Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette première vague du mois d’octobre un bain de fleurs avec Thérèse, une errance grise avec Bonnie Banane et une escale à Pertusato avec Tim Dup.
Thérèse – T.O.X.I.C par Charlie Montagut
Le morceau était sorti en juillet. T.O.X.I.C., premier titre solo de Thérèse qui a quitté La Vague pour naviguer seule. Seule mais bien entourée du producteur lillois Adam Carpels et de Charlie Montagut à la réalisation de ce premier clip. Des images fortes venant appuyer voire sublimer le propos de la chanteuse. Une injonction féministe à l’émancipation, à la liberté pour s’échapper (comme l’indique le titre) des relations toxiques qui empoisonnent notre existence, à commencer par celle que l’on entretient avec nous-mêmes. Dans cet univers brut et poétique, Thérèse semble se battre contre des démons invisibles, entourée de plastique, de fleurs qui brûlent et modifient les perceptions. Par la parfaite maîtrise du montage, elle passe du feu à l’eau d’un bain immaculé, des couleurs chaudes aux couleurs froides et envoie tout valser. Un morceau et un clip qui semblent tomber juste dans la période actuelle, comme un désir de se lever, d’affirmer son identité et ses idées. Bravo !
Diane Lestage
Bonnie Banane – Flash par Mati Diop
Son nom de gangster loufoque est sur toutes les lèvres depuis ses deux passages ensorcelants sur la chaîne Colors et chacune de ses sorties est une fête à mi-chemin entre étrange et sublime. Un mois avant la sortie de son tout premier disque Sexy Planet à paraître le 13 novembre prochain, Bonnie Banane en dévoile un nouvel extrait avec Flash. Une ritournelle teintée de gris qui invoque le souvenir d’un amour perdu et les bouleversements que la perte peut provoquer. Un titre mélancolique et élégant sublimé par un clip signé Mati Diop, lauréate du Grand Prix du Festival de Cannes 2019 pour son film Atlantique. On retrouve Bonnie, en deuil d’amour, qui contemple et visite la Dame de Fer, lieu connu pour son romantisme absolu. Ici pas d’idylle mais une errance presque funeste. Une vidéo sobre et sombre où la grisaille de Paris et de sa tour se colle au cœur et à l’âme.
Pauline Pitrou
TOBOGGAN – Silence Radio par TOBOGGAN
Est-ce que tu viens pour les vacances ? Il est toujours bon se remémorer les souvenirs d’amour d’été, ceux qu’on a vécu ensemble, ou séparé-es… Alors que le ciel se teinte des couleurs rouges de l’automne, le duo Toboggan nous offre du mauve et du bleu pour réveiller notre cœur avec leur nouveau single Silence Radio. Pour mettre en image leur comptine pop, les deux tourtereaux optent une fois de plus pour l’esthétique vintage et nous inondent de douces images estivales. La mer qui danse, les fêtes foraines multicolores et les baiser salés au bord des vagues : Toboggan nous offre des flashbacks pastel et disperse au fil du clip des objets d’une époque à laquelle ils auraient pu décidément appartenir (cassettes, vinyles, babioles en tout genres). Une carte postale animée de vacances nostalgique qui laisse rêveur-euse et éperdument amoureux-euse.
Pauline Pitrou
Benjamin Lazar Davis – If You Want It par Benjamin Lazar Davis
Benjamin Lazar Davis, le song-writer New-Yorkais aux multiples collaborations (Cuddle Magic / Okkervil River / Joan As Police Woman / Bridget Kearney etc…) dévoile un nouveau clip de son projet solo avec le titre If You Want It co-écrit avec l’artiste Liptalk. Dans un paysage sauvage, un cosmonaute miniature est entraîné dans le courant de la rivière. Les rayons du soleil font vibrer le capteur photo-sensible de la caméra dans une pulsation stroboscopique. Sur le rivage, une jeune femme danse, perchée sur son rocher, entre nuages de fumées et étincelles de lumière, elle est entraînée par les vibrations de la musique. La nuit tombe, les feux d’artifice occupent tout l’espace de l’image traitée en surimpression par des textures à rayures digitales. Maintenant la caméra est tantôt dans les airs, quand elle survole la rivière, tantôt submergée par elle, où l’on y voit la danseuse enlacée par les eaux. La musique est planante, l’image envoûtante et on ne sort pas indemne de ce voyage poétique que Davis a filmé et réalisé lui même.
