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Sorti mi-Octobre sur Netflix, Les Sept de Chicago retrace le procès de sept activistes jugés pour avoir mené des manifestations contre la guerre du Vietnam. Un hommage drôle et émouvant à ceux qui se battent pour changer le monde au prix de leur sang.
Aux États-Unis, les années 60 représentent avant toute chose la décennie d’une révolution sociale et culturelle : pour les droits de la communauté LGBT, pour le féminisme, pour les droits civiques. Symbole de révolte et de conflit entre le gouvernement et le peuple américain, cette période de l’histoire américaine a vu naître des destins de légende, qui ont payé, souvent de leur vie et au moins de leur sang, leur engagement pour la liberté.
Parmi eux, on trouve les « Chicago Seven », sept activistes accusés et jugés pour conspiration et incitation à la violence. Abbie Hoffman, Jerry Rubin, David Dellinger, Tom Hayden, Rennie Davis, John Froines et Lee Weiner sont à l’origine de manifestations lors de l’élection présidentielle de 1968, pour contester la guerre au Vietnam et plus largement, la politique de Lyndon B. Johnson, alors président des États-Unis.
Ces manifestations pacifiques sont reçues avec une violence inouïe par la police de Chicago, et attirent l’attention du monde entier. Réalisé par Aaron Sorkin, Les Sept de Chicago retrace le procès de ces sept hommes, ainsi que de Bobby Seale, co-fondateur du mouvement Black Panther, qui sera pendant un temps jugé à leurs côtés.
Racisme, discrimination et violences policières, c’est un portrait dur mais réaliste de l’Amérique des années 60 auquel Aaron Sorkin s’attaque lorsqu’il écrit le scénario du film en 2008. Plus de dix ans plus tard, c’est Netflix qui accueille le film, dans un contexte très compliqué pour les sorties en salles.
On retrouve ici le réalisateur avec toutes les qualités qui font sa renommée : un scénario bien construit, une histoire prenante et émouvante, et des dialogues profondément marquants. Pour porter ces hommes iconiques à l’écran, il s’est entouré d’un casting exceptionnel, porté par un Sacha Baron Cohen au sommet, émouvant et subtil. On retrouve à ses côtés Eddie Redmayne (The Danish Girl), Jeremy Strong (The Gentlemen) et John Carroll Lynch (Gran Torino), tous navigant avec une facilité déconcertante entre le rire et les larmes. Joseph Gordon-Levitt, Michael Keaton et Frank Langella brillent également dans des seconds rôles avec une belle profondeur.
S’appuyant sur quelques images d’archive, Les Sept de Chicago propose une représentation fidèle d’un mouvement social et culturel qui fit trembler l’establishment américain. Avec une touche d’humour et beaucoup d’humanité, Aaron Sorkin réussit le pari de rendre ses personnages actuels et pertinents pour une nouvelle génération très engagée. Il entraîne le spectateur dans leur combat et leur colère face à un juge profondément raciste, qui cherche avant tout à réprimer un mouvement social trop bruyant sur la place publique.
Les Sept de Chicago est l’évocation nécessaire d’une époque pas si lointaine qui changea la face du monde à jamais. Sorkin nous rappelle sans être moralisateur que ces hommes, engagés pour le bien commun, méritent que leurs actes restent inscrits dans nos mémoires comme le signe que des combats restent encore à mener. Des combats pour une société plus juste, plus égalitaire, et surtout plus libre.