MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – En quête de sens

Toutes les deux semaines, la rédaction vous propose un tour d’horizon des albums et EP qui font l’actualité musicale.

Ricky Hollywood – Le sens du sens

Show atmosphérique, musique organique, rythme dansant. Ricky Hollywood nous propose avec Le sens du sens un bel objet pop fait d’une variété française impeccable. Dans un style à mi-chemin entre la folie douce de Katerine et la frénésie élancée de Moodoïd, sa musique délicate vient disséquer les maux de l’amour et de la vie. Appréciant les voix féminines qui viennent appuyer l’ésotérisme de ses mots, Ricky Hollywood convie Halo Maud et Juliette Armanet, sur les magnifiques La guerre Sybil et Single. Le sens du sens nous accorde une pause poétique tangible, amoureuse et éphémère, en symbiose avec son temps.

Coups de coeur : Single, Tu verras

Sortie le 10 avril

Caroline Fauvel

Fiona Apple – Fetch the Bolt Cutters

Huit ans après son dernier opus The Idler Wheel (titre completpour les plus téméraires : TheIdler Wheel Is Wiser Than The Driver Of The Screw And Whipping Cords Will Serve You More Than Ropes Will Ever Do), Fiona Apple est de retour avec Fetch The Bolt Cutters. Les fans de son univers quelque peu décalé se retrouveront dans cet album, fidèle au son si particulier mêlant pop et jazz de l’Américaine. La pianiste délaisse néanmoins son instrument favori au profit de percussions omniprésentes après le premier titre I Want You To Love Me, qui rappelle la musique de sa compatriote Regina Spektor et parlera aux amateurs de ses précédents albums. Fetch the Bolt Cutters n’est pas pour tout le monde ; Fiona Apple y utilise souvent sa voix comme une autre percussion, martelant ses paroles parfois acerbes comme on frappe sur un tambour. C’est un album aggressif et incisif, où l’auteure-compositrice-interprète règle ses comptes et ne mâche pas ses paroles. Ses morceaux les plus doux, comme Ladies et Cosmonauts, offrent des pauses mélodieuses aux accents soul et donnent un équilibre à ce disque si rythmé. Ce cinquième album très attendu est un retour réussi pour la new-yorkaise. Ça valait le coup d’attendre.

Coups de coeur : Cosmonauts, Newspaperet, I Want You To Love Me

Sortie le 17 avril

Louise Taillandier

Dvsn – A Muse In Her Feelings

Dvsn revient trois ans après nous avoir laissé sur cette perle auditive qu’est Morning After. Le duo canadien signé chez OVO revient cette année avec A Muse In Her Feelings et entouré, en partie, de la crème de la scène R&n’B actuelle : Snoh Aalegra, PARTYNEXTDOOR, Ty Dolla Sign, Summer Walker pour ne citer qu’eux. L’extrême douceur qui dégage de cet album est tout aussi grande que la douleur qui en découle. Exutoire de différents sentiments prisonniers. Daniel Daley chante son amour, sa peine, sa solitude et se livre de manière transparente. Une femme comme fil conducteur de l’album dont il n’arrive pas à se détacher. Le duo qui s’était fait connaître sur le morceau Faithful de Drake, nous offre un album de 16 morceaux à la fois morose et mielleux.

Coup de coeur : A Muse, Flawless Do It Well Pt.3 (ft. Summer Walker), Greedy

Sortie le 17 avril

Isaac Daim

Molecule – Music for Containment (Compilation)

Connu pour ses compositions confinées, produites dans l’isolement le plus total, Romain Delahaye, ou Molecule a élaboré un projet tout à fait singulier avec Music For Containment. Il convie ici pas moins de 33 artistes, allant de Flavien Berger (qui livre au passage avec mam un morceau fleuve de pas moins de 29 minutes) à Rebeakka Warrior, d’Arthur H à You Man. Le résultat est un ensemble ambient très cohérent et fin, semblant suspendu dans le temps et dans l’espace, retranscrivant sans ménagement les émois de chacun.e. L’espoir, le doute, l’après, l’instant. Une setlist magnifique qui incite à l’apaisement le plus total. Le bénéfices des ce projet esthétique et limpide seront tous reversés à la fondation de France.

Coup de coeur : Un océan de Nosfell, mam de Flavien Berger

Sortie le 8 avril

Caroline Fauvel

Parcels – Iknowhowifeel, Live Vol. 1 (EP)

Alors que le groupe a dévoilé quelques tutos express autour des instruments d’Iknowhowifeel via sa chaîne YouTube ces dernières semaines, il nous livre un bref EP live enregistré aux mythiques Hansa Studios de Berlin, leur ville d’adoption. On y trouve Iknowhowifeel, piste issue de leur dernier album, mais surtout deux titres instrumentaux avec l’électrisant et ambitieux Redline basé sur le rythme d’Iknowifeel, et Elude qui vient reprendre discrètement les traits et contours de Hideout, l’un des morceaux phares de leur premier EP sorti en 2017. Un premier volume de lives conçu comme une continuité, comme un seul et même morceau, maitrisé et remanié, un premier volume qui semble en annoncer bien d’autres.

Coup de coeur : Elude

Sortie le 16 avril

Caroline Fauvel

Crystal Murray – I Was Wrong (EP)

Il y a de ces artistes qu’on écoute pour la première fois qui nous font immédiatement songer à cette fameuse american vibes qu’on ne saurait décrire mais qui dessine un univers fantasmé dont on peine à se détacher. C’est un peu ce qui s’est passé lorsqu’on a découvert Crystal Murray avec son single After Ten courant 2019. La jeune chanteuse fille, d’un père jazzman afro-américain et d’une mère franco-espagnole âgée d’à peine 18 ans s’était d’abord fait remarquer dans le milieu de la mode en créant avec trois amies le Gucci Gang. Une voix soul éraillée et un nom de scène de diva ont suffit à nous séduire. Signée chez Because, la princesse soul dévoile son premier essai I Was Wrong, une carte de visite pour nous montrer ce qu’elle a dans le ventre et dans la voix. Un EP où l’artiste emmêle les genres qui l’ont bercé depuis toujours à savoir la soul et le jazz et des sonorités plus modernes électroniques et R&’nB. Cinq titres tantôt dansants (Easy Like Before, Diamond Man), tantôt calmes (August Knows) d’où émanent une certaine sensualité qui ne vous laissera pas indemne.

Coups de coeur : Easy Like Before, Princess, August Knows

Sortie le 15 avril

Pauline Pitrou

Lësterr – The World Sucks (EP)

A cette époque où la pop naïve et joyeuse envahit le monde de la musique, il fait toujours bon de retrouver des artistes comme Lësterr plus sombres et torturés qui nous remémorent notre période émo du lycée qui, au fond, ne nous a jamais vraiment quitté. Celui qu’on avait découvert avec Sadness Lessons en novembre dernier revient danser sur les tombes du monde avec un trois titres très explicite intitulé The World Sucks. Rien n’a changé, tout est toujours aussi triste et morose dans la chambre musicale du producteur/ DJ signé chez Bordel Record (Scratch Massive, Mathilde Fernandez). Continuant son épopée gothique en puisant dans son journal intime sonore où l’on croise aussi bien Marylin Manson que T.a.T.u, Lestërr cultive la nostalgie adolescente des années 2000 comme personne et nous offre en prime un clip fluorescent et macabre réalisé par ses soins. Un univers qui plaira aux âmes gothiques qui se sentiront sans doute moins seules face à la médiocrité du monde.

Coups de coeur : The World Sucks

Sortie le 17 avril

Pauline Pitrou


Retrouvez aussi nos chroniques longues du nouvel album des Strokes, The New Abnormal et de Earth, dernier disque de Ed O’Brien.

Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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