On ne présente plus le magazine / média Tsugi qui, depuis sa création, ne cesse de documenter les musiques électroniques et indépendantes. Aujourd’hui Tsugi célèbre son travail et celui d’une scène française en effervescence dans Electrorama, un beau-livre sorti chez Marabout / Hachette.
Les livres, complets sur les musiques électroniques et particulièrement sur la French Touch, n’ont cessé de foisonner au cours de ces dernières années. Les éditions Le Mot et le Reste nous avait déjà conquis.es avec un ouvrage qui s’attardait sur l’histoire de la musique électronique en partant de ses racines classiques et expérimentales, ainsi que la Philarmonie de Paris avec son ouvrage Électro, qui retraçait son exposition événement en 2019. Ici c’est un beau – et grand, très grand – livre qui fait le focus sur la scène française.
« Contrairement à une époque où le “label France” était une sorte de phénomène de mode, il est devenu aujourd’hui un vrai gage de qualité… Et c’est aussi l’histoire que raconte ce livre. »
Laurent Garnier – Préface d’Electrorama
Fractionné en différents chapitres, celui-ci nous invite à sillonner un environnement hétéroclite qui nous immisce aussi bien dans la culture rave des années 90 et des free parties, que dans les nuits queer actuelles. Ainsi, la parole est aussi bien laissée aux journalistes, aux artistes, ou aux gérant.e.s de labels. De Justice à Laurent Garnier, en passant par Pedro Winter, AZF, Paradis ou Scratch Massive. Si les intervenant.e.s sont essentiellement masculins – ce qui est plus ou moins représentatif du milieu – l’ouvrage laisse également une place nécessaire aux femmes qui ont révolutionné de l’intérieur les musiques électroniques : Jennifer Cardini, Chloé, Elisa Do Brasil ou Liza ‘N’ Eliaz.
Mais plus qu’un recueil d’événements et d’artistes, Electrorama est un superbe livre photo avec des clichés iconiques en pleine page, mettant à l’honneur ces décennies éclectiques. Des photos qui célèbrent la fête, la nuit, les foules et leurs points de rassemblement – comme cette rave à la piscine Molitor en 2001, ou la salle bondée du Rex Club -, mais aussi les figures iconiques, DJ et artistes (on notera le superbe et lumineux portrait de Kiddy Smile à la page 203 de l’ouvrage) . Toute cette documentation imagée et dense ne fait qu’appuyer comme il se doit, le récit fédérateur de ces trente dernières années.
Cette exploration sonore, historique, et visuelle se veut aussi singulièrement géographique. Car si la French Touch semble désigner la France dans son ensemble, ses lieux d’ancrages et de développement sont multiples. Le livre fait ainsi état de points mythiques de convergence de : les clubs et lieux de fête parisiens – le Rex Club, le Paris-Paris, Dehors Brut, le Pulp – la région Rhône-Alpes – Les Nuits Sonores, Le Sucre -, la Bretagne – Astropolis, Panoramas -, l’Allemagne ou encore Los Angeles. Autant d’espaces qui ont vu les musiques électroniques françaises s’épanouir et se démultiplier pour arriver à une scène actuelle aussi diversifiée.
Electrorama est le témoignage d’un travail de longue haleine conséquent, basé essentiellement sur le interviews réalisées par Tsugi depuis sa création en 2007. Un média qui a toujours su faire des choix audacieux dans les nouveautés qu’il a cherché à suggérer à son lectorat – notamment via ses compilations et playlists. Si le livre semble définitivement adressé aux nostalgiques des premières années de la French Touch et aux fans de musiques électroniques, il est aussi un bel objet de découverte qui en intriguera plus d’un.e aussi bien par son fond que par sa forme.
Electrorama, 30 ans de musique électronique française, Tsugi, Marabou / Hachette, 39 € – À lire avec la playlist Tsugi des 100 titres électroniques qui ont fait la France au cours de ces trente dernières années :