Marin Esteban
Tim Dup – Pertusato par Tim Dup et Hugo Pillard
Quand il y a des paysages saisissants et de la poésie lumineuse, il y a toujours Tim Dup quelque part. Pour son titre Pertusato extrait de son dernier disque Qu’en restera-t-il ?, l’artiste nous offre une balade orangée en terres corses. Accompagné de son fidèle ami réalisateur Hugo Pillard, il capture vagues, lunes et ciels pour donner vie au morceau. Une chanson d’amour et d’adieu où les paysages se confondent avec des archives personnelles du chanteur. En douceur, toujours, Tim Dup livre un titre sublime où les pianos s’envolent et explosent en bouquet électroniques. Un clip doux et apaisant au parfum d’écume et de soleil dans lequel on plonge pour oublier la morosité du quotidien.
Pauline Pitrou
Soko – Let Me Adore You par Jasper Rischen & Soko
“Good morning Indigo” – Soko nous enveloppe d’une douceur sublime avec ce clip tout en rondeur. D’abord enceinte, puis avec l’enfant qu’elle a eu avec Stella Leoni, Let Me Adore You est un récit intime et apaisant qui se veut néanmoins loin du voyeurisme. Les mots s’enchaînent et se coordonnent avec les paysages profonds d’une Amérique éternelle, figée entre les éoliennes et l’intérieur confiné d’une caravane. Le couple s’étreint dans une poésie amoureuse loin de l’hostilité fugace d’un monde qui nous dépasse. Simplement beau.
Caroline Fauvel
Cabane et Kate Stables & The Fantasy Orchestra (A Take Away Show) par la Blogothèque
C’est notre remède à la mélancolie inhérente à l’automne. Ce Take Away Show se veut d’une humilité et d’un apaisement sans pareil. Tourné en juillet dans la cour baignée de lumière des Grands Voisins à Paris, Cabane à la guitare, Kate Stables au chant et The Fantasy Orchestra aux choeurs et instruments entremêlent des notes folk épurées pour créer deux magnifiques lives des morceaux Take me home, Pt. 2 et Sangokaku. Un instant refuge qui donne corps à l’album de Cabane, Grande est la maison, sorti en février dernier.
Caroline Fauvel
Népal – Dans le Fond par Les Gars Laxistes
Le 28 septembre dernier sortait le clip inédit Dans le fond de Népal, premier titre d’une série de cinq morceaux enregistrés par le rappeur disparu tragiquement en novembre 2019. Dans la même veine qu’Adios Bahamas, son album sorti en janvier dernier, Dans le fond est un condensé d’esthétiques obscures à la Blade Runner, mélangeant néons et visions holographiques. C’est notamment cette forte référence au futurisme digital qui nous donne l’impression d’une folle énergie émanant pourtant du très sombre. On adore évidemment l’univers de l’introduction, semblant tout droit sorti d’un Star Wars et qui donne à la production des airs de jeu vidéo, ou de monde alternatif. Le visuel, réalisé par Les Gars Laxistes et signé 75ème Session, est une affaire de famille qui s’incorpore parfaitement à l’univers déjà insufflé par le rappeur dans ses précédentes autoproductions. De quoi ravir les aficionados.
Inès Zeghoul
VSSVD – Bonnie par Nathan Almeras
Que serait Bonnie sans Clyde ? Il faut plonger dans le nouveau clip saisissant de VSSVD pour tenter d’élucider le mystère. Quelques mois après la sortie de leur EP Rouge, le groupe tourangeau dévoile le clip obsédant de Bonnie. Brillamment réalisée par Nathan Almeras, la vidéo réinvente le mythe et nous montre les manigances criminelles d’une jeune femme. Collages vivants sur toile numériques et vidéos de surveillances en noir et blanc : le clip enchaîne les procédés originaux pour illustrer la prise d’otage des membres du groupe. Un clip ténébreux et stupéfiant entre film noir et surréalisme qui laisse bouche bée et mains en l’air .
Pauline Pitrou
The Garden – A Struggle par Taylor Bonin
Sans doute l’un des morceaux les plus singuliers de l’album Kiss My Super Bowl Ring – et ce notamment à cause de l’usage presque ostentatoire du scream en introduction et conclusion de celui-ci. Dans cette ballade post-punk, les deux frères incarnent de géniaux éboueurs vêtus respectivement de lilas et de vert éclatant. A Struggle nous enivre d’un soleil californien infini et de rythmiques rock martelées à coup de guitares et synthés incandescents.
Caroline Fauvel