Clips du moisMUSIQUE

LES CLIPS DU MOIS – Novembre #2

Visuel © Guillaume Lacoste

Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette deuxième sélection du mois de novembre une valse sentimentale avec Mélodie Lauret, une rage sentimentale avec Fils Cara et un bain de couleurs avec Babe Rainbow.

Mélodie Lauret – Doucement par Guillaume Genetet

C’est un souffle tiède murmuré au creux de l’oreille, au creux du coeur que nous offre Mélodie Lauret dans son dernier single Doucement. Une valse sentimentale et lancinante drapée d’une vidéo où douceur et tendresse sont les maîtres mots. Capturé par Guillaume Genetet, le clip nous téléporte dans un grand appartement vide et blanc où les corps s’enlacent ensemble ou se libèrent en solitaire. Pour ce nouveau titre, l’interprète de A Quoi Tu Penses Quand Tu M’adores ? invite Ari de B (Habibitch sur les réseaux), danseur-euse et activiste non-binaire à tourner avec iel. Dans une esthétique épurée et intimiste, vêtu-es de noir et de blanc, les deux artistes nous font tourner la tête et flotter en l’air. Une “déclaration d’amour queer” qui célèbre l’amour lesbien, l’amour tout court qui fait du bien à voir dans le paysage hétérocentré de la nouvelle scène française. Désir ou amour fou ? Un peu des deux pour le plaisir du coeur et des yeux. On divague, doucement…

Pauline Pitrou

Shame – Water in The Hell par Pedro Takahashi

C’est un noël chez Shame. Depuis le début de l’année scolaire les anglais ne cessent de dévoiler titres et clips qui paraîtront sur leur très attendu second album Drunk Tank Pink. Les cinq garçons n’ont rien sorti depuis leur premier opus en 2018, autant dire des siècles. Le 18 novembre dernier sortait le titre Water in the Well accompagné de son clip. Une nouvelle chanson qui ne déçoit pas. D’humeur généreuse Shame en a profité pour révéler la sortie de Drunk Tank Pink qu’il teasait depuis des mois sur twitter. Prenez note, le saint Graal paraîtra le 15 janvier 2021. Dirigé par Pedro Takahashi le clip de Water in the Well s’amuse en superposant les images. Le groupe, les objets ne bougent pas, mais le décor lui change. Tantôt le chanteur Charlie Steen se trouve dans une ruelle, tantôt dans un parc. Le tout s’enchaînant avec fluidité. Au milieu de ce jeu visuel des photographies des membres, des cartes sont projetés, telles des archives. Le clip nous donne finalement la sensation d’évoluer dans une exposition d’art moderne.

Juliette Soudarin

Fils CARA – Sous ma peau par Hugo Pillard

Pluie de fleurs et pluie d’étoiles pour le nouveau joyau du chercheur d’or Fils Cara. Extrait de son dernier EP Fictions, Cara choisit de clipper son titre Sous Ma Peau et s’associe à son ami réalisateur Hugo Pillard (Pomme, Tim Dup..) pour créer un diamant brut où les constellations se cognent aux sentiments. Un hymne à l’amour pur où les yeux sont des lanternes qui traversent la peau de l’être aimé. On suit ainsi les déambulations passionnées de deux amant-es (Paul-Adrien Bertrand et Yoanna Bolzli) traversé-es par la folie douce et par la rage ostensible de l’amour. Entre images granuleuses et visions nébuleuses, le clip capte avec brio la fougue des grandes histoires de coeurs, celles qui s’enflamment et gravent sur les corps une empreinte éternelle.

Pauline Pitrou

Joanna (feat. Laylow) – Démons par Marius GONZALEZ

Le « Man of The Year » joue les démons dans le dernier clip véhément de la spectaculaire Joanna. Comme à son habitude, un clip à l’esthétique soignée. Dans le retentissement d’un ciel houleux, le décor laisse pressentir à une ambiance oppressante. Le clip devient un pan monochrome à l’arrivée des lumières dansantes qui habillent l’ambiance d’un rouge vif menaçant. L’image nous enivre par son faux rythme, rivé dans notre position de spectateur, de contemplateur. Les ralentis et les gros plans fixent la séduction. L’apparition de Laylow résonne comme une hallucination, l’image vient frapper nos yeux et casse ce faux rythme lancinant. Dans un rôle de tueuse à gage, la chanteuse joue de ses charmes jusqu’a brûler notre écran. À la manière d’un film dramatique, l‘ambiance érotique ne va pas durer. Laylow entre dans les têtes et sème la frénésie. Une fois éveillé le démon prend le contrôle et s’exprime par le chaos.

