CINÉMA

(Re)voir – « 2 automnes 3 hivers » : Two Seasons in Paris

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© UFO Distribution

En cette période de fermetures des salles obscures, Maze vous invite à revoir certains films disponibles sur les plateformes de streaming. Lors du Festival de Cannes 2013, 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder était projeté pour la première fois, comédie romantique apparaissant comme le reflet d’une génération en quête de sens.

Qui n’a jamais éprouvé, suite à l’arrivée dans une grande ville, une certaine solitude face à l’immensité et l’anonymat de cette dernière  ? C’est en tout cas le ressenti initial partagé par deux trentenaires, Arman et Amélie, qui va être bouleversé après une rencontre soudaine et impromptue au parc parisien des Buttes-Chaumont. 2 automnes 3 hivers, disponible sur arte.tv jusqu’au 31 décembre, relate une série d’instants du quotidien vécus par Arman (Vincent Macaigne), Amélie (Maud Wyler) et Benjamin (Bastien Bouillon). Une véritable chronique douce-amère dont le refrain tourne autour de la vie sentimentale des susnommés.

Découpé en nombreux chapitres, le long-métrage met l’accent sur la manière de se distraire lorsque l’environnement des deux protagonistes demeure blasant et routinier. Le film s’entame avec la narration par Arman en voix off  : «  On donne trop d’importance à la vie professionnelle des gens. C’est normal (…) mais parfois ça n’est pas intéressant. Dans le cas d’Arman, ça n’est pas intéressant  ». Partant de ce constant, on assiste à une multitude de scènes où l’importance réside dans le détail, et non dans des banalités. Par exemple, le moment où l’on aperçoit Macaigne rentrant à vélo dans le Marais, sur fond de Le Chasseur de Michel Delpech sur son iPod (prononcé e-pod). De même, la fierté avec laquelle ledit personnage acquiert un «  survêtement noir avec des rayures blanches chez Go Sport  » pour son jogging, et espérant être repéré par Amélie.

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Le parti pris de Sébastien Betbeder d’occulter chaque année le printemps et l’été donne aux relations une atmosphère légère comme le calme hivernal, et froide, mais dans un sens timide, sans qu’elle ne soit glaciale. Le film fait appel à plusieurs émotions, davantage représentées l’hiver lorsque le moral n’est pas au beau fixe  : la solitude, la mort, la précarité, mais aussi une certaine douceur, tendresse. Concernant les thématiques abordées, on retrouve certaines similitudes avec Deux Moi de Cédric Klapisch, sorti l’année dernière.

Chaque protagoniste, lorsqu’il apparaît à l’écran, est narré par son personnage, que ce soit face caméra ou en voix off. Cette alternance donnerait presque au spectateur l’illusion de se retrouver dans un reportage ou un documentaire. Ce sentiment est renforcé par la diversité des plans et de l’image, tantôt en numérique, tantôt en 16mm.

2 automnes 3 hivers est un long-métrage sensible, décalé, souvent à cheval entre le réel et l’imaginaire. Si son ton est poétique et littéraire, il n’excède pas dans l’intellectuel, mais se situe au juste milieu. Considéré lors de sa sortie comme faisant partie du renouveau du cinéma français, le film continue à nous surprendre sept ans après, comme si les interrogations de cette génération n’avaient pas changé et s’étaient figées.  

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