C’est reparti pour une tournée de chroniques musicales. Nos rédacteurs.ices décortiquent pour vous les albums et EP qu’il ne fallait surtout pas manquer ces deux dernières semaines.
Ela Minus – acts of rebellion
« BRIGHT MUSIC FOR DARK TIMES » peut-on lire dans la rubrique à propos de Spotify concernant l’artiste colombienne Ela Minus, et il serait difficile de contredire ceci étant donné la période et la qualité de sa musique. acts of rebellion marque l’entrée d’Ela Minus dans la cours des grand.e.s. La voix de l’artiste nous pénètre de part en part dans une douceur amère. Sa musique passe par différentes phases, de la techno vigoureuse sur le titre megapunk, à l’ambient qui s’empare de let them have internet et de do wathever you want, all the time., sa voix, elle, survole toujours des rythmiques superbes comme un voile dream pop limpide. Le coup de cœur ne prévient pas toujours, c’est le cas avec le titre they told us it was hard but they were wrong., qui diffuse sans mal une énergie électrique et tenace. acts of rebellion est une machine rodée qui martèle un propos fort et universel, comme pour insuffler une urgence, une hâte et un désir infini de se sentir et de se revendiquer vivant.e.
Sortie le 23 octobre
Coup de cœur : they told us it was hard but they were wrong.
Caroline Fauvel
Better Person – Something To Lose
Something To Lose est un album concis qui en neuf titres traduit une mélancolie merveilleuse, diffusée dès les premières notes de Na Zawsze – un des morceaux chantés en polonais par Better Person. Édité chez Mansions and Millions, label qui fait la part belle à l’éclectisme de la scène underground, ce premier album se veut tout à fait solaire. Les sonorités synthétiques tracent les contours de la voix onirique d’Adam Byczkowski qui dresse un ensemble à la subtilité bouleversante, semblant inébranlable. Une composition vibrante qui laisse une place évidente à l’espoir et à la beauté amoureuse, comme sur les titres Bring Me To Tears et Hearts on Fire qui conservent une part pop, et viennent ainsi contrebalancer les solitudes instrumentales de Glendale Evening et d‘Ostatni Raz.
Sortie le 23 octobre
Coups de cœur : Close to You, Ostantni Raz
Caroline Fauvel
Oneohtrix Point Never – Magic Oneohtrix Point Never
Connu et reconnu pour ses compositions de musiques de films – que ce soit pour les frères Safdie (Good Time, Uncut Gems) ou pour Sofia Coppola (The Bling Ring) – Daniel Lopatin poursuit l’expérimentation de son projet Oneohtrix Point Never avec cet album fleuve aux allures de mixtape. Loin de se cantonner à des codes ordinaires, Magic Oneohtrix Point Never explore et décortique les environnements sonores pour en extraire une matière organique et multiforme. Ondes mécaniques, mouvements aquatiques, enregistrements radiophoniques – le résultat s’avère saisissant de spontanéité et de profondeur. Chaque morceau semble ainsi se dresser face aux autres envers et contre tout, affirmant une identité propre et travaillée tout en conservant cette idée de modulation induite par les voix et les synthétiseurs.
Sortie le 30 octobre
Coups de cœur : Long Road Home, Lost But Never Alone
Caroline Fauvel
Alec Spiegelman – Airplane Mode
La sensation d’un rayon de soleil à travers la vitrine d’un café, un moment de grâce, voici entre autre ce que procure l’écoute du nouvel album du talentueux clarinettiste et songwriter Alec Spiegelman. Déniché parmi le sextuor de Brooklyn, Cuddle Magic, on y retrouve la patte du musicien du groupe. Le son est épuré, direct, proche de l’auditeur, comme ce rayon de soleil justement. Il y a ici un élan très nord-américain, dans la maîtrise parfaite des instruments. La présence notamment de l’excellent bassiste Andrew DiMola qui réussit à faire vibrer des titres comme Airplane Mode avec un sens de l’improvisation très prononcé. Cette collecte de moments forts disséminés sur quatorze titres est une vraie libération. On sort de cette écoute avec une seule envie, le réécouter du début.
