memphis, souvent afro-américains et pauvres, la possibilité de se former gratuitement au chant et à la musique. L’héritage afro-américain est étudié, d’un point de vue musical et historique. Entre deux interludes dédiés à la chanson, de la soul et du gospel bien souvent, le film nous donne à voir les débats proposés par l’école, qui traitent de questions essentielles comme le racisme et l’inclusion. Non contente d’être une école de musique, la Stax Academy est une véritable école de la citoyenneté.
L’oasis en plein désert
La ville de Memphis, berceau de la soul, du blues, du gospel, a notamment vu grandir Elvis Presley. Véritable berceau du patrimoine musical afro-américain, ce dernier est mis en danger par les difficultés socio-économiques que la ville traverse. À ces difficultés s’ajoutent les tensions raciales et identitaires, teintées parfois de communautarisme.
Cette conscience de l’inégalité des races, les enfants de Memphis l’ont aussi. À l’image de ce gamin de la Stax, qui témoigne. Meilleur ami depuis l’enfance avec un gamin blanc alors qu’il est lui-même afro-américain, leurs couleurs de peau n’avaient jamais été un obstacle. Jusqu’à son arrivée au lycée, où ses amis afro-américains se mettent à lui demander ce qu’il fait avec ce garçon blanc.
L’école se donne aussi pour but de procurer des ressources à ces enfants issus de milieux modestes. Les études universitaires dans ce pays coûtent cher, si l’on n’a pas les moyens de les payer ou de faire un prêt bancaire, alors il faut décrocher une bourse. Il s’agit dès lors de donner à ces jeunes la possibilité d’en obtenir une s’ils décident de poursuivre leurs études. De leur donner les moyens d’être ce qu’ils désirent être.
Une école de la bienveillance
Les passages dédiés à la musique sont récurrents : les voix sont belles, on écrit et chante souvent en groupe, on encourage, on puise sa force dans l’autre. Bienveillance est maître-mot tandis que la compétition, qui insécurise les enfants plus qu’elle ne les éduque, est bannie de l’enceinte de l’école. Un gamin explique : « avant, je ne me sentais pas à l’aise. Je n’osais pas trop. Et puis j’ai compris qu’à la Stax, il n’y avait pas de concurrence, que l’on pouvait tous être nous-mêmes. »
Une bienveillance qui s’invite jusque dans les débats sur la race, le communautarisme, l’utilisation du langage et son impact. Une artiste et intervenante explique aux enfants : « Les artistes ont plus de pouvoir que les politiciens. Le réel pouvoir de changer les choses appartient aux artistes. »
Il est aussi question de l’imaginaire raciste et de son pouvoir, des préjugés qui pèsent sur la communauté afro-américaine et son héritage culturel : « on pense souvent que la soul, c’est un Noir en train de se plaindre ou en train de jammer. Mais c’est plus que ça, ça vient de ce que l’on ressent, de l’âme. » Et cette âme-là est pleine d’espoir.
Soul kids de Hugo Sobelman, à retrouver sur la plateforme MK2 Curiosity.