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« Profession : danseur.euse » – Quand les corps exultent

© Canal+

La collection d’émissions «  Profession  » animée par Antoine de Caunes revient sur Canal+ et myCanal le 11 janvier à 22h35 pour un numéro consacré aux danseurs français les plus talentueux de notre temps. 

Ce nouveau numéro de «  Profession  » s’ouvre sur l’arrivée des six danseurs. Les chorégraphes Marion Motin, Léo Walk et Mehdi Kerkouche s’installent face à Lasseindra Ninja, pionnière du genre voguing en France et en Europe, rejoints par les danseurs étoile Ludmila Pagliero et Germain Louvet. Les éclairages du studio sont tamisés et créent un cadre intimiste qui vient fluidifier la conversation entre les artistes qui, pour la plupart, se connaissent déjà. Antoine de Caunes les prévient avec humour  : «  je sais que vous n’avez pas l’habitude de rester immobiles, mais là vous allez devoir rester assis  !  »

De l’imaginaire de la danse

Si les danseurs confessent d’emblée être hyperactifs, ils sont rassemblés par cet objectif commun de transmettre quelque chose par le biais de leurs corps. Quand on leur demande quelles sont les influences qui ont forgé leur imaginaire, certains parlent de leurs familles, à l’instar de Léo Walk qui se souvient de ses tantes, qui mettaient toujours la musique à fond et dansaient dans le salon. Le nom de Michaël Jackson est beaucoup cité  : c’est la manière singulière qu’il a eu de mettre la danse à l’honneur dans son visuel qui fait de lui une référence incontournable dans ce domaine. Germain Louvet évoque John Travolta et sa manière de bouger, un original en somme, qui a toujours su l’hypnotiser, surtout dans Grease

Qu’est-ce qu’un danseur d’exception ? 

La question semble évidente et pourtant les réponses étonnent. Mehdi Kerkouche explique que selon lui, la danse ne saurait se réduire à une question de technique. Et tous, qui s’entraînent plusieurs heures par jours dans le cadre de leur métier, abondent dans ce sens  : la technique, c’est génial, ça permet de faire des choses, mais ce qui touche vraiment en danse, c’est quand l’artiste dépasse la technique et parvient à transmettre quelque chose de l’ordre de l’essence. Lasseindra Ninja parle d’une interaction avec le public de l’ordre du spirituel, qui passerait par le corps. Le corps, comme un outil au service de l’expression du danseur, de son âme, pour faire ressentir des choses nouvelles – émouvoir si possible – le spectateur qui fait l’effort de venir jusqu’aux artistes. 

Marion Motin explique, en tant que danseuse comme spectatrice, ce qui importe, c’est l’incarnation. La technique c’est bien, mais une chorégraphie est réussie, selon elle, quand on ne voit plus les «  ficelles  », quand la technique disparaît et s’efface au profit du danseur lui-même. Germain Louvet abonde dans ce sens  : «  parfois, je vois des gens en soirée, ils sont possédés par la musique et même s’ils n’ont jamais pris de cours de danse, ils sont de bons danseurs.  » 

Le voguing  : danse contestataire

Antoine de Caunes prend le soin de revenir sur le voguing en particulier, un style de danse contestataire, symbole de l’émancipation de la communauté afro-américaine et LGBT+ des années 1930, écartée des luttes raciales et LGBT+ en raison de son intersectionnalité qui en a fait un angle mort. Ce style de danse reste relativement méconnu jusqu’à ce qu’il soit popularisé par Madonna dans les années 2000  ; sur le plateau, on se pose la question de l’appropriation culturelle. Antoine de Caunes interroge Lasseindra Ninja, qui a amené cette danse jusqu’au vieux continent  : «  Pour vous, que Madonna relaie et fasse connaître ce style de danse, c’est une fierté ou au contraire un échec  ? – C’est forcément un échec  » rétorque-t-elle.

Comme une envie d’aller voir un spectacle

L’émission, qui dure 52 minutes, reviendra tantôt sur le geste de création, tantôt sur les parcours individuels des différents danseurs. Ils représentent un panel de styles différents, évoluant au sein d’institutions antagonistes  : le breakdance de Léo Walk, que l’on retrouve notamment dans les clips d’Angèle et Christine & the Queens face à la danse classique de l’Opéra de Paris. 

Les six danseurs portent ainsi un message universel, celui de l’artiste, toujours animé par cette vocation créatrice et un désir de transmettre des sensations nouvelles au spectateur. Germain Louvet l’explique d’ailleurs  : «  moi, je me dis parfois qu’il y aura un après, que c’est la danse aujourd’hui mais que je pourrais faire autre chose, tant que je peux exprimer une sensibilité.  » On ressort de cette heure de visionnage avec une seule envie  : celle d’aller voir un spectacle de danse. 

Profession : danseur-euse, une émission à retrouver le 11 janvier 2021 à 22h35 sur Canal+ et myCanal. 

Journaliste

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