Isaac Daim

La Belle Vie – Orphée par Léo Chadoutaud

Une arène de bétons et un sabre planté dans coeur d’un dragon, Orphée seul et ensanglanté. En même temps que la sortie de Bluettes, leur tout premier EP, La Belle Vie dévoile le clip obscur et entêtant de Orphée. Si la formation originaire de St. Etienne nous avait habituée à des morceaux légers et solaires, pour ce titre, ils revêtent une ambiance brumeuse et noctambule. Un morceau autotuné obsédant accompagné d’une vidéo signée Léo Chadoutaud. Pour Orphée, le groupe insuffle un vent de modernité au célèbre mythe d’Ovide et téléporte leur héros sous les flash d’une nuit de fête, ou en plein combat avec des motos. Des ralentis lancinants et des lumières chaudes qui transpercent le noir au menu de ce bijou esthétique qui fait rouler des hanches et vibrer le coeur.

Pauline Pitrou

Zoo Baby – Par Tes Yeux par Julien Mineau

C’est sur fond d’images analogiques que le Canadien Xavier Dufour-Thériault nous embarque dans son second single Par Tes Yeux. Un format 4:3 (grandement apprécié de son concitoyen Xavier Dolan) dans lequel on retrouve par le prisme d’un prompteur l’artiste à un karaoké, manifestement peu à l’aise avec la foule, au début du moins. Une essence DIY, de l’image jusqu’à la musique, puisqu’on y trouve des sons assez synthétiques, voire même une instru que Julian Casablancas lui même n’aurait renié, dans la guitare comme dans le vocoder (le fameux Instant Crush avec les Daft Punk). Un single qui laisse entrevoir de belles choses derrière, comme son premier album, prévu en mars prochain.

Guillaume Lacoste

MOURN – Gather, Really par Alex Fernández

Gather, Really, extrait du quatrième album, Self Worth, du groupe catalan MOURN, est une sacrée pépite, sortie début novembre. Variations post-punk moderne et pop-emo, comme une petite lueur des années 2000. Le clip en noir et blanc est dépaysant, et livre des plans sublimes, de véritables photographies. L’histoire d’un secret, d’une mystérieuse valise dont les trois gangsters vont vouloir se débarrasser. Au milieu des clopes, revolvers, billets et alcools, les jeunes femmes partent en cavale. L’énergie est immédiate, frénétique, d’autant plus que ce n’est pas une mais deux voix principales qui hurlent des textes engagés, féministes, et assez sombres, à l’image de leur nom. MOURN crie la pression du monde qui nous entoure. Mélodie vibrante, guitares punchy… Un titre bouillant et éclatant d’un groupe qui ne cherche qu’à se faire entendre. 

Leelou Jomain

BABE RAINBOW – ZEITGEIST par Kristofski

Triptyques colorées et accords tropicaux voici le nouveau clip du groupe australien originaire de Byron Bay les Babe Rainbow. À peine un an après leur dernier album Today le groupe nous délecte de ce nouveau morceau Zeitgeist. Une balade pop rock et psychédélique qui est propre au quatuor. Le titre nous emmène loin de nos plages froides et de l’hiver qui approche pour nous transporter sur une planche de surf ou sous les palmiers bien connus de l’Australie. Ces hippies et surfeurs modernes nous nourrissent d’une mélodie tendre et amoureuse sur fond d’arc en ciel, de végétations, de vagues et… de poules (oui oui !). C’est donc un retour doux et prometteur qui nous laisse rêver de chaleur et d’eau azurée.

Thomas Soulet

YELLE – Vue d’en Face par Giant

C’est un rempart mélancolique à la morosité que Yelle nous donne à voir avec Vue d’en face. Clip chaleureux plus que jamais d’actualité où les corps de mêlent et se séparent. L’artiste invite ici l’acteur et réalisateur Nicolas Maury – que l’on retrouvera au cinéma le 16 décembre pour son film Garçon Chiffon – qui excelle en partenaire dramatique, alternant regards furtifs et pas de danse timides mais sincères. Le couple fonctionne dans une alchimie superbe, s’observant, se touchant, et échafaudant des mouvements espiègles, portant ainsi sans mal ce titre qui demeure l’un de nos préférés de l’album L’Ère du Verseau. Yelle confirme via cette collaboration avec Giant, ses nouvelles ambitions esthétiques qui portent désormais son projet.

Caroline Fauvel

Oneohtrix Point Never – Lost But Never Alone par Josh & Benny Safdie

Magic Oneohtrix Point Never s’est imposé pour nous comme l’un des plus beaux albums de cette année 2020. L’artiste à la musique polymorphe convoque ici les frères Safdie – avec lesquels il a déjà collaboré pour la bande-originale du film Good Time – qui apposent des images publicitaires à l’esthétiques vintage, et des destins entrecroisés semblant dramatiques. Daniel Lopatin – Oneohtrix Point Never – concentre l’attention esthétique et visuelle autour de sa voix et des claviers, transmettant une énergie expressive qui n’est pas sans nous rappeler le Phantom of the Paradise de De Palma. Une collaboration superbe, hors du temps, qui scelle un peut plus les visions artistiques de ces deux entités que tout rassemble.

Caroline Fauvel

Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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