© White House Photographic Collection
Au cours de l’été, Maze vous propose une rétrospective de certains épisodes marquants des élections présidentielles américaines. Ils rythmeront les semaines qui nous séparent de l’élection présidentielle du 3 novembre, qui verra s’affronter Donald Trump et Joe Biden.
L’élection américaine de 1980 est le parfait exemple d’un président qui ne parvient pas à faire renouveler son mandat. Jimmy Carter perd face à Ronald Reagan, deux hommes mais surtout deux idéologies s’affrontent : l’un prône le multilatéralisme et la non-intervention tandis que l’autre a pour objectif le retour d’une Amérique puissante et rayonnante dans le monde entier.
Choisir entre une Amérique « juste » ou « vraie »
Après le scandale du Watergate qui impacte lourdement les républicains et la sphère politique classique, Jimmy Carter parvient en 1976 à être candidat démocrate pour les présidentielles puis devient président. En 1980, il décide de se représenter aux élections pour un second mandat. Cependant, les démocrates sont divisés quant à leur prochain candidat. Si Carter semble avoir une large avance sur son adversaire Edward Moore Kennedy au début des primaires, ce dernier prend de plus en plus d’avance.
Edward M. Kennedy est le parfait outsider qui peut se permettre de promettre un avenir brillant pour le parti démocrate. D’autant plus que le troisième candidat à se présenter aux primaires démocrates, Jerry Brown, abandonne très rapidement. Le duel pour le ticket présidentiel s’établit alors entre Carter et Kennedy. Les résultats finaux des primaires ne donnent pas de majorité absolue au gagnant : 51,13 % des voix pour Carter contre 37,58 % pour Kennedy. Pour autant, le candidat démocrate ne choisit pas son adversaire comme vice-président mais Walter Mondale, son vice-président actuel.
Du côté républicain, Reagan est favori très rapidement, avant même les primaires. Il s’oppose à George Bush, ancien directeur de la CIA. Les résultats de la primaire donnent Reagan vainqueur qui décide de choisir Bush comme vice-président. Il appuie son programme de campagne sur le slogan « America is back » : le retour du conservatisme et d’une Amérique forte. Rhétorique reprise par Donald Trump lors de sa campagne de 2016 avec « Make America great again ».
Pour autant, il fait figure d’outsider puisqu’il est acteur et ne détient qu’une licence d’économie et de sociologie. Un profil d’un nouveau type en politique contrairement à Jimmy Carter, politicien par excellence ayant été sénateur puis gouverneur de Géorgie.
Avec un président démocrate sortant en lice et un candidat républicain conservateur, l’enjeu de ces élections réside en une opposition : continuité ou rupture ?
Un bilan insuffisant pour Carter
L’année 1980 est difficile pour les Etats-Unis. Le deuxième choc pétrolier entraîne une crise économique mondiale : stagflation et hausse du chômage impactent de plein fouet les Américains. Cette crise s’accompagne d’une période de remise en question de l’hégémonie économique du pays puisque les Japonais s’imposent dans le monde entier.
Le bilan du mandat de Carter est plutôt positif, notamment en termes de politique internationale, puisqu’il signe les accords Camp Davis entre l’Egypte et Israël ainsi que le traité SALT II sur la limitation des armes nucléaires entre l’URSS et son pays. Pourtant, ses faiblesses prennent le dessus, exacerbées par la prise d’otages américains à Téhéran en Iran qui s’étend de 1979 à 1981.
Cet épisode marque une rupture dans les relations américano-iraniennes mais frappe également les consciences américaines. Ce sont 52 civils américains qui sont retenus dans l’ambassade américaine de Téhéran pendant plus de 400 jours. Carter ne semble pas réussir à négocier avec les forces iraniennes. Il tente de libérer les otages par la force mais l’opération militaire échoue. Finalement, ils seront libérés par Reagan, président depuis quelques minutes, en 1981.
Carter est perçu à la fin de son mandat par une partie des Américains comme un idéaliste, inapte en tant que président des Etats-Unis. Plusieurs l’ont comparé au président Hoover lors de la Grande Dépression dans les années 30 durant laquelle son inefficacité avait été décriée.
Retour en force du parti républicain
En novembre 1980, Reagan gagne le vote populaire à 50,75 % contre 41,02 % pour Carter. Le vote des grands électeurs est encore plus parlant, 489 votes pour le futur président contre 49 pour le président sortant. Une popularité qui perdure jusqu’à son deuxième mandat.
Reagan applique une politique en accord avec ses convictions personnelles : libertés individuelles, réformes économiques se mêlent aux valeurs et morales conservatrices américaines. C’est notamment pour cette raison qu’il parvient, contrairement à Jimmy Carter, à renouveler son mandat en 1984 contre Walter Mondale.
L’élection de Reagan en 1980 marque une période importante au sein du parti républicain puisqu’il lance la « révolution conservatrice ». Le parti s’ancre durablement à droite contre les républicains réformistes.