Sortie le 23 octobre
Coups de cœur : Still In Touch, Airplane Mode
Marin Esteban
Janie – Petite Blonde (EP)
Sur les réseaux sociaux Julie, devenue Janie pour la scène, marque les esprits avec ses karaokés colorés reprenant Michel Berger, Céline Dion, ou encore Whitney Houston. Après déjà quatre singles offerts à son public pendant l’été pour patienter, c’est finalement le 30 octobre dernier que son EP Petite Blonde paraît. Composé de cinq titres, dont quatre exclusifs, ce corpus de textes musicaux est d’une grande maturité. Janie écrit sur les différentes périodes de sa vie qui la caractérisent : les épreuves joyeuses et douloureuses s’y mêlent habilement. Confessions gracieuses sur des sujets délicats, ses paroles se rapprochent de poèmes. Écrire guérit. Écouter Julie ravit. Couplé à des thèmes intemporels tels que l’amour, le deuil, la maladie ou bien la différence, l’univers rétro des mélodies qu’elle compose avec Valentin Marso nous enivre. Lorsqu’elle chante, Julie transmet, tant par sa voix que par ses mots. Mention spéciale pour Mon Idole qui est une ode à son père disparu il y a six ans. Le nom de scène que Julie a décidé de porter « Janie » est un mélange de leurs deux prénoms. Un bel hommage à celui qui lui a transmis l’amour de la musique. La relève de la variété française est assurée avec brio.
Sortie le 30 octobre
Coup de cœur : Mon Idole (minute 03:00 telle une scène d’Amélie Poulain)
Léïna Jung
Luidji – Boscolo Exedra (EP)
La définition de la douceur. Luidji livre un EP sirupeux à l’extrême en seulement cinq morceaux, sculptés minutieusement des mains des producteurs Ryan Koffi et Snowdeez. Comme l’avait déjà fait le chanteur sur Tristesse Business : Saison 1, il s’arme de sa voix enivrante et la fait glisser jusqu’à nos oreilles. Un court projet teinté de rouge, mêlant sensualité débordante, passion et amour à savourer en surplomb d’un délicat coucher de soleil écarlate. Brisé dans son précédent projet, il revient dans ce projet sur un amour estival qu’il conduit à ses côtés dans ce fameux hôtel qui donnera son nom au projet. Boscolo Exedra prolonge la ligne tracée par Luidji avec Tristesse Business : Saison 1 dans une ambiance romantique parfumée de tendresse.
Sortie le 23 octobre
Coup de cœur : Le Rouge
Isaac Daim
Pomme – Les Failles Cachées Halloween Version (Réédition)
Les Failles, Les Failles Cachées, une Révélation de l’Année aux Victoires de la Musique… L’envoûtante Pomme n’en finit plus de captiver son auditoire. C’est un an après la sortie de son opus, et après sa première réédition, que l’artiste nous fait cadeau de trois « failles » supplémentaires. Trois titres à l’occasion d’Halloween : Chanson for my depressed love, Magie bleue en compagnie de Flavien Berger et Comme tu dis. De sa traditionnelle voix lunaire qui semble venir d’un autre temps, Pomme nous conte sa lumineuse vulnérabilité sur les deux derniers morceaux de l’album. « J’essaierai de croire en moi », sincère, résonne tel un mantra d’automne chaleureux dans Comme tu dis. Magie Bleue, morceau patchwork de 8 minutes aux côtés de Flavien Berger, est une rêverie esthétique, une jolie ode à l’apaisement et à l’étrange. Pas de paroles, seulement des bruits, des voix et des murmures intimes. Preuve que cette période peut aussi être empreinte de poésie.
Sortie le 30 octobre
Coups de cœur : Magie Bleue, Comme Tu Dis
Inès Zeghoul
