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Fame Festival — In A Silent Way : le glissement vers le silence du groupe Talk Talk

© Gwenaël Breës

Copyright : Gwenaël Breës

Le réalisateur Gwenaël Breës nous présente son film en compétition In A Silent Way, sélectionné pour le Fame Festival. Disponible du 18 au 25 février sur Mk2 Curiosity, son documentaire nous guide dans une épopée silencieuse semé de contraintes autour de l’album mystique Spirit Of Eden du groupe Talk Talk et de son leader Mark Hollis.

Talk Talk, groupe culte des années 80 grâce à leurs morceaux phares «  It‘s My Life  » et «  Such a Shame  », est devenu l’obstination presque religieuse de Gwenaël Breës. Ce documentaire part sur les traces du 4ème album du groupe anglais qui se libère de la pop-synth des albums précédents. Spirit Of Eden, opus devenu culte, flirte entre le jazz-rock et le post-rock nous délivrant de long morceaux parsemés d’improvisations et bizarreries en tout genre. Mais pourquoi partir sur les traces de la création de cet album ?

«  Parler de musique c’est comme danser l’architecture  »

Mark Hollis, leader du groupe, tira profit du succès pop de Talk Talk pour expérimenter et partir vers des voix musicales beaucoup moins commerciales et accessibles. Le réalisateur, transcendé par l’album, veut nous transmettre cette passion mais disons-le, tout ça commence mal. Dès le début, nous sommes face aux anciens musiciens et autres magiciens de la musique, ayant participés au chef d’œuvre de Mark Hollis, en train de lire une lettre expliquant le refus du frontman de pouvoir utiliser toutes musiques de Talk Talk pour le documentaire. Un coup dur pour le cinéaste qui ne se laissera pas démonter et créera, avec des musiciens expérimentaux, une bande sonore psychédélique inspiré de l’univers de Spirit Of Eden.

Le Delta de la Tamise

Nous parcourons la campagne anglaise à la recherche de cette aura musicale, de cette envie soudaine de Mark Hollis d’expérimenter vers des notes plus complexes et illuminées. C’est en croisant les interviews et archives que l’on commence à comprendre le personnage. Le roadie et les débuts sur scène avec le groupe Eddy & The Hot Rods à Canvey Island, la dureté de Talk Talk envers les autres groupes, les interviews malaisantes à l’étranger lors des tournées, le combat avec EMI,  etc… Tout ceci nous amène vers l’isolation et surtout le silence connu du chanteur qui en fera son instrument préféré. Mark Hollis a construit une sorte de «  cohérence silencieuse  » vers la fin de sa vie, nous raconte le cinéaste.

«  Avant le punk, je n’avais jamais envisagé de jouer  »

Mark Hollis

Malgré le manque des musiques de Talk Talk et de surtout les morceaux de cet album sublime Spirit Of Eden, nous découvrons les coulisses d’un enregistrement presque bouleversant, troublant mais grandissant et mature. «  On décore un sapin de noël puis on enlève le sapin  », voilà comment Mark Hollis et Tim Friese-Greene décrivait l’expérience de construction de l’album. Le documentaire termine sur une des dernière interview du chanteur en 1998. Il nous parle de l’importance de savoir pourquoi on créait un album, de savoir sa raison d’être. Contrairement à l’instrument qui lui joue pour ce qu’il est, sans but précis. Puis l’interview se termine sur ce que Mark Hollis sait faire de mieux, un silence.

In A Silent Way rend hommage à l’album transcendant, presque divin, Spirit Of Eden et à son créateur Mark Hollis qui nous quittera le 24 février 2019.

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