© Tangaj production
Sélectionné pour le Festival Premiers Plans d’Angers, le second film du roumain Bogdan Theodor Olteanu questionne le féminisme contemporain à travers le personnage de Mia. Le film met en scène le cheminement de la jeune fille après qu’elle ait été frappée pour la première fois par le garçon qui partage sa vie.
Le film commence dans la cuisine d’une maison familiale. Mia, qui, on le devine, avait quitté le nid, est de retour chez ses parents. Sa mère finit par l’interroger sur les raisons de son retour : Teo, son petit ami, l’a frappée pour la première fois, c’est impardonnable, elle ne veut plus jamais le revoir.
Après avoir raconté son malheur à sa mère, Mia s’épanche auprès de ses amis, en quête de la bonne réaction à adopter, et d’elle-même au passage. Elle explique que Teo, jaloux jusqu’à l’absurde, la soupçonnait sans cesse de la tromper. C’est ainsi qu’elle décide de se venger, en se filmant en train de coucher avec un autre garçon. Dans le but de montrer cette vidéo à celui qui est devenu l’artisan de son malheur.
Mia s’engage ainsi dans une quête obsessionnelle, à la recherche d’un amant potentiel qui acceptera d’être filmé durant leurs ébats. Elle se met également à tout filmer : son ressentiment – elle parlera seule à la caméra – et les discussions de ses amies, autour du corps et de la place des femmes dans le milieu du théâtre.
Ambiguïté du message
À travers les personnages de Mia et de ses amies – le casting du film est presque exclusivement féminin – le réalisateur cherche à questionner la radicalité du discours féminin. Le film, qui prend la forme d’une tranche de vie, s’articule en plusieurs moments. Il y a ceux où les filles parlent de leur vécu, suivis de moments qui viennent nuancer leurs paroles, voire les contredire.
Il y a Mia, qui clame à cor et à cris que la violence dont elle a été la victime est inacceptable, impardonnable, que Teo est un monstre, qu’elle ne lui pardonnera jamais. Et puis, à côté des paroles de Mia, il y a ses actes. Sa rancœur qu’elle filme face caméra chaque jour. Ses tentatives de trouver un amant qui acceptera de faire partie de son plan de vengeance – au mépris de la dignité et de la volonté des garçons qu’elle sollicite.
Il y a les amies de Mia, qui parlent à table de la manière dont les metteurs en scène et les réalisateurs profitent de leurs positions pour leur demander des faveurs sexuelles. Et puis il y a la pièce de théâtre, dans laquelle joue Mia, qui place le spectateur face à la réalité de ce discours : le metteur en scène demande des vêtements plus courts pour la seule cohérence de l’œuvre. Le garçon sur scène est au même régime que ces demoiselles.
Il y a une amie de Mia en particulier, celle qui aime les filles, qui a déjà frappé sa petite amie. Elle lui explique ce besoin qu’elle a eu, sur le moment, de la frapper, parce qu’elle l’a poussée à bout. « Mais je ne pense pas que ça fasse de moi un monstre » ajoute-t-elle.
Le relativisme, vraiment ?
À travers la mise en scène des différents personnages féminins, le spectateur est invité à « nuancer » la virulence du message féministe contemporain. Un message qui serait hors-sol. Qui serait loin des réalités des sentiments que l’on peut ressentir dans la vraie vie, si l’on en croit les différentes scènes qui viennent le contredire.
Et ainsi, le film en vient à poser la question surréaliste : « une gifle, au fond, est-ce bien grave ? » Et lui apporter une réponse tout aussi surréaliste : « c’est la vie, ce sont des choses qui arrivent. » Une vision légèrement problématique quand on la met en perspective avec la réalité des violences physiques et sexuelles que subissent les femmes chaque jour. Mia misses her revenge laisse, après son visionnage, un léger arrière-goût d’obscène.