Chaque semaine, la rédaction vous résume l’actualité du cinéma. Festivals, cérémonies, tournages et autres événements, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant.
Le festival de Cannes présente sa sélection officielle et « informelle »
Thierry Frémaux et Pierre Lescure étaient présents ce mercredi 3 juin pour annoncer la sélection des films labélisés Cannes 2020. En effet, il était inconcevable d’annuler le festival cette année malgré l’impact de la crise sanitaire. Le festival cannois a voulu accompagner la sortie des films dès la réouverture des salles le 22 juin, affirmant que la reprise du secteur cinématographique était cruciale et urgente. Cannes sert donc « d’accompagnement » comme le souligne son délégué général, en « mettant leur nom sur la carte » et en échangeant davantage avec les autres festivals afin de booster la circulation des films destinés à sortir.
Parmi les 56 oeuvres annoncées, et en effaçant donc les compétitions traditionnelles (« Un certain regard » etc.), Thierry Frémaux distingue sa sélection en six catégories mêlant le genre cinématographique, la récurrence des cinéastes à gravir le tapis rouge et les nouveaux-nés. Parmi les habitués, sont très attendus Été 85 de François Ozon qui sortira en juillet, The French Dispatch de Wes Anderson qui fait déjà beaucoup parlé de lui, deux films : Mangrove et Lovers Rock de Steve McQueen qui se penche une nouvelle fois ur la communauté afro-américaine (sujet très bouillonnant et actuel). Deux films aborderont l’Algérie : celui de Maiwen, plus personnel et intime, ADN, et Des Hommes, plus historique sur la guerre d’Algérie de Lucas Belvaux.
Le groupe des « nouveaux venus » rassemble lui une diversité étonnante de sujets, passant des films sur la jeunesse avec Striding into the Wind de Wei Shujun sur la jeunesse chinoise, ou Souad de Ayten Amin sur la jeunesse égyptienne, mais aussi des sujets plus sensibles, tel que Limbo de Ben Charok sur les sans papiers. Le cinéma de genre sera aussi présent avec Teddy des frères Boukherma et la figure du loup-garou. Enfin un film plus biographique sur l’enfance de Fassbinder, Enfant terrible d’Oskar Roehler et d’autres contextes toujours sensibles mais cette fois-ci dans le domaine du sport avec Nadia Butterfly, de Pascal Plant et Slalom de Charlène Favier qui traite de l’emprise sexuelle dans le monde sportif.
Les premiers films sont très attendus aussi comme chaque année. Thierry Frémaux souligne la présence notoire des acteurs ayant pris la caméra et rappelle que lorsque cela se fait, c’est rarement pour réaliser quelque chose d’inaperçu. On notera donc Falling, le premier film de Viggo Mortensen, L’origine du monde de Laurent Lafitte, ou encore 16 printemps de Suzanne Lindon qualifié de « film de jeune femme » (à voir ce que cela signifie).
Finalement, les autres catégories se partagent la comédie, trois documentaires reliant le Congo, l’Italie et l’Iraq, cinq comédies et quatre animé dont le Goro Miyazaki Aya to Majo et le dernier Pixar de Pete Docter, Soul. Si la présence des réalisatrices femmes reste très minoritaire (environ une dizaine sur la cinquantaine), la diversité géographique des films est une fois de plus très poussée, allant du cinéma coréen, au cinéma maghrébin, au cinéma plus nordique (danois et suédois), d’Europe de l’Est avec la Géorgie et la Bulgarie, mais aussi libanais, israélien, colombien et brésilien et pour finir majoritairement français.
Liste des films sélectionnés
Les habitués (déjà venus une fois en sélection officielle)
- The French Dispatch, de Wes Anderson
- Eté 85, de François Ozon
- Asa ga Kuru (True Mothers), de Naomi Kawase
- Lovers Rock, de Steve McQueen
- Mangrove, de Steve McQueen
- Druk (Another Round), de Thomas Vinterberg
- ADN (DNA), de Maïwenn
- Last Words, de Jonathan Nossiter
- Heaven : To The Land of Happiness,d’Im Sang-soo
- El olvido que seremos,de Fernando Trueba
- Peninsula, de Yeon Sang-ho
- In the Dusk (Au crépuscule), de Sharunas Bartas
- Des hommes, de Lucas Belvaux
- The Real Thing, de Koji Fukada
Les nouveaux venus
- Passion simple, de Danielle Arbid
- A Good Man, de Marie-Castille Mention-Schaar
- Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, d’Emmanuel Mouret
- Souad, d’Ayten Amin
- Limbo, de Ben Sharrock
- Rouge (Red Soil), de Farid Bentoumi
- Sweat,de Magnus von Horn
- Teddy, de Ludovic et Zoran Boukherma
- February (Février), de Kamen Kalev
- Ammonite,de Francis Lee
- Un médecin de nuit, d’Elie Wajeman
- Enfant terrible,d’Oskar Roehler
- Nadia (Butterfly), de Pascal Plante
- Here We Are,de Nir Bergman
- Septet : The Story of Hongkong,d’Ann Hui, Johnnie To, Tsui Hark, Sammo Hung, Yuen Woo-Ping, Patrick Tam et Ringo Lam
Les premiers films
- Falling, de Viggo Mortensen
- Pleasure, de Ninja Thyberg
- Slalom, de Charlène Favier
- Casa de antiguidades (Memory House),de Joao Paulo Miranda Maria
- Broken Keys (Fausse note), de Jimmy Keyrouz
- Ibrahim, de Samir Guesmi
- Beginning (Au commencement), de Dea Kulumbegashvili
- Gagarine,de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
- 16 printemps,de Suzanne Lindon
- Vaurien, de Peter Dourountzis
- Garçon chiffon,de Nicolas Maury
- Si le vent tombe (Should The Wind Fall), de Nora Martirosyan
- John and The Hole,de Pascual Sisto
- Striding into The Wind (Courir au gré du vent), de Wei Shujun
- The Death of Cinema and My Father Too (La Mort du cinéma et de mon père aussi), de Dani Rosenberg
Les documentaires
- En route pour le milliard (The Billion Road),de Dieudo Hamadi
- The Truffle Hunters, de Michael Dweck et Gregory Kershaw
- 9 jours à Raqqa,de Xavier de Lauzanne
Les comédies
- Antoinette dans les Cévennes, de Caroline Vignal
- Les Deux Alfred,de Bruno Podalydès
- Un triomphe (The Big Hit), d’Emmanuel Courcol
- L’Origine du monde, de Laurent Lafitte
- Le Discours, de Laurent Tirard
Les films d’animation
- Aya to Majo (Earwig and The Witch), de Goro Miyazaki
- Flee,de Jonas Poher Rasmussen
- Josep,d’Aurel
- Soul, de Pete Docter
Romane Segui
Été 85 pour Juillet
Sélectionné par Cannes 2020, Été 85, le prochain film de François Ozon a enfin dévoilé une courte bande-annonce. Le jeune Felix Lefebvre (L’Heure de la sortie) y apparait en tee-shirt sans manches, baladeur à cassettes dans les mains, devant un poster de Taxi Girl.
Après Grâce à Dieu, le cinéaste rembobine, direction les années 80, et les vacances d’été dans une station balnéaire normande où Alexis, 16 ans, va partir à la rencontre de David (Benjamin Voisin) mais surtout de lui-même. Melvil Poupaud et Valeria Bruni-Tedeschi font également partie du casting pour une nouvelle collaboration entre les deux acteurs et le cinéaste après Le Temps qui reste. La sortie est prévue pour le 14 juillet.
Diane Lestage
Your Name sur Netflix : la diversification du phénomène japonais
Après Hayao Miyazaki et Isao Takahata, c’est au tour de Makoto Shinkai d’être mis à l’honneur sur la plateforme de streaming. Depuis le 1er juin, son film à énorme succès, Kimi no na wa (traduit dans de nombreux pays par Your Name), est disponible sur Netflix. Rappelons-nous qu’à sa sortie, le film a rencontré un si grand succès dans son pays d’origine qu’il a grimpé jusqu’à la deuxième place du plus gros succès au box-office national, la première place, occupée par Le Voyage de Chihiro (Ghibli, Hayao Miyazaki), semblant encore hors d’atteinte.
Kimi no na wa nous plonge dans l’histoire de deux adolescents habitant deux mondes complètement différent, qui découvrent un jour la possibilité d’échanger leurs corps. Commence alors une épopée semi-fantastique, semi-romantique, afin de savoir jusqu’où ces mystérieux pouvoirs peuvent aller, et surtout pourquoi en ont-ils été dotés. Associant à un scénario prenant et original une technique artistique à couper le souffle, Makoto Shinkai signe un chef-d’œuvre de l’animation traditionnelle japonaise, qui a fait la quasi-unanimité auprès des critiques.
Plus tôt dans l’année 2020, il sort un deuxième long-métrage, intitulé Les Enfants du temps. Ce dernier, bien que bénéficiant du même talent artistique que son prédécesseur, reçoit un accueil mitigé, certains déplorant un manque de compréhension et d’originalité dans l’histoire, laquelle présente diverses similitudes avec Kimi no na wa. En ce qui nous concerne, il est surtout important de savoir que le film qui a fait verser des larmes d’émerveillement à un pays entier, et bien au-delà, est désormais à découvrir (ou à redécouvrir !) sur Netflix.
Giulia Lisi
On ira tou.te.s au cinéma
Alors que les drive in et autres salles virtuelles ont fleuri ici et là, la réouverture des salles de cinéma est annoncée pour le 22 juin prochain. Ce sera l’occasion de découvrir de nouveaux films, après un chaos généralisé qui a totalement mis à mal l’ensemble du secteur, allant de l’annulation des festivals à la perturbation de la chronologie des médias (comme dans les cas de Pinocchio et de Forte, privés de sortie en salles et directement diffusés sur Amazon Prime). Nous pourrons ainsi voir à cette date La Bonne Épouse, Un Fils, Une Sirène À Paris, La Communion ou encore De Gaulle, des films qui avaient fait leur apparition sur grand écran quelques jours avant le confinement et n’avaient pu pleinement amortir leur sortie en salles. En ce qui concerne les nouveautés il y aura le très attendu L’Ombre de Staline, drame historique présenté à la Berlinale 2019, Filles de joie, ou Trois Étés de la réalisatrice brésilienne Sandra Kogut. Concernant les classiques ce sera l’occasion de (re)découvrir sur grand écran Elephant Man (1981) de David Lynch (alors que Blue Velvet avait été également repris juste avant la fermeture des salles), et Les Lèvres Rouges (1981) avec Delphine Seyrig.
En parallèle la Cinémathèque de Paris a également annoncé sa réouverture, mais cette fois-ci pour le 15 juillet, l’institution sera ouverte tout le mois d’août pour les séances de cinéma dans la salle Henri Langlois et ce deux fois par jour. Elle proposera également enfin l’exposition consacrée à Louis de Funès, qui aurait du commencer le 1er avril, avant de reprendre une activité “normale” au mois de septembre.
Caroline Fauvel