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Photographie – Marc Riboud : un demi-siècle chinois

© Rue des antiquaire, Pékin, Chine, 1965 – Marc Riboud

La Galerie Polka expose Chine(s), une série de photographies de Marc Riboud sur ce pays qu’il a tant parcouru et vu se transformer à partir des années 1960. Un voyage à ne pas manquer.

Covid-19 oblige, après les États-Unis et leur folle année électorale, la Chine est assurément le pays qui a le plus occupé la une des journaux en 2020. On a beaucoup parlé du «  virus chinois  » puis du «  modèle chinois  », apparemment si efficace pour le combattre. On a constaté puis conspué notre supposée dépendance à la Chine pour les produits de base, on a critiqué l’influence de la diplomatie chinoise. Bref, d’aucuns auraient pu penser que ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour une exposition sur la Chine. Ou alors, au contraire, ne serait-ce pas le moment idéal pour prendre un peu de hauteur sur le sujet ? Ça tombe bien, c’est exactement ce que propose l’exposition de la Galerie Polka à Paris. Une quarantaine de photos pour parcourir un demi-siècle de transformations de la Chine.

La fascination de Marc Riboud

Disparu en 2016 à 93 ans, Marc Riboud s’est régulièrement rendu en Chine entre 1957 et 2010. Fasciné par ce pays et ses évolutions, il n’a cessé de tenter de le saisir sur sa pellicule. De la Chine paysanne et besogneuse de Mao à la ruée vers l’économie de marché, Marc Riboud a tout vu et tout photographié de cet orient qui l’obsède. À son décès, une partie de ses archives a été déposée au Musée Guimet, le Musée National des Arts Asiatiques.

Une exposition qui leur est consacrée devait justement commencer le 16 novembre dernier. Le public aura sûrement la chance de l’apercevoir à la réouverture des musées. En attendant, l’accrochage parallèle proposé par la Galerie Polka constitue une solution d’attente très satisfaisante. Riboud sait que tenter de retracer de manière documentaire et mécanique l’évolution de la Chine sera voué à l’échec. Il s’attache en revanche avec succès à en saisir des instants. Ici une foule dans un marché qui semble ancestral, là des ouvrières concentrées, des embouteillages de voitures ou le visage de l’une des premières stars chinoises internationales.

© Hugan Shan, circa 1980 – Marc Riboud

Paysages poétiques

Les clichés de Marc Riboud mettent souvent en scène des êtres humains affairés, seuls ou nombreux. Les photographies qui concluent l’exposition sont, eux, essentiellement consacrées à des paysages. Recourant à la couleur, il saisit avec beaucoup de justesse la poésie des Monts Huang plongés dans la brume.

Comme dans le récent film de Gu Xiaogang Séjour dans les monts Fuchun, les figures humaines de ces scènes se promènent sur des escaliers escarpés et semblent lentement aspirées par le brouillard. Apaisant et enchanteur, ce retour à la nature rappelle également cet autre versant de la Chine. Éloignée des mégalopoles enfumées, bouillonnantes et dévorantes, à laquelle on réduit parfois l’Empire du milieu.

Chine(s), exposition de Marc Riboud à la Galerie Polka jusqu’au 27 février. Entrée gratuite du mardi au samedi de 12h à 18h.

Rédactrice "Art". Toujours quelque part entre un théâtre, un film, un ballet, un opéra et une expo.

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