CINÉMA

« La Daronne » – Deux femmes pour une comédie

Copyright Photo Guy Ferrandis

La nouvelle comédie policière, La Daronne, de Jean-Paul Salomé raconte l’histoire de Patience qui pour rompre avec la monotonie de sa vie et de son métier d’interprète se déguise et devient trafiquante de drogue.

La Daronne, réalisé par Jean-Paul Salomé met en scène Patience Portefeux, ici interprétée par Isabelle Huppert, traductrice franco-arabe au sein de la brigade des stups. Elle se retrouve tiraillée entre son métier, son petit-ami flic (Hippolyte Girardot) et ses convictions. Pour pallier à ses problèmes d’argent et aider l’infirmière (Farida Ouchani) qui s’occupe de sa mère malade (Liliane Rovère), elle devient – un peu malgré elle – la « Daronne » à la tête d’un immense trafic de drogue. La comédie policière se créée alors autour de la double personnalité de Patience, d’une part frêle et silencieuse et d’autre part, la Daronne, charismatique et déterminée.

Un passé déguisé

La patrouille de police s’apprête à arrêter des trafiquants de drogue dans leur appartement, Patience, dans les escaliers met un gilet par balle et prend place au premier rang afin de réaliser son métier d’interprète arabe/français. Cette scène ouvre le film et présente Isabelle Huppert qui va enfiler deux costumes différents et interpréter deux véritables rôles distincts : Patience Portefeux et la Daronne. Il semblerait que la Daronne représente la fougue de Patience enfouie et cachée depuis trop longtemps. Patience est froide, fragile, presque transparente, considérée comme un fantôme par ses voisins. Son métier au sein de la brigade des stups est sous-jacent et discret, personne ne soupçonne son existence. Au contraire, la Daronne est audacieuse, insolente et convaincue. Elle peut devenir ainsi actrice de sa vie. Pour mettre en opposition les deux femmes le réalisateur alterne silence et bruit, écoute et action, l’une parlant français et l’autre arabe.

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Patience écoute les conversations téléphoniques privés des dealers, s’approprie leurs codes. Le film semble long à démarrer et débute réellement avec l’entrée en scène de la Daronne. Isabelle Huppert fait le film a elle toute seule effaçant presque le reste des personnages. L’histoire de Patience Portefeux est vue par le spectateur comme touchante et complexe, contrastant avec l’énormité et la simplicité du personnage qu’elle représente. Dans ce film la comédienne s’approprie une tout autre culture, porte le voile, cadeau de Khadidja (l’infirmière de sa mère), parle arabe, changeant complètement d’identité et devenant « une femme du bled » ; le cliché d’un cliché. Le réalisateur a fait des dealers, escrocs, les personnages comiques de son film face aux policiers inintéressants et sérieux. Ils sont des clichés loufoques. La propriétaire chinoise de l’immeuble de Patience, Madame Fo (Jade-Nadja Nguyen), derrière ses politesses et son calme cache une immense folie et excentricité. Les petits dealers Scotch et Chocapic sont décrit comme incompétents, maladroits, cartoonesques. Alors les clichés autour des communautés arabes et chinoises sont extrapolés et les personnages frôlent le ridicule.

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Cette virée d’hors la loi permet concrètement à Patience de rompre avec l’endormissement de sa vie et de se réconcilier avec son passé. Après un mariage typiquement chinois à l’ambiance rouge sang auquel elle a été invitée, Jean Paul Salomé propose comme dernière scène Patience à bord du bateau Patience traversant la mer d’Oman avec à ses côtés son chien renifleur. Malgré un manque d’approfondissement autour de la personnalité de Patience, les deux facettes radicalement opposées de la femme semblent, à la fin du long métrage, se retrouver.

LA DARONNE Bande d’annonce

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