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La Piccola Scala, une nouvelle salle de spectacle intimiste à Paris

© Alexei Vassiliev

Un mois après sa réouverture, le théâtre de La Scala présente une nouvelle salle, affectueusement appelée Piccola Scala (la petite Scala). Amphithéâtre à l’ambiance intimiste, il accueillera en son sein concerts, stand-up, et seuls en scène.

Ancienne salle de répétition, il faut descendre huit mètres sous la surface de la terre pour pénétrer dans ce tout nouvel amphithéâtre. Éclairé par des néons bleus rappelant l’ambiance de la grande Scala, on peut lire à la fin des escaliers son affectueux surnom, Piccola Scala, dans l’écriture caractéristique de Rudi Meyer, responsable du graphisme de tout le théâtre. Cet amphithéâtre de 180 places (100 en période de crise sanitaire), est le fruit des rêves et imaginations des artistes.

Sous le regard expert de Richard Peduzzi, à qui l’on doit l’agencement du théâtre principal, ce sont Fary et Panayotis Pascot, deux humoristes, qui ont eu les premiers l’idée de sa construction telle quelle  : cela a été, selon les mots de Frédéric Biessy, « comme une évidence » pour eux. Les directeurs du théâtre, Mélanie et Frédéric Biessy, ont décidé d’aller au bout de cette rêverie, afin de créer un espace intimiste, confortable, permettant au public de communier avec les artistes. Et vice-versa. À travers ce lieu quasiment secret, l’idée est de favoriser les entremêlements artistiques, de croiser la musique, la danse, le théâtre, les arts visuels, le stand up… quelques mois de réflexion, encore quelques mois de travaux, et tout est prêt pour y faire vivre un spectacle comme jamais avant. 

Un programme jeune, varié, plein d’espoir

Au vu des circonstances et des enjeux de construction de l’amphithéâtre, il y a fort à parier que la programmation sera à son image. La salle a été inaugurée le 13 octobre par le jeune pianiste Josquin Otal, interprétant les œuvres du compositeur britannique Thomas Adès. Le 15 octobre, la salle a également été inaugurée par un stand-upper, Jason Brookerss, marquant ainsi le début d’une saison plus que variée à la Piccola Scala.

©Alexei Vassiliev

Selon Frédéric Biessy, l’idée est de réellement faire de l’amphithéâtre un lieu pour la jeune génération de musiciens, dont un lieu d’émergence, de nouveauté et de jeunesse. Ainsi, tous les 13 du mois (en référence au fait que le théâtre soit situé au 13 boulevard de Strasbourg), un jeune musicien présentera un récital du compositeur de son choix accompagné d’un piano fabriqué sur mesure par Yamaha. Seule obligation  : il faut que celui-ci soit vivant. Ce format, sobrement intitulé « les 13 du 13 », représente le coup d’envoi à une nouvelle génération des arts scéniques. 


La Piccola Scala sera également mise à profit par des classes de jeunes, mises en place grâce aux divers partenariats du théâtre, avec notamment le conservatoire du Xème arrondissement ou bien de Drancy. On espère notamment y voir performer de jeunes classes de percussions début 2021.

«  Abyssal  »  : Un fauteuil pour Elika

Le jour de l’inauguration de la petite salle, la direction du théâtre en a également profité pour présenter son 6e « fauteuil d’artiste », celui de l’artiste iranienne Elika Hedayat, intitulé « Abyssal ». Installé contre le mur du fond, entouré et éclairé par un néon bleu, il est la première chose que l’on voit lorsque l’on pénètre dans le hall du théâtre de La Scala de Paris. Sur les murs de côté, de courtes vidéos représentent elles-aussi des fauteuils, investis par de curieuses créatures  : l’un ressemble à un cœur, l’autre à un œil, une oreille peut-être  ? 

Le projet « fauteuil d’artiste », mené par Aline Vidal, a ainsi pour objectif de faire s’infiltrer les arts visuels et numériques au sein du théâtre, association assez singulière avec une salle de spectacle. Trois fois dans la saison, un fauteuil du théâtre est confié à un artiste et installé dans le hall, présentant des créations hybrides représentatives de cette même époque. Pour la fin de cette deuxième saison, le choix d’Aline Vidal s’est donc porté sur Elika Hedayat  : la jeune femme manie l’art du virtuel et de l’imaginaire en s’appuyant sur des témoignages et documentaires issus du réel. Son récit, sous différentes formes, est un chassé-croisé de réalité, mémoire et imaginaire. 

«  Depuis des année dans ma démarche artistique et mes dessins, je mets en scène un monde imaginaire tel que le souhaite un système de pouvoir idéologique en quête d’utopie. […] Dans mes travaux, on voit ce système utopique devenir difforme, mutilé. A force de vouloir réaliser l’utopie, il donne naissance à un monde chaotique, dystopique. […] La sexualité, le rapport au corps et au sexe, le pouvoir, la soumission, la domination sont les noyaux durs de mon travail.  »

Elika Hedayat

Pour son fauteuil d’artiste, qui trônera au centre de La Scala jusqu’en décembre 2020, Elika Hedayat a décidé de combiner l’obscurité et les sensations présentées dans une salle de théâtre avec le cosmos et les émotions provoquées chez l’Homme. Ainsi, derrière son fauteuil sont représentés des enchevêtrements de ligne rappelant les neurones, les nerfs et autres connexions de notre corps, qui semblent toutes se relier au centre, là où se trouve le siège. Les vidéos sur le côté, sobrement intitulées « Dialogue » et « Monologue », montrent la réaction de nos parties du corps face à une représentation théâtrale.

© La Scala Paris

Pour clore l’inauguration de ce speakeasy théâtral, la directrice de la Scala Mélanie Biessy s’est exprimée sur les situations des théâtres et des lieux de culture vis-à-vis de la pandémie mondiale. Les annonces du président de la République, en particulier celle du couvre-feu à 21h, mettent en péril la situation déjà compliquée des acteurs du spectacle vivant mais ne remettent néanmoins pas en question la programmation du théâtre, l’ensemble des horaires ayant été adaptés. De son discours, cependant, on retient une bonne dose d’espoir, de sourire vers l’avenir, et un message important  : Il faut continuer à aller au théâtre. 

Théâtre de La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris. Plus d’informations, programmation et billetterie sur le site de La Scala